IstockLes questions que les gens se posent sur l’anesthesie generale et locale

L’anesthésie est un incontournable de la chirurgie. Qu’elle soit locale, générale ou loco-régionale, au bloc opératoire ou simplement dans un cabinet dentaire, elle suscite souvent des craintes chez les patients. L’idée qu’un produit contrôle notre cerveau laisse peu de place à la confiance. Pourtant, cette procédure est sûre, soutient Natacha Bilisko, infirmière anesthésiste à l’hôpital Trousseau à Paris. "Comme pour les pilotes, il y a des check-lists de vérification pour plus de sécurité", souligne-t-elle.

Trois types d'anesthésie

Tout d’abord, il est important de faire la différence entre les différents types d’anesthésie. L'anesthésie générale a pour but d’endormir le patient pour qu’il n’ait pas conscience de ce qui se passe autour de lui et qu'il ne ressente pas de douleurs liées à une opération chirurgicale. Pour induire cet état de sommeil artificiel, le médecin et l'infirmier anesthésiste utilisent des médicaments, appelés hypnotiques. "Il y en a sous forme intraveineuse, mais également sous forme de gaz inhalé à travers un masque", explique Natacha Bilisko. "Ces traitements sont rapidement éliminés par l'organisme. Dès qu'on les stoppe, le patient se réveille."

Quelle différence avec une anesthésie locorégionale ?

Ensuite, il y a l’anesthésie loco-régionale. La plus connue : la péridurale. "Le but est d’endormir seulement un membre ou une partie du corps en administrant un produit anesthésiant par injection à côté du nerf", précise l'infirmière anesthésiste.

Quelle différence avec une anesthésie locale ?

L'anesthésie locale quant à elle consiste à appliquer un agent anesthésique localement, au niveau de la zone concernée. "Il s’agit généralement d’une anesthésie réservée à la "petite chirurgie", comme l’ablation d’un grain de beauté, la pose de points de suture ou des soins dentaires…", explique Natacha Bilisko. Cette anesthésie permet de diminuer la douleur liée au geste du praticien et à l’introduction d’une aiguille.

Chacune de ces techniques de sommeil artificiel demande une préparation qui lui est propre. Pour éviter de se perdre parmi toutes les informations et d’arriver serein le jour de l’intervention, ces deux spécialistes du sommeil répondent aux questions les plus couramment posées.

Doit-on être à jeun avant une anesthésie locale ?

1/7
IstockLes questions que les gens se posent sur l’anesthésie générale et locale

Il n’est pas nécessaire d’être à jeun avant une anesthésie locale. Cependant, très souvent, les patients confondent anesthésie locale et loco-régionale. Or, cette deuxième anesthésie nécessite, quant à elle, un estomac vide.

Deux raisons l'expliquent :

  1. Dans certains cas, il peut être nécessaire de convertir cette anesthésie loco-régionale en anesthésie générale. Il faut alors que l’estomac soit le plus vide possible pour éviter les vomissements lors de la sédation.

  2. La deuxième raison concerne le risque de passage du produit en intravasculaire (dans la veine). Cette complication peut provoquer des effets indésirables et nécessite donc d'être à jeun.

Un bon moyen mnémotechnique : si vous avez une consultation d’anesthésie, il faut être à jeun ; sinon, ce n’est pas nécessaire.

Comment se passe une anesthésie générale ?

2/7
IstockLes questions que les gens se posent sur l’anesthésie générale et locale

Un infirmier anesthésiste vient chercher le patient dans la salle d’attente du bloc opératoire pour l’installer dans la salle d’intervention.

  • Il installe tous les appareils de surveillance (tensiomètre, saturomètre pour surveiller l’oxygénation…). Des antécédents médicaux lourds ou une chirurgie complexe nécessitent des appareils de surveillance plus importants pour assurer la sécurité du patient.

  • Il pose une perfusion.

  • Comme pour les pilotes d’avion, il va vérifier la check-list correspondant à l’intervention.

  • Il prépare les médicaments d’anesthésie en fonction du patient et du protocole établi lors de la consultation par le médecin anesthésiste.

  • Lorsque tout est prêt, l’infirmier anesthésiste et le médecin anesthésiste préoxygènent le patient en le faisant respirer dans un masque.

  • Ensuite, le patient est endormi. À ce moment-là, la respiration spontanée est perdue, donc l’infirmier et le médecin ventilent le patient à travers un appareil relié à une sonde dans la bouche.

  • Dès que l’intervention est terminée, l'anesthésiste arrête les médicaments et le patient se réveille.

Peut-on mourir d'une anesthésie générale ?

3/7
IstockLes questions que les gens se posent sur l’anesthésie générale et locale

Le risque d’accident grave suite à une anesthésie générale ou loco-régionale est faible. Le principal facteur de risque est lié aux antécédents. C’est pour cette raison que la consultation d’anesthésie est obligatoire. Elle permet de discuter de la condition du patient afin de réduire au maximum les risques de complications.

Plusieurs enquêtes ont montré une amélioration de la sécurité anesthésique ces 40 dernières années. Cette évolution s’explique par la création des salles de réveil, par l’amélioration de la formation des médecins et des infirmiers anesthésistes (cinq ans d’internat pour les médecins et deux ans de spécialisation pour les infirmiers, en plus des trois ans du cursus général).

L'anesthésie s'est inspirée de l'aviation en termes de sécurité. Résultat : un taux de mortalité et d'accident en baisse. (0,7 pour 100 000 actes).

L'analyse des causes d'accident montre qu'elles sont multifactorielles et que le risque zéro n'existe pas.

Combien de temps faut-il pour se remettre d'une anesthésie générale ?

4/7
IstockLes questions que les gens se posent sur l’anesthésie générale et locale

Cette question dépend de quatre critères : la chirurgie, la personne, son état de santé et la durée de l’intervention. Les médicaments sont éliminés très rapidement. Cependant, certains patients présentant des antécédents médicaux, comme une insuffisance rénale, et peuvent mettre plus de temps à les éliminer.

Y a-t-il un temps à respecter entre deux anesthésies générales ?

5/7
IstockLes questions que les gens se posent sur l’anesthésie générale et locale

Il n’y a pas de délai obligatoire entre deux anesthésies. En cas de complications au réveil après une intervention, il est tout à fait possible de réendormir le patient.

Combien d’anesthésies générales peut-on faire dans une vie ?

6/7
IstockLes questions que les gens se posent sur l’anesthésie générale et locale

Il n’y a pas de nombre limité. Par exemple, dans le cadre de la radiothérapie pédiatrique, il est parfois nécessaire d’endormir les enfants tous les jours pour éviter qu’ils ne bougent.

Peut-on boire de l'eau avant une anesthésie générale ?

7/7
IstockLes questions que les gens se posent sur l’anesthésie générale et locale

Les recommandations actuelles exigent d’être à jeun au moins deux heures avant l'intervention à condition que le liquide ingéré soit clair, sans gaz et sans pulpe.

Sources

Interview avec Natacha Bilisko, infirmière anestésiste à l'hôpital Trousseau, APHP

Interview avec le Dr Bobet Mathieu, médecin anesthésiste-réanimateur, spécialisé dans la prise en charge de la douleur en Clinique à Auch

Partager :