Dating après 50 ans : “J’ai redécouvert ma sexualité”Adobe Stock
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Iza a vécu 22 ans de couple “tradi”, comme elle aime le dire, avec le père de son fils. Nathalie, quant à elle, ne s’est jamais mariée, mais elle a eu 2 enfants issus d’une longue relation, terminée en 2011. La première a 53 ans, la seconde 66. Beaucoup de choses les opposent - leur métier, leurs centres d’intérêts, leurs attentes en termes de relations - mais elles ont un point commun majeur : elles cherchent l’amour après 50 ans. Elles ont accepté d’en parler pour Medisite, loin des clichés souvent misogynes de la “MILF” ou de la “cougar”.

Rencontres : “Je m'aperçois que ça va très vite et qu’il y a de nouveaux codes”

“Quand je me suis retrouvée célibataire, j’étais persuadée qu'il fallait aimer pour faire l’amour. Il m'a fallu un petit peu de temps pour comprendre qu'on pouvait complètement dissocier les 2. Je suis arrivée sur le monde du dating assez rapidement après ma rupture, histoire de redorer mon ego”, se souvient Iza, responsable marketing. C’est grâce à un homme en particulier, plus patient que les autres, qu’elle apprend à se débarrasser de ses inhibitions. Alors elle enchaîne les rencontres via des applications. “Je m'aperçois que ça va très vite et qu’il y a de nouveaux codes. Quand je draguais avant, c'était en boîte de nuit.”

Mais la situation lui plaît plutôt, et pour cause : Iza en était arrivée à oublier qu’elle pouvait plaire. Sur Tinder, non seulement la rencontre est simple pour elle, mais en plus, elle plaît à des hommes de 20 ans de moins. “Je ne m’étais jamais autorisée à penser à ça à cause du poids de la société et de mon éducation, de ce qu'on s'inflige en tant que femme. Des mecs m’ont fait découvrir des choses que je ne connaissais pas, on a pu communiquer. Je suis devenue ce qu'on appelle une MILF”, s’amuse la Parisienne.

Nathalie, de son côté, a rencontré plusieurs hommes sur les réseaux sociaux. À la base, pourtant, elle ne cherchait pas de relation amoureuse : “J’étais très occupée par mon travail et par le militantisme. J'ai été prise par la catastrophe nucléaire de Fukushima, puis je me suis intéressée à la Syrie et aux révolutions arabes. Entre mon boulot et l'occupation politique, j’ai connu quelques moments d'amour.” Elle le répète : Nathalie n’a jamais cherché à rencontrer qui que ce soit. C’est au cours des discussions, de fil en aiguille, en cherchant comment aider ces personnes de l’autre côté du globe, qu’elle est tombée amoureuse pour la première fois après sa séparation de 2011.

“C'était d'abord un amour à distance, une belle histoire de plusieurs mois, mais je crois que j'étais plus amoureuse que lui. Je n'ai jamais été aussi amoureuse de ma vie, mais peut-être que l'amour était aussi porté par le contexte. C’était totalement passionné, c'était assez extraordinaire” se remémore-t-elle. Nathalie et l’homme en question, un Syrien engagé contre le régime dictatorial de son pays, se voient plusieurs fois et se parlent tous les jours. “Ce n’est pas vrai que le virtuel reste du virtuel. Il a des conséquences sentimentales, on s'en mord les doigts aussi, parfois”, assure Nathalie.

Après lui, elle rencontre d’autres hommes, mais rien qui ne dure bien longtemps. Et puis elle s’inscrit sur Meetic. Nathalie doit apprendre, comme Iza, à composer avec des codes nouveaux, souvent absurdes. “J’ai beaucoup de likes, mais aucune réponse à mes messages. Je ne sais pas si c'est toujours tabou que les femmes fassent le premier pas ou écrivent aux hommes…” se demande l’ancienne professeure.

Applications : les jeunes semblent très, très intéressés

Point commun avec Iza : les jeunes semblent très, très intéressés. “Je n'en reviens pas, des jeunes de 25 ans ! Mon fils en a 24 ! Je trouverais ça incroyable qu'il puisse s'intéresser à quelqu'un de 66 ans. À ce point-là, c'est le grand écart. J'aurais l'impression d'un inceste, je trouve ça horrible. Une différence d'âge de 10 ans, 15 ans, 20 ans, je veux bien, mais là…”

Et puis, Nathalie ne trouve pas ça flatteur, bien au contraire. “Niveau amour, je trouve que c'est gênant. Ça donne l'impression d'être plus vieille. Contrairement à ce que j'ai pu entendre, je trouve que ça ne rajeunit pas du tout. Ça fait ressortir l'âge et ça donne des complexes, on sent qu'on a vieilli. Quand bien même ce n’est pas le cas psychologiquement, mentalement ou moralement.”

