On en parle peu, mais le myélome multiple (aussi appelé cancer de la moelle osseuse ou maladie de Kahler) est pourtant “un cancer fréquent, explique le Pr Xavier Leleu, Chef du service hématologie du CHU de Poitiers et membre de l’Intergroupe francophone du Myélome (IFM) qui touche les “jeunes âgés”, l’essentiel des cas - en majorité des hommes - se retrouvent chez les 60-80 ans (l’âge médian est 72 ans, NDLR)”. On compte entre 5000 et 10000 nouveaux cas par an, et l’incidence grimpe du fait du vieillissement de la population.
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Cancer du sang : myélome ou lymphome, la différenceQu’est-ce au juste qu’un myélome multiple ? Dans ce cancer du sang, ce sont les plasmocytes qui dysfonctionnent. Ces globules blancs, qui se trouvent en grand nombre dans la moelle osseuse (laquelle fabrique les cellules sanguines) prolifèrent de façon anarchique et empêchent les autres cellules sanguines de se développer normalement.
Une maladie chronique, qui ne se guérit pas
Le myélome multiple est malheureusement une maladie qui ne se guérit pas. Avec les traitements actuels, on peut ralentir la progression de la maladie, mais les rechutes sont inévitables. “Aujourd’hui la médiane de survie, une fois le diagnostic posé est de 5 à 7 ans, note le Pr Leleu, c’est bien mieux qu’il y a 25 ans, où elle n’excédait pas 3 ans ! Mais si l’évolution de la maladie a été grandement améliorée par les innovations thérapeutiques elle reste incurable à ce jour.”
Cette maladie ne guérissant pas, elle affecte de manière prégnante le quotidien et le moral puisqu’il faut être sous traitement en permanence. Des traitements qui consistent en des injections sous cutanées à réaliser régulièrement et qui s'assortissent d’effets secondaires importants (des épisodes de diarrhées aiguës notamment).
Aujourd’hui, avec l’arrivée de ces nouvelles molécules et surtout un nouveau mécanisme d’action des médicaments, le Pr Leleu espère une révolution dans la prise en charge de cette maladie. Présentés lors du prestigieux congrès mondial de la cancérologie (ASCO) qui se tient à Chicago chaque année et qui a eu lieu cette année début juin 2024, les résultats de deux études majeures confirment l'efficacité de ces nouvelles molécules.
Une nouvelle classe de médicaments qui suscite un énorme espoir !
Deux études cliniques qui montrent l’efficacité du Belantamab Mafodotin en particulier, un anticorps monoclonal de nouvelle génération, et qui sont actuellement en phase trois (la dernière) vont faire l’objet d’une publication prochaine dans le New England Journal of Medicine, l’une des revues scientifiques de référence. C’est sérieux !
“Nous sommes très heureux, indique encore le Pr Leleu, car les résultats des deux études cliniques confirment que ce traitement va nettement améliorer les chances de survie des patients en diminuant le risque de rechute (20% seulement de rechute à un an avec cette nouvelle molécule ce qui multiplie la survie globale par deux) et nous pouvons espérer une nouvelle option thérapeutique bien plus efficace et adaptée que ce que nous avons aujourd'hui à disposition.”
Améliorer la qualité de vie : un des enjeux du nouveau traitement
“L’objectif final n’est pas seulement de soigner les patients, continue le Pr Leleu, c’est aussi d’améliorer la qualité de vie, de redonner envie aux patients de profiter de la vie, d’avoir des projets.” Avec ce nouveau traitement, les risques de rechute s’amenuisant, on pourra en effet envisager un suivi moins strict (avec des injections plus espacées par exemple) et moins contraignant.
De plus, comme le traitement est bien toléré (un seul effet secondaire oculaire est mentionné et il se gère très bien), il pourra - contrairement à ce qui existe aujourd’hui sur le marché - être envisagé sur le long cours, poursuivi pendant des années.
Prochaine étape ? Une reconnaissance de l’Agence européenne du médicament, qui ne fait aucun doute d’après le Pr Leleu, e t qui pourrait amener à une autorisation de mise sur le marché (AMM) et donc un remboursement en France à l’horizon 2025.
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