Cancer du sein : comment bien vivre sa sexualité malgré la maladie

Cancer du sein : comment la maladie affecte la santé sexuelle des femmes

Contrairement à certaines idées reçues, l’activité sexuelle des femmes atteintes d’un cancer du sein n'est pas interrompue pas pendant la maladie. « Elle est modifiée, transformée, il y un impact, mais il n’y a pas un arrêt et une reprise » précise la docteure Valérie Laurence.

L’impact du cancer du sein et de ses traitements sur la vie sexuelle des femmes est différent selon les patientes. Cela dépend de leur parcours de soin, de leur âge, de leur vie sexuelle antérieure, de leur vécu du traitement comme l’explique Valérie Laurence : « Il peut y avoir des impacts sur la vie sexuelle très importants avec un traitement qui nous semble, d’un point de vue médical, « léger », comme une tumorectomie additionnée à de l’hormonothérapie. Et par ailleurs, la vie sexuelle des femmes peut rester satisfaisante bien que différente avec un traitement plus lourd comme la chimiothérapie ou la mastectomie. »

De multiples facettes de la vie sexuelle des femmes atteintes d’un cancer du sein peuvent être impactées comme détaillé par Silène Delorme : « Cela peut être sur le couple s’il y a un couple, sur les relations interpersonnelles, les relations avec de potentiels partenaires. Il peut y avoir un impact sur le corps avec des manifestations physiques comme une sécheresse cutanée au niveau des muqueuses, des douleurs. La santé mentale peut aussi être affectée en se caractérisant par des troubles de l’envie, des moments où l’on ne sent pas attirante… »

Cancer du sein et sexualité : l’information est essentielle

En oncologie, un tier des patients n’a pas de retentissement sur sa vie sexuelle. La moitié des patientes ayant eu un cancer du sein, dans les 2 à 5 ans suivant la maladie, décrivent une baisse de libido, de la fréquence des rapports sexuels et de la capacité à avoir un orgasme. Alors, l’accompagnement de l’équipe médicale est d’autant plus essentiel.

Le rôle de l’équipe médicale porte sur plusieurs niveaux, à commencer par l’information des patientes déclare la docteure : « Il faut que les patientes soient au courant qu’il peut y avoir un impact dans leur vie intime et sexuelle et qu’il y aura des solutions à leur proposer. Il est important d’avoir connaissance de ces potentielles modifications afin de pouvoir les affronter. »

Si les patientes ont besoin d’être accompagnées, l’équipe médicale propose ensuite une consultation d’onco-sexologie qui peut, à l’Institut Curie, être dispensée soit par un.e infirmière, soit par un.e médecin ou un.e psychologue. « Ici, notre travail sera d’évaluer le retentissement et la plainte de la patiente qui n’est pas forcément sa demande, cette demande peut être cachée par la plainte. La plupart des traitements contre le cancer peuvent provoquer de la fatigue et les patient.e.s.es ne font pas nécessairement le lien direct avec la sexualité. Notre rôle est d’aiguiller les patientes. On peut également les conseiller sur des lectures ou des actions à mettre en place » expliquent les deux femmes.

La docteure tient à préciser que ce n’est pas parce que la patiente n’est pas en couple que la sexualité n’est pas importante.

Cancer du sein et sexualité : quelles solutions peuvent être proposées aux patientes ?

Parmi les conséquences que peuvent avoir la maladie et les traitements, on peut noter la présence de sécheresse vaginales, souvent récurrentes. La solution dans ce cas, d’après les spécialistes, est d’utiliser des produits lubrifiants lors des rapports sexuels. L’utilisation de produits hydratants vulvo-vaginaux, bien utilisés, est aussi recommandée. Le laser et la photobiomodulation sont en cours d’évaluation pour traiter la sécheresse vaginale.

La sécheresse peut avoir un impact plus important et entraîner des douleurs au moment des rapports qui peuvent se caractériser par des contractures, des brûlures ou des sensations de picotements. Un travail de relaxation du périnée avec un.e kinésithérapeute qualifié.e peut être très productif d’après la docteure.

« Sur l’aspect psycho-sexo, la communication dans le couple est importante. Il ne faut pas que la patiente hésite à dire si elle est fatiguée, si elle ressent des douleurs articulaires. Dans ce cas, les positions peuvent être adaptées. Il est également important de ne pas se focaliser sur la pénétration à tout prix. La communication, qu’elle soit verbale ou non verbale, est extrêmement importante » détaille Valérie Laurence.

L’activité physique est recommandée également.

« La vie sexuelle des femmes pendant un cancer du sein peut être fluctuante, prendre d’autres formes, et cela peut, par des moyens d’action, revenir à des choses confortables, décidées en couple ou par la personne elle-même. Tout cela est adaptable » conclut Silène Delorme.