young female researcher working in the lab, she is examining the samples under a microscopeImage d'illustrationIstock
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C’est une bonne nouvelle pour la recherche française et la lutte contre le cancer. Dans une étude publiée le 26 juillet 2024 dans la revue Nature Immunology, des scientifiques de l’université Claude Bernard à Lyon, ont identifié des cellules responsables de cancers digestifs.

Leurs noms : les lymphocytes TH17 sont des cellules immunitaires qui sont déjà connues pour être impliquées dans de nombreuses maladies inflammatoires telles que la sclérose en plaques ou encore la maladie de Crohn.

Aujourd’hui, nous savons qu’environ 30 % des cancers apparaissent à la suite d’une inflammation chronique localisée. C’est notamment le cas de certains cancers colorectaux, de l’intestin grêle, du foie ou encore du pancréas.

Grâce à une technique qui permet d’analyser les caractéristiques génétiques des cellules, les chercheurs lyonnais ont découvert que ces lymphocytes se répartissaient en huit sous-groupes, dont chacun a un rôle distinct. L’un d’entre eux provoque la formation de tumeur, c’est-à-dire que lorsque certains freins d’activation sont levés, il va contribuer au développement de cancers. "Ces cellules vont créer un environnement inflammatoire chronique, c’est-à-dire une inflammation permanente", explique Julien Marie dans un communiqué de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm).

"Cette étude peut interroger les cliniciens sur l’utilisation, sur une période longue, des immunothérapies chez des patients atteints de cancer, un traitement qui vise à stimuler les lymphocytes"

"Cette réaction inflammatoire va générer des dégâts sur l’ADN des cellules alentour", explique le chercheur. S’en suit le développement d’un cancer notamment colorectal, de l'intestin grêle, du foie ou du pancréas.

"Cette étude peut interroger les cliniciens sur l’utilisation, sur une période longue, des immunothérapies chez des patients atteints de cancer, un traitement qui vise à stimuler les lymphocytes", souligne Julien Marie.

L’immunothérapie qui participe à l’amélioration du pronostic de certains cancers est connue pour entraîner une inflammation