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Trop de produits laitiers, est-ce mauvais pour les os ?

La polémique fait rage entre les "pro lait" et les autres sur le rôle du calcium des produits laitiers dans l’ostéoporose. A l’origine : un rapport de l’OMS en 2002, qui évoque le "paradoxe du calcium". "On observe un nombre plus élevé de fractures dans les pays de l’hémisphère nord où l’on consomme le plus de laitages alors qu’il y en a moins dans les régions où l’on en prend peu", souligne Thierry Souccar, biochimiste.

"C’est notamment le cas au Japon, poursuit le nutritionniste Patrick Serog. Mais cela peut vouloir dire que des populations comme les nôtres sont génétiquement plus fragiles. Par ailleurs, nous sommes confrontés à un manque de soleil entraînant une carence en vitamine D, qui aide à fixer le calcium sur les os. Enfin, les Japonais consomment plus de soja donc des phyto-oestrogènes protégeant leur squelette."

Le lait de vache est-il adapté à notre organisme ?

"Pour que le lactose (sucre du lait) soit digéré, il faut que le système digestif du buveur possède une enzyme particulière : la lactase. Ce n’est pas le cas de tout le monde", explique le Dr Patrick Serog, nutritionniste. Lorsqu’on n’en est pas doté, les particules de lactose non digérées arrivent telles quelles dans l’intestin, fermentent (ce qui provoque des gaz) et absorbent l’eau (d’où des diarrhées). On parle alors d’intolérance.

"Plus on va vers l’hémisphère nord, moins on trouve d’intolérants. Les populations préhistoriques s’étant majoritairement consacrées à l’élevage de vaches, elles ont développé des gènes déterminants. Toutefois, 75 % des humains, dont la majorité des peuples d’Asie ou de L’Afrique, sont intolérants", explique Thierry Souccar biochimiste, journaliste, écrivain et éditeur.

Le lait peut-il entraîner des cancers ?

L’étude Suvimax (1994 et 2002) menée sur 13 017 personnes, qui ont suivi soit un complexe de vitamines soit un placebo, a permis d’observer des liens entre la consommation de lait et cancer. Voici les conclusions communiquées à Paris en novembre 2005 : le calcium et les produits laitiers auraient un rôle protecteur concernant le cancer du côlon. Avant la ménopause, ils protègeraient du cancer du sein… mais ils pourraient le favoriser après.

Enfin, il existe une corrélation nette entre le fait de consommer trois laitages et plus par jour et l’apparition du cancer de la prostate. "L’école de santé publique de Harvard, recommande désormais de ne pas dépasser deux produits laitiers par jour", déclare Thierry Souccar biochimiste, journaliste, écrivain et éditeur.

Plus récemment, des travaux internationaux menés sur de vastes cohortes ont montré qu’une consommation élevée de produits laitiers réduisait le risque de cancer colorectal de l'ordre de 22% mais aurait un effet neutre sur le cancer du sein. Une telle consommation (plus de 3 produits laitiers par jour) augmenterait le risque de cancer de la prostate de 12%.

Le lait augmente-t-il le risque cardio-vasculaire ?

On a parfois accusé le lait de provoquer l’obésité notamment à cause de ses matières grasses. "Il faut moduler", estime le Dr Patrick Serog, nutritionniste. "Le lait entier est gras mais on peut contrôler son poids en prenant du lait écrémé ou demi écrémé ayant la même teneur en calcium que le lait entier." Un bémol quand même : on sait que pour protéger son cœur, il faut maintenir un bon quilibre entre les acides gras et notamment entre les omega 6 et 3 .

"L’AFSSA (devenue Anses) recommande un rapport de 5 omega 6 pour 1 omega 3. Or, dans le lait, ce rapport peut varier de 10 à 1 (si les animaux sont au pâturage, il est systématiquement inférieur à 3)", souligne Jean-Louis Peyraud de l’INRA.

Des liens entre lait, diabète ou polyarthrite ?

Certains chercheurs ont démontré des liens entre consommation de lait et sclérose en plaques, diabète de type 1 et polyarthrite rhumatoïde chez des personnes prédisposées.

Pour Thierry Souccar, biochimiste, journaliste, écrivain et éditeur, il y a peut-être une explication : "Le lait contient des protéines qui présentent une similitude avec des séquences proétiques de l’organisme humain. Chez un petit nombre d’individus dont l’intestin est perméable, ces protéines "fuient" vers la circulation sanguine. Le système immunitaire déclenche alors des anticorps contre elles. Mais comme elles ressemblent à des protéines déjà présentes dans le corps, les anticorps s’attaquent de façon indistincte aux cellules étrangères du lait et à celles de son propre organisme"….

Le lait peut-il contenir des pesticides ?

Oui, mais en très faible quantité. Les traitements sur les fourrages sont arrêtés longtemps avant la récolte. De plus "la vache possède un rumen, la panse, qui dégrade une grande partie des produits ingérés, y compris les molécules comme les pesticides. C’est ce qu’on appelle la fonction de détoxification. Reste que cette détoxification n’est pas totale.

Quelques pourcentages de pesticides peuvent passer puis être absorbés dans l’intestin et se retrouver dans la viande ou le lait", explique Jean-Louis Peyraud, directeur de l’unité de recherche "production de lait " de l’INRA (Institut national de recherche agronomique). A noter : la culture de l’herbe ne nécessitant pas de pesticides, le lait des vaches nourries au pré "n’en contient donc pas… en théorie."

Le lait de vache est-il une source d’allergies ?

Oui. Le lait est première cause d’allergie chez les jeunes enfants . Elle touche 2 à 3 % de la population générale. C’est pourquoi les pédiatres ne recommandent d’introduire les laitages qu’à partir du 6 ème mois.

"Aux Etats-Unis, on commence même à ne conseiller l’introduction des laitages qu’à partir d’un an", remarque Thierry Souccar, journaliste, biologiste et éditeur. Cette allergie disparaît progressivement au cours de la vie. Chez l’adulte, elle est exceptionnelle. En revanche, il peut exister une intolérance au lactose provoquant des manifestations digestives.

Le bifidus renforce-t-il la flore intestinale ?

Nos intestins sont tapissés de millions de bactéries, ce qu’on appelle la flore intestinale. Elle forme une barrière de protection qui permet l’absorption des nutriments nécessaires au bon fonctionnement de l’organisme mais aussi la destruction des agents pathogènes.

Elle protège donc à la fois les intestins eux-mêmes mais également l’ensemble de l’organisme d’intrusions indésirables. Le bifidus, bactérie utilisée dans les yaourts ou dans certains laits fermentés, est réputé pour équilibrer voire renforcer la flore intestinale et dans le même temps doper le système immunitaire.

"Les résultats des études sur la protection du tube digestif lui-même et sur l’amélioration du transit nécessitent encore des recherches pour confirmer les premiers résultats", remarque Dr Patrick Serog, nutritionniste.

Vidéo : Nutrition : attention aux produits laitiers !

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