Les abeilles ne sont pas les seules à produire du miel : certaines fourmis peuvent également sécréter cette substance comestible. C’est le cas des fourmis pot-de-miel, ou fourmis à miel, aussi appelées fourmis mellifères. On peut trouver ces insectes dans les régions semi-désertiques d'Australie, en Afrique et en Amérique du Nord. Depuis des siècles, les Aborigènes d’Australie utilisent le miel produit par ces fourmis pour soigner des maux de gorge ou des rhumes.
Des fourmis à l’abdomen gorgé de miellat
Comment ces fourmis produisent-elles du miel ? Cette substance est en réalité du miellat, un liquide produit à partir de la sève des plantes. Chez ces fourmis, les ouvrières restent accrochées au “plafond” des galeries, l’abdomen gorgé de miellat. Elles servent ainsi de réservoirs pour les autres fourmis de la colonie et leur fournissent du miellat lorsque la nourriture se fait rare. En Australie, les Aborigènes repèrent les nids et récupèrent le miellat.
Danny Ulrich, spécialiste de la culture aborigène, explique dans un communiqué de presse que le miel de fourmi n’est pas qu’un aliment : aller en chercher est une façon de faire une activité en famille et de célébrer un certain mode de vie.
Pour la première fois, une étude scientifique vient apporter des preuves que cette technique ancestrale fonctionne. Celle-ci a été publiée dans la revue PeerJ le 26 juillet 2023. Les chercheurs ont ainsi découvert que le miel de fourmi possédait des propriétés antimicrobiennes efficaces contre les bactéries et les champignons. Ils ont par ailleurs confirmé que son mécanisme différait de celui du miel de Manuka, célèbre pour ses propriétés antibactériennes.
Miel de fourmi : il protège de plusieurs champignons
“Notre étude montre que le miel de fourmi a un effet qui diffère de celui des autres types de miel. Cette découverte signifie que le miel de fourmi pourrait contenir des composants aux propriétés anti-microbiennes. Les identifier pourrait constituer un point de départ afin de développer de nouveaux types d’antibiotiques”, a réagi la chercheuse en sciences environnementales Kenya Fernandes, l’une des autrices de l’étude.
Les chercheurs ont réalisé que le miel de fourmi est efficace contre le staphylocoque doré, une bactérie responsable d'intoxications alimentaires, d'infections localisées, et, dans les pires des cas, d'infections mortelles. De plus, le miel de fourmi a démontré son efficacité contre deux espèces de champignons, l’aspergillus et le cryptococcus neoformans, qu’on trouve dans certains sols et qui peuvent entraîner de graves infections chez les personnes dont le système immunitaire est faible.
“Cette étude démontre que le miel de fourmi a des propriétés antimicrobiennes uniques qui valident son utilisation thérapeutique par les peuples indigènes. S’emparer d’un remède modelé par des années d’évolution pour l’utiliser dans la nature puis l'appliquer à la santé humaine est une excellente façon de trouver de nouvelles stratégies thérapeutiques”, conclut la directrice de l’étude, la professeure Dee Carter, spécialiste des champignons pathogènes.
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