“Je me suis rendu compte que j'adore le sexe”

Pour Iza, l’effet est presque contraire. Grâce aux applications et aux jeunes hommes qu’elle rencontre, elle se sent encore plus attirante, plus libérée et plus à l’aise qu’à ses 20 ou 30 ans. “J'enchaîne les hommes mariés comme les hommes seuls, qui m'ouvrent à des pratiques. De fil en aiguille, j’ai redécouvert ma sexualité et je me suis rendu compte que j'adore le sexe. C’est une chose que je ne m'étais jamais autorisée à penser.”

Depuis sa rupture de 2019, son rapport à son propre corps a totalement changé, et sa personnalité a évolué en même temps que sa sexualité. “J'étais quelqu'un d'extrêmement introverti, mais maintenant, je sais ce que je veux. Je n'ai jamais la boule au ventre en allant à un rendez-vous.”

Dating : assumer son cancer

D’autant que la responsable marketing doit vivre une nouvelle épreuve à mesure qu’elle apprivoise ses désirs. “J'ai eu un cancer puissant l'année dernière. Tout d'un coup, je comprenais que j’allais perdre mes attributs féminins. Ma séduction passait aussi par mes cheveux longs, je les trouvais absolument magnifiques. Tout ça allait être foutu en l'air. Pourtant, j'ai traversé le cancer en continuant le dating. J’ai réalisé que je pouvais être belle avec le crâne rasé. Même 1000 fois plus sexy !”

Iza rencontre même un homme qui l’initie aux milieux libertins. “On est devenu sex friends et petit à petit, il m'a confié qu'il avait libertiné avec son ex-femme. Il m’a raconté comment il organisait les choses, comment il le sentait. Petit à petit, il m'a appris comment faire. J'étais en totale confiance dans ses bras. Il m'a fait découvrir les trios, puis on est allés en club.”

“Quand on vieillit, on se dit que c'est un peu la dernière ligne droite”

Aujourd’hui, même si elles ne ressentent aucune pression sociale et ont une vie bien remplie, Iza comme Nathalie aimeraient, dans l’idéal, retrouver l’amour. “J'en ai un petit peu marre de ma solitude. Par ailleurs, quand on vieillit, on se dit que c'est un peu la dernière ligne droite. Même si je ne me sens pas vieille !” Même son de cloches chez Iza. “Les 5 à 7, ça va 2 minutes. Il y a un temps pour tout. Ça fait bientôt 4 ans que je suis célibataire et j'adorerais me remettre avec quelqu'un. Toutefois, je ne le ferai jamais à bas coût. Ma liberté est précieuse.”

Problème : pour l’une comme pour l’autre, le dating via des applications ou des sites de rencontre ne fonctionne pas vraiment. “J’en ai rencontré un qui n’est pas trop mal, mais c'est pas une grande grande relation”, constate Nathalie. “Je suis tombée amoureuse d'un mec il y a un an et demi. Il m’a dit : “Mais enfin, on s'est rencontrés sur Tinder. Tu n'attends quand même rien de cette application ?” Ça m'a vraiment choquée parce que si on s’était rencontrés dans un bar, ce serait possible”, tempête Iza.

“Il faut des c******* pour assumer sa sexualité et dire : “Je suis cancéreuse !””

En attendant, la sexy quinqua, en rémission de son cancer, est plus libre et mieux dans sa peau que jamais. “J’adore mettre les mecs face à leurs contradictions. Et je me trouve belle. Il faut des c******** pour assumer sa sexualité et dire : “Je suis cancéreuse !”” Nathalie, pour sa part, continue à chercher la passion dans l’amour et l’engagement politique. “À partir du moment où je suis amoureuse, je suis exaltée. Tout se dilate, c'est génial. Je n'ai jamais pris de drogue, mais je pense que ça doit être similaire ! Je ne suis pas croyante, mais il y a là-dedans quelque chose qui se rapproche d'une spiritualité très grande. Je pense même que, quand je suis très amoureuse, je peux sentir la personne à distance.” Dans tous les cas, comme Iza, elle ne reverra pas ses exigences à la baisse à cause de son âge. Hors de question de se réveiller un matin “en face d'un tableau de Jérôme Bosch”. C’est dit.

mots-clés : Sexualité, rencontres
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