L’activité physique soulage la douleur chroniqueAdobe Stock
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En France, 3 adultes sur 10 souffrent de douleurs chroniques. En cause dans deux tiers des consultations médicales, selon l’Inserm, la douleur est définie comme "une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable" associée, ou ressemblant, à celle liée à un dommage tissulaire réel ou potentiel.

Ressenti totalement subjectif, la douleur s’apparente à un signal d’alarme envoyé au corps pour se protéger face à différents stimulus. La douleur est liée à une stimulation douloureuse des terminaisons nerveuses, des récepteurs de la douleur appelés nocicepteurs, qui se situent sur notre peau, nos muscles, nos articulations et sur nos viscères.

Face à un danger, ces nocicepteurs, agissent comme des messagers de la douleur, en se chargeant de transmettre l’information douloureuse via la moelle épinière jusqu’au cerveau.

Du symptôme douloureux à la douleur chronique

Quand la douleur aigüe s’installe et dure plus de trois mois, elle devient chronique, rappelle l’Inserm. Une évolution problématique pour la personne concernée car la sensation douloureuse n’est alors plus considérée comme un signal d’alarme. Elle bascule de la catégorie symptôme à celle de la maladie, précise l’Institut de recherche médicale.

Parmi les douleurs chroniques, on retrouve notamment les douleurs inflammatoires telles que les douleurs articulaires, les douleurs neuropathiques liées à des atteintes du système nerveux, de la moelle épinière ou liées à un accident vasculaire cérébral, ou encore les douleurs mixtes associant des neuropathies et des douleurs inflammatoires. Les perturbations du système de la douleur seraient aussi à l’origine d’un autre type de douleurs chroniques telles que les fibromyalgies ou encore les céphalées chroniques.

Si le mécanisme physiologique de la douleur est connu, les moyens de la soulager par le biais de thérapies non médicamenteuses alimentent l’intérêt de la communauté scientifique. Pour cause, derrière les études sur le sujet, se cache un enjeu de santé publique de taille : celui de l’amélioration du quotidien des patients.

Etre actif rend plus résistant à la douleur

Parmi les thérapies naturelles, l’activité physique pourrait constituer une piste sérieuse contre la douleur chronique. Les résultats d’une étude norvégienne suggèrent qu'être actif physiquement ouvrirait une voie non pharmacologique vers la réduction ou la prévention de la douleur chronique.

Dans la célèbre revue Plos One le 24 mai dernier, Anders Årnes, chercheur à l'hôpital universitaire de Norvège du Nord, à Tromsø (Norvège) et son équipe, rendent compte de leurs travaux, fruits d’une vaste analyse de données portant sur plus de plus de 10 000 adultes.

Les chercheurs ont observé que l'activité physique pourrait influencer le risque de douleur chronique ou sa progression, en se penchant sur la tolérance à la douleur.

Activité physique Vs sédentarité

Concrètement, les personnes physiquement actives ont une tolérance à la douleur plus élevée que les personnes sédentaires. Mieux, les personnes avec un niveau de pratique d’activité physique plus important se révèlent encore plus tolérants à la douleur.

Pour arriver à ses observations, les chercheurs ont voulu savoir si le niveau habituel d'activité physique et les changements d'activité physique pouvaient jouer sur la tolérance à la douleur d’un échantillon donné de la population.

L’équipe de chercheurs norvégienne a analysé les données de 10 732 adultes norvégiens participant à une vaste étude de population, l'étude Tromsø, menée périodiquement en Norvège. Les données de deux cycles de cette enquête ont été analysées sur une première période de 2007 à 2008 et sur une seconde période, de 2015 à 2016.

Plus on bouge, moins on est "perméable" à la douleur ?

Les niveaux d'activité physique déclarés par les participants ont été recueillis. En parallèle, les niveaux de tolérance à la douleur des volontaires ont été mesurés grâce à un test consistant à plonger la main dans l'eau froide.

"Nous avons constaté que les participants ayant des niveaux d'activité physique élevés et constants au cours des enquêtes présentaient une tolérance significativement plus élevée que ceux qui restaient sédentaires. Les groupes d’activité physique légère, modérée et vigoureuse avaient une tolérance à la douleur plus élevée que les sédentaires", décrivent les chercheurs dans Plos One.

Le fait d'être physiquement actif à l'un ou l'autre des deux moments mesurés à 7-8 ans d'intervalle était associé à une tolérance à la douleur plus élevée que le fait d'être sédentaire aux deux périodes étudiées.

La tolérance à la douleur augmentait avec les niveaux d'activité totale, et davantage pour ceux qui ont pratiqué plus d'activité physique au cours du suivi.

Ces observations tendent à prouver que l'activité physique pourrait être une stratégie potentielle pour soulager ou éviter la douleur chronique.

Néanmoins de plus amples travaux sont nécessaires pour confirmer une relation de cause à effet entre l'activité et la tolérance à la douleur et a fortiori, évaluer les applications thérapeutiques potentielles.

Une certitude : l’activité physique régulière reste une habitude bénéfique face à la douleur. "Devenir ou rester actif physiquement au fil du temps peut être bénéfique pour la tolérance à la douleur. Quoi que vous fassiez, le plus important est que vous soyez actifs !" concluent les chercheurs.

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