Nutri-Score : ce qui change avec la nouvelle version Istock
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Des céréales trop sucrées qui passent du vert au orange. Des spécialités laitières qui voient leurs notes rétrogradées…Les Français pourraient constater un changement de couleur sur le Nutri-Score de nombreux produits alimentaires en faisant leurs courses.

Depuis le 1er janvier 2024, le Nutri-Score, ce fameux code couleur qui permet d’évaluer la valeur nutritionnelle d’un produit alimentaire, a fait peau neuve. La version repensée est plus exigeante et rigoureuse dans son calcul, afin de se mettre au diapason des autres pays européens. Un effort de transparence pour inciter les Français à manger plus sain, comme l'a justifié Santé publique France : ce nouvel algorithme de calcul vise à "améliorer l’efficacité du Nutri-Score pour classer les aliments et les boissons en cohérence avec les principales recommandations alimentaires des pays européens et [de] guider les consommateurs vers des choix éclairés et favorables à leur santé".

Une évolution attendue de longue date par les nutritionnistes

Cette modification était attendue de longue date par les professionnels de la nutrition, comme Raphaël Gruman, qui accueille favorablement cette évolution : "C’est une bonne chose et c’est même surprenant que cela n’ait pas été fait plus tôt. Cela fait déjà six ans que le Nutri-Score a été implanté. Nous aurions déjà pu apporter des modifications au bout des trois premières années pour l’optimiser", observe-t-il à Medisite.

Nutri-Score : un algorithme de calcul remanié, pas une révolution

Avec cette nouvelle version, le durcissement du calcul nutritionnel -basé sur une notation qui va de A, en vert foncé, à E, en rouge, selon la balance bienfaits/risques santé des aliments- devrait se traduire par moult changements sur les étiquettes des produits alimentaires.

Des modifications à la marge qui ne devraient néanmoins pas bousculer foncièrement l’existant, regrette Raphaël Gruman. "Il n’y a pas de révolution avec ce "nouveau" nutriscore. Il vient juste modifier certaines catégories, principalement les fibres et les graisses afin d’être plus "juste" dans sa note".

Les mauvaises graisses, le sel et le sucre plus traqués

Dans le collimateur de ce nouveau Nutri-Score notamment, les mauvaises graisses mais aussi le sucre et le sel, qui consommés en excès sont néfastes pour la santé. Ceux-ci vont être davantage pénalisés dans les produits alimentaires qui en contiennent en nombre. Il sera plus facile pour le consommateur de les traquer sur les étiquettes. Un gain de transparence nécessaire selon Raphaël Gruman. "C’est une bonne chose car jusqu’à présent ces valeurs n’étaient pas assez considérées et de nombreux produits industriels en contenaient en trop grandes quantités sans qu’ils soient pénalisés".

Egalement dans le viseur du nouvel algorithme de calcul, l’absence de fibres sur les produits, ces nutriments aux multiples vertus pour la santé, qui se verra elle aussi sanctionnée, avec une note nutritionnelle dégradée.

Les produits plus riches en fibres valorisés

Une révision en forme d’incitation à se tourner vers des produits plus riches en fibres, qui emporte là aussi l’adhésion de notre expert : "C’est une très bonne modification. On le sait, l’apport en fibre d’un produit est extrêmement important pour contrôler son assimilation. Un produit riche en sucre n’aura pas la même assimilation s’il contient des fibres. Cela permettra d’encourager la consommation de fibres et aidera à prévenir les risques métaboliques (troubles gastriques, microbiote intestinal appauvri, etc) liés à cette carence", explique le nutritionniste.

Le rayon du petit-déjeuner fait partie de ceux qui devraient afficher le plus de changements. De nombreux paquets de céréales devraient voir leur note rétrogradée. Seules les céréales muesli sans sucres ajoutés seront classées A. "Par exemple les Chocapic passeront de A à C. Cela veut dire que les industriels devront augmenter les apports en fibres et/ou réduire les apports en sucre pour retrouver une meilleure cotation", illustre Raphaël Gruman. Un camouflet aussi pour les produits allégés en sucres, qui jusqu’ici pouvaient se pâmer d’un voyant vert.

Les boissons lactées trop sucrées épinglées

Du côté des produits laitiers, certaines marques font aussi la moue. Dans ce souci d’harmonisation européen, certaines boissons lactées sucrées (comme Lactimel) se voient aussi pénalisées, au profit du lait écrémé et demi-écrémé mis en avant dans les classifications les plus favorables. Plus largement, parmi les boissons, seule l'eau pourra justifier encore la mention A. Une réorganisation qui fait sens, selon notre expert en nutrition. "Bon nombre de consommateurs consommaient des boissons lactées sucrées en se fiant à la lettre A qu’elles pouvaient indiquer. Or, l’eau est la seule boisson indispensable à l’organisme. Lactimel bien qu’il contienne certaines propriétés nutritionnelles ne doit pas être consommé comme de l’eau car il contient également des sucres", rappelle Raphaël Gruman.

Un Nutri-Score encore trop timide

Pour le nutritionniste, ces évolutions restent encore trop timides, en oubliant certains aspects importants pour la santé du consommateur. "Je trouve que ce nouveau Nutri-Score est insuffisant pour analyser réellement l’intérêt nutritionnel d’un produit. Le fait qu’il ne tienne pas compte de l’aspect ultra-transformé, qu’il soit bio ou pas, qu’il contienne ou non des additifs n’est pas mis en avant, déplore Raphaël Gruman. On pourrait très bien avoir un produit ultra-transformé avec une grande quantité d’édulcorants, de conservateurs, d’exhausteurs de goût, de colorants, de texturants et blindé de pesticides, qui serait encore classé en A… Or, on le sait, les additifs ont un effet cocktail potentiellement cancérigène", rappelle le spécialiste.

Comment repérer un aliment vraiment sain

En l’attente de voir un Nutri-Score qui coche toutes les cases des habitudes alimentaires saines, le nutritionniste rappelle quelques conseils pour aider à se repérer dans la jungle des produits alimentaires : "La règle n°1 c’est avant tout de privilégier les produits les moins transformés. Secundo, c’est de comparer entre deux produits équivalents la note du Nutri-score (par exemple, deux pizzas ou deux marques de yaourts). Ensuite on regarde au dos la liste des additifs (identifiables par la mention E comme le E250 pour le nitrite de sodium), par exemple. Et s’il y en a plus de deux… on passe son chemin !"

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