Chez les personnes qui souffrent de solitude, la frontière entre leurs vrais amis et leurs personnages de fiction préférés se brouille dans la zone du cerveau qui s’active lorsqu’on pense aux autres, révèle une étude publiée le 15 août 2023 dans la revue scientifique Cerebral Cortex. Les chercheurs ont scanné les cerveaux de personnes fans de la série à succès Game of Thrones pendant qu’ils pensaient aux personnages du feuilleton, mais aussi pendant qu’ils pensaient à leurs amis. Chaque participant avait au préalable été soumis à un test pour mesurer son niveau de solitude.
Solitude : une confusion entre le réel et le fictif
La différence entre les participants qui avaient les scores les plus importants sur cette échelle de solitude et ceux qui avaient les scores les plus faibles est frappante, d’après l’un des auteurs de l’étude, le professeur de psychologie Dylan Wagner. “Il y avait des frontières bien établies dans le cerveau entre les endroits où les personnages fictifs et les vraies personnes sont représentés chez les personnes qui souffraient le moins de solitude”, indique le professeur Wagner. “À l’inverse, ces frontières entre les vraies personnes et certains personnages de fiction étaient presque inexistantes chez les personnes qui souffraient le plus de solitude”, précise-t-il.
Les résultats de l’étude publiée dans la revue Cerebral Cortex suggèrent donc que les personnes les plus seules au quotidien pourraient penser à leurs personnages préférés de la même manière qu’à de vrais amis. Pour arriver à ces conclusions, les chercheurs ont collecté des données en 2017 pendant la diffusion de la septième saison de la série de HBO Game of Thrones. Ils ont recruté 19 personnes qui se décrivaient elles-mêmes comme des fans de la série et scanné leur cerveau pendant qu’elles pensaient à elles-mêmes, neuf de leurs amis et neuf personnages de la série.
Solitude : elle pourrait s’analyser dans les mouvements du cerveau
Plus précisément, les volontaires ont passé une IRM appelée “imagerie fonctionnelle”. Comme l’explique la Fondation pour la recherche médicale : “L’imagerie fonctionnelle rend compte de l’activité des zones cérébrales durant certaines tâches (parole, mouvement, etc.). Elle est autant utilisée en recherche fondamentale qu’en clinique, pour identifier des foyers épileptiques (réseaux de neurones à l’origine des crises d’épilepsie) ou pour repérer des zones du cerveau devant être épargnées lors d’une opération chirurgicale.”
Les chercheurs se sont particulièrement intéressés aux mouvements dans la zone du cerveau appelée “cortex préfrontal interne”.
Solitude : on chercherait des amis dans les séries comme Game of Thrones
“Le cortex préfrontal est la partie antérieure du cortex du lobe frontal du cerveau, située en avant des régions prémotrices. Cette région est le siège de différentes fonctions cognitives dites supérieures (notamment le langage, la mémoire de travail, le raisonnement, et plus généralement les fonctions exécutives). C'est aussi la région du goût et de l'odorat” (Wikipédia).
Les conclusions des chercheurs suggèrent que les personnes très seules pourraient chercher dans les personnages de fiction un sens d’appartenance qui manque à leur vie personnelle. Et cette quête de sens peut se voir dans le cerveau.
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