Traiter les troubles érectiles pour mieux déceler les pathologies cardiaques. Voilà l’objectif de ce centre de santé dirigé par le Dr Ala Chebbi, chirurgien urologue et andrologue à l’Hôpital Saint Joseph à Paris. "Cette dysfonction qui touche un homme sur trois en France peut-être un signe précoce de pathologies cardiaques. Le prendre en charge le plus précocement possible permet de prévenir des infarctus du myocarde ou des accidents vasculaires cérébraux chez des patients à risque", explique le Dr Ala Chebbi. Précurseur dans ce domaine, ce service est le premier en France actuellement qui traite la santé masculine dans sa globalité.
Depuis son ouverture le 30 août 2022, plus de 120 patients ont pu bénéficier de cette prise en charge. "Tous les hommes présentant un trouble érectile ne peuvent accéder à ce centre. Il concerne les patients de plus de 50 ans qui cumulent des facteurs de risque cardiovasculaires comme le diabète, le tabagisme et l’hypercholestérolémie", indique l'urologue.
"L’intérêt du centre est d’effectuer une évaluation globale des facteurs de risques cardio-vasculaire"
Même si le lien ne se fait pas de prime abord, le trouble érectile est un des premiers signes de pathologies coronariennes. "Il y a des bases communes entre les deux. Les artères du pénis et celles du cœur ont un fonctionnement similaire. L’érection est un mécanisme vasculaire mettant en jeu la vasodilatation (la dilatation d’un vaisseau sanguin), qui en cas de trouble se fait mal, pouvant alors signaler une anomalie vasculaire", qui peut prédire des problèmes cardiologiques majeurs dans les trois à cinq ans qui suivent son arrivée”, précise le Dr Chebbi. La dysfonction érectile apparaît comme un signal d’alarme.
Et l’enjeu de ce centre de santé masculine est bien là : prévenir les problèmes cardiaques à venir, véritable problème de santé publique. Pour y parvenir, le docteur Chebbi est entouré d’une équipe pluridisciplinaire qui comprend un nutritionniste, une sexologue, un andrologue et un cardiologue.
"L’intérêt du centre est d’effectuer une prise en charge globale du patient atteint de dysfonction érectile avec notamment une évaluation des facteurs de risques cardio-vasculaire. Le nutritionniste élabore le régime alimentaire adapté au patient selon son taux de cholestérol et son poids. Quant à la sexologue, elle accompagne le couple dans les difficultés qu’ils peuvent rencontrer dans leur sexualité", souligne le spécialiste.
Rechercher des pathologies cardiaques
Durant cette demi-journée d’hospitalisation, le patient a également l'avis d'un cardiologue s’il n’est pas déjà suivi en ville, en fonction de ses résultats de prises de sang et de ses antécédents cardiovasculaires. Il peut alors prescrire des examens complémentaires à la recherche de pathologies coronariennes comme une échographie cardiaque ou un doppler des troncs supra-aortiques, techniques d’imagerie médicale pour observer l’état des artères.
"Cette recherche précoce permettrait de diminuer le risque d’infarctus du myocarde et des accidents vasculaires cérébraux".
Une étude du centre d’exploration et traitements de l’impuissance (CETI) confirme cette hypothèse dans une publication de janvier 2023. "L’apparition d’un dysfonctionnement érectile augmenterait de 25 % les risques pour un homme de développer une maladie cardiovasculaire", indique un des auteurs de l’étude.
Le circuit du patient
C’est lors d’un premier rendez-vous avec le Dr Chebbi que celui-ci propose à son patient de programmer une journée d'évaluation clinique globale à l’hôpital de jour.
"La première consultation qui précède l’hospitalisation me permet de faire un point sur les antécédents du patient, sur sa pathologie érectile, son degré de sévérité, s’il prend des traitements, et s’il est déjà suivi par un cardiologue".
À la fin de cette entrevue, le chirurgien urologue lui propose alors de continuer l’investigation dans ce centre spécialisé en lui expliquant le lien avec les maladies cardio-vasculaires.
Pour évaluer l’importance de ce type de service, les professionnels organisent des enquêtes de satisfaction. "À la fin de chaque hospitalisation, on leur propose de remplir des questionnaires anonymes. Les résultats montrent que les patients sont très satisfaits de cette démarche", observe le Dr Ala Chebbi.
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