Syndrome dépressif après un infarctus : les bêtabloquants pointés du doigts Image d'illustrationIstock
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Quand on pense aux effets secondaires d’un médicament, on imagine des troubles digestifs, mais rarement un syndrome dépressif. Pourtant, une étude publiée dans le magazine European Heart Journal le 3 octobre suggère que les bêtabloquants pourraient augmenter les symptômes de dépression chez les patients ayant subi un infarctus du myocarde, dont le fonctionnement du ventricule gauche du cœur est préservé.

L’étude, qui s’est déroulée d'août 2018 à juin 2023 et a été menée par 45 centres en Estonie, en Suède et en Nouvelle-Zélande. Les chercheurs ont collecté les données de 806 participants sur les niveaux d’anxiété et de dépression à trois moments différents après l’infarctus du myocarde : juste après l’hospitalisation, 6 à 10 semaines plus tard, et 12 à 14 mois après. Les participants ont été divisés en deux groupes : l’un recevant un bétabloquant, et l’autre sans traitement.

"Nous avons constaté que les médicaments entraînaient des symptômes de dépression légèrement plus élevés chez les patients ayant subi un infarctus du myocarde et dont la fonction du ventricule gauche était préservée"

Pour évaluer les symptômes de dépression, les chercheurs ont utilisé une échelle d’évaluation nommée Hospital Anxiety and Depression Scale. Au début de l’étude, 27 % des patients étaient des cas possibles d'anxiété et 14 % des cas possibles de dépression. "Nous avons constaté que les médicaments entraînaient des symptômes de dépression légèrement plus élevés chez les patients ayant subi un infarctus du myocarde et dont la fonction du ventricule gauche était préservée", a déclaré le Dr Philip Leissner, doctorant en psychologie cardiaque et principal auteur de l'étude.

Prendre en compte la santé mentale après une prise de bêtabloquants

L'effet observé était plus prononcé chez les personnes ayant déjà reçu un traitement par bêtabloquant. "Lors de l'instauration et de la poursuite d'un traitement de routine par bêtabloquant, il convient de prendre en compte le risque d'une légère augmentation des symptômes dépressifs", précisent les auteurs de l’étude.

Les bêtabloquants sont des traitements essentiels dans la prévention des effets secondaires consécutifs à un infarctus du myocarde. Ils réduisent la charge de travail imposée au cœur et préviennent l’insuffisance cardiaque. Certains permettent au cœur de se renforcer et de se protéger du stress. I ls empêchent l’action des hormones telles que l'adrénaline et la noradrénaline sur le cœur. La fréquence cardiaque et la tension artérielle sont alors ralenties.

Une étude qui nécessite plus de recherche

Parmi les 806 participants, 77 % étaient des hommes d’un âge moyen de 64,7 ans, plus fréquemment des fumeurs. Sur la totalité des participants, seuls 657 ont terminé le suivi jusqu’à la fin de l’étude.

Les participants ayant quitté le suivi avant son terme avaient tendance à être plus jeunes, à souffrir plus souvent de diabète, à avoir un niveau d'éducation inférieur, à fumer, à prendre des médicaments psychotropes, à être moins actifs physiquement et à rapporter des niveaux d'anxiété et de dépression plus élevés au début.

Les chercheurs rapportent cependant c ertaines limitations à leur étude. "Cet échantillon de patients atteints d'infarctus du myocarde, dont la fraction d'éjection du ventricule gauche est préservée et qui ne présentent pas de contre-indications aux bêtabloquants, est probablement en meilleure santé et semble moins déprimé que le patient typique ayant subi un infarctus", soulignent-ils. Les auteurs suggèrent que d'autres travaux de recherche sont nécessaires pour obtenir des preuves concluantes.

Les symptômes à surveiller

En attendant d’avoir plus de recul sur l’effet des bêtabloquants sur le syndrome dépressif, il est conseillé d’informer votre médecin en cas de changement d’humeur. Un épisode dépressif se caractérise par l’apparition d’une humeur maussade, un sentiment de vide ou d’irritabilité, ainsi que l’incapacité d’éprouver du plaisir.

D’autres symptômes peuvent également apparaître :

  • difficultés de concentration
  • troubles du sommeil
  • perte d'appétit
  • fatigue intense
  • perte d'énergie
  • sentiments de culpabilité
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