Les avancées prometteuses contre le cancer du poumon à petites cellulesImage d'illustrationIstock
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Il fait partie des meurtriers les plus étudiés de France. En 2023, le cancer du poumon a tué plus de 1,8 million de personnes à travers le monde. Chaque année, les scientifiques cherchent de nouvelles molécules capables de réduire son incidence et sa dangerosité. Cette année, au congrès européen du cancer du poumon, qui s’est tenu du 26 au 29 mars à Paris, les experts ont exposé les résultats d’un traitement ciblé contre les cancers EGFR métastatiques.

"Cette nouvelle thérapie permet une amélioration de la survie sans progression par rapport au traitement standard", annonce le Pr Nicolas Girard, investigateur de l'étude, chef du service d'oncologie médicale à l'Institut Curie et professeur d'oncologie thoracique et de médecine respiratoire à l'Université Paris-Saclay, lors du congrès.

Diminution de la taille de la tumeur dans 80 % des cas

Ces tumeurs spécifiques présentent un gène muté du nom d’EGFR. L’essai clinique MARIPOSA consiste à rendre inactif ce gène défaillant grâce à l'introduction de deux thérapies ciblées : l’amivantamab et le lazertinib. "La courbe de survie démontre que l'amivantamab associé au lazertinib peut aider les patients à vivre plus longtemps (48 mois contre 37 mois) par rapport à la monothérapie à base d'osimertinib, et suggère que ce bénéfice continue de croître avec le temps", a déclaré, lors d’une conférence de presse, le professeur Nicolas Girard.

Un autre chiffre très encourageant : une diminution de la taille de la tumeur dans 80 % des cas. "Ces résultats renforcent l'idée que nous entrons dans une nouvelle ère pour le cancer du poumon non à petites cellules avancé avec mutation de l'EGFR", ajoute-t-il.

"En utilisant ce schéma thérapeutique en première intention, nous offrons la possibilité de retarder le recours à la chimiothérapie et de donner aux patients et à leurs familles l'espoir de disposer de plus de temps"

Contrairement à la survie sans progression (SSP), qui mesure le temps pendant lequel un traitement empêche la progression du cancer chez un patient, la survie globale permet aux patients de comprendre l'impact que le traitement pourrait avoir sur leur espérance de vie à partir du début du traitement. Étendre l'espérance de vie est l'indicateur le plus significatif de l'impact d'un traitement.

Une demande d’accès en France pour ce traitement

"À l'heure actuelle, environ 20 % des patients atteints d'un cancer du poumon à petites cellules avancé avec mutation du gène EGFR survivent au-delà de cinq ans. Ces résultats de MARIPOSA suggèrent que le traitement peut contribuer à changer cette statistique", a déclaré le Pr Joshua Bauml, vice-président du service de cancer du poumon chez Johnson & Johnson Innovative Medicine. "En utilisant ce schéma thérapeutique en première intention, nous offrons la possibilité aux patients et à leurs familles l'espoir de disposer de plus de temps."

Selon le Dr Enriqueta Felip, professeur d’oncologie thoracique à Barcelone, les résultats de la phase 3 de l’essai clinique sont validés. Une demande d’accès en France pour ce traitement, fabriqué par le groupe pharmaceutique Johnson & Johnson, a été déposée. "Les résultats de survie globale de l'étude MARIPOSA renforcent l'impact potentiel de la thérapie ciblée sur la vie des patients", déclare le Dr Henar Hevia, directeur principal, EMEA Therapeutic Area Lead, Oncologie, chez Johnson & Johnson.

Selon le Pr Girard, l’avenir de ce traitement consistera à améliorer ses performances en l’associant à des chimiothérapies ou à des anticorps conjugués (qui visent directement la tumeur).

Des effets indésirables cutanées

Cependant, ce traitement perturbe la production de la protéine EGFR (produite par le gène du même nom), présente sur la peau et dans le tube digestif. Cette perturbation engendre des effets secondaires : éruptions cutanées, atteintes au niveau des ongles. L’étude COCOON, présentée également lors du congrès, montre que l’application d’antibiotiques sous forme de lotions pour le cuir chevelu, ainsi que l’utilisation d’antiseptiques pour les ongles et par voie orale, réduisent de 70 % ces effets indésirables.

"Cette étude COCOON révèle des bénéfices réels pour les patients. Ce protocole, déjà mis en place à l’Institut Curie en collaboration avec l’équipe de l’Unité plaies et cicatrisation, illustre avec succès l’implication forte de l’Institut Curie dans l’innovation au service de la qualité de vie des patients", déclare le Pr Nicolas Girard.

Sources

Conférence de presse du congrès européen contre le cancer du poumon