Déclin cognitif : avoir plus de deux enfants fait vieillir le cerveau plus viteAdobe Stock

Le déclin cognitif correspond à l’altération d’une ou plusieurs fonctions cérébrales. Il conduit à des difficultés d’apprentissage, des pertes de mémoires et d’autonomies. Il apparaît principalement chez les personnes de plus de 65 ans. Si l’âge est un facteur de risque, de nombreux autres dans votre vie peuvent influencer le vieillissement de votre cerveau.

Une récente étude de la Columbia University Mailman School of Public Health, le Robert Butler Columbia Aging Center et l'Université Paris-Dauphine s’est penchée pour la première fois sur l’impact de la vie familiale sur la santé de votre cerveau. En effet, la recherche publiée dans la revue Demography a établit un lien entre le fait d’avoir trois enfants ou plus et une moins bonne cognition en fin de vie.

Cerveau : plus de deux enfants peut le faire vieillir de 6,2 ans

La recherche s’est appuyée sur les données de l’Enquête sur la santé, le vieillissement et la retraite en Europe (SHARE). Cette enquête européenne contient une base de données riche avec des informations sanitaires et démographiques de milliers de personnes, résidant dans vingt pays européens (dont la France et de nombreux pays de l’Europe du Nord) ainsi qu'Israël.

Les participants étaient tous âgés de 65 ans et plus, avec au moins deux enfants biologiques.

Les travaux ont démontré que le fait d’avoir 3 enfants ou plus affectait la cognition en fin de vie. "L'effet négatif d'avoir trois enfants ou plus sur le fonctionnement cognitif n'est pas négligeable, il équivaut à 6,2 ans de vieillissement", explique Eric Bonsang, professeur d’économie à l’Université Paris-Dauphine. Ces conséquences sont similaires chez les hommes et les femmes.

Les chercheurs en ont déduits que le fait d’avoir trois enfants ou plus pouvait augmenter le déclin cognitif en vieillissant, à cause de ces quatre principales raisons :

  • Les coûts financiers : Avoir plusieurs enfants entraîne des coûts financiers considérables et peut réduire le revenu familial. Cela peut avoir comme conséquence de diminuer le niveau de vie des membres de la famille et donc de contribuer à la détérioration cognitive.
  • L’impact sur le travail : “le fait d'avoir un enfant supplémentaire est lié de manière causale à une participation plus faible des femmes au marché du travail”, explique l’étude. Un plus grand nombre d’enfants est donc lié à moins d'heures travaillées et à des revenus inférieurs, ce qui affecte le fonctionnement cognitif.
  • La baisse du temps pour soi : une augmentation du nombre d’enfants est aussi associée à une diminution du sommeil et à une baisse de temps consacré à des activités personnelles stimulantes. Ces facteurs augmentent les risques de détérioration de la cognition.
  • L’augmentation du stress : Un nombre d’enfants plus élevé augmente fortement les risques de stress, qui est un facteur majeur de détérioration de la santé mentale.

Démence : une piste pour ralentir le déclin cognitif ?

Les troubles cognitifs conduisent à des maladies neurodégénératives comme Alzheimer qui toucherait 1,2 millions de personnes en France selon les dernières estimations. Il s’agit donc d’un enjeu majeur comme l’explique le professeur Eric Bonsang : "Pour les individus, la santé cognitive en fin de vie est essentielle pour maintenir leur indépendance et être socialement actifs et productifs. Pour les sociétés, assurer la santé cognitive des personnes âgées est essentiel pour prolonger la vie professionnelle et réduire les coûts et les besoins de soins de santé.”

Les chercheurs voient d’un œil positif ces premiers résultats qui pourraient permettre d’assurer un meilleur vieillissement de la société. Pour cela, ils estiment que davantage de recherches sont nécessaires comme l’explique Vegard Skirbekk, professeur de population et de santé familiale à la Columbia Mailman School : "Les futures études devraient aborder les effets potentiels de l'absence ou la présence d'enfant sur la cognition en fin de vie. Nous avons également besoin de plus d'informations sur les types d'interactions, de soutiens et de conflits qui se produisent entre les parents et les enfants, ce qui peut influencer les résultats cognitifs.”

Sources

https://neurosciencenews.com/family-size-cognition-20577

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