Ses effets sur les marées sont identifiés par la communauté scientifique mais sur la mauvaise humeur cela reste à prouver. Pourtant elle reste un objet de fascination depuis la nuit des temps. Au moyen-âge, les habitants la soupçonnaient de perturber les esprits. Des questions encore en suspens dont la science n’a pas vraiment de réponse.
Pourtant, ce n’est pas faute d’avoir étudié la question. En 2013, une équipe de chercheurs de l’université de Bâle en Suisse s’est intéressée à ce mystère. Lors d’une étude, ils ont constaté que dans les quatre jours qui précédaient ou qui suivaient une pleine lune, les participants perdaient vingt minutes de sommeil. Les scientifiques constatent également une phase de sommeil profond réduite de 30 % ainsi qu’un temps plus long de 20 minutes pour trouver le sommeil.
"Sous son influence, les gens devenaient nerveux, agressifs, pour le moins étranges ; la déraison s’emparait d’eux, la sueur perlait sur leurs visages, leur attitude inquiétait leur entourage. Très vite, on associa la Lune à la folie"
Ils incriminent la baisse de mélatonine, l’hormone du sommeil dans le sang pour expliquer ce phénomène. "Les rythmes lunaires ont des influences aussi bien sur ce qui est visible, l’éclairement et aussi sur les conditions atmosphériques et la météo", explique à Ouest France le Dr Didier Cugy, médecin du sommeil à Bordeaux et membre de l’Institut national du sommeil et de la vigilance. Pour ce spécialiste du sommeil, la lune influence le sommeil.
Brigitte Bulard-Cordeaux, autrice de l'ouvrage "Le petit livre de la lune" parue aux éditions Chêne, explique au média 20 minutes, qu’au moyen-âge, la Lune était soupçonnée de perturber les esprits. "Sous son influence, les gens devenaient nerveux, agressifs, pour le moins étranges ; la déraison s’emparait d’eux, la sueur perlait sur leurs visages, leur attitude inquiétait leur entourage. Très vite, on associa la Lune à la folie. C’est elle qui terrifiait les malades, transformait les ombres en démons. On ignorait que du point de vue scientifique et médical, ces gens fébriles étaient victimes de crises d’épilepsie", précise-t-elle.
Cependant des chercheurs de l’université de Laval au Canada contredisent cette théorie dans une étude publiée en 2013. Geneviève Belleville, professeure à l’École de psychologie, et ses collaborateurs ont examiné la relation entre les phases lunaires et le nombre de patients qui se présentent aux urgences des hôpitaux en proie à des perturbations psychologiques.
Comparaison du nombre d’admission en psychiatrie et du calendrier lunaire
Les scientifiques ont recueilli des données de patients des urgences de l’hôpital Sacré-Coeur de Montréal et de l’Hôtel-Dieu de Lévis entre mars 2005 et avril 2008 afin de déterminer si la croyance populaire liant la Lune et les problèmes de santé mentale était fondée. Ils ont sélectionné le motif de consultation suivant : la douleur thoracique pour laquelle aucune cause médicale n’a pu être établie.
Un test psychologique fourni aux 771 patients à permis d’établir qu’une grande partie d'entre eux souffraient d’attaques de panique, d’anxiété, de troubles de l’humeur ou d’idées suicidaires.
Ils ont ensuite comparé à l’aide de calendriers lunaires, les visites et les jours de pleines lunes. Les résultats de leurs analyses, publiés dans le magazine General Hospital Psychiatry, ne révèlent aucun lien entre l’incidence des problèmes psychologiques et les quatre phases lunaires.
Une croyance populaire infondée
Ils notent cependant une baisse de 32 % des troubles anxieux pendant le dernier quartier de lune. "C’est peut-être dû au hasard ou à des facteurs que nous n’avons pas mesurés, avance Geneviève Belleville. Chose certaine, nous n’avons pas observé d’effet de la pleine lune ou de la nouvelle lune sur les troubles psychologiques", précise-t-elle dans un communiqué.
La conclusion de cette étude va à l’encontre des croyances d’une bonne partie de la population, mais aussi avec celles de 80% des infirmières et de 64% des médecins qui sont convaincus que le cycle lunaire affecte la santé mentale des patients. “Nous espérons que nos résultats inciteront les professionnels de la santé à mettre cette idée de côté, dit la chercheuse. Sinon, cette croyance risque de teinter leur jugement pendant la pleine lune et de les entraîner à être moins à l’affût des problèmes psychologiques pendant le reste du mois”.
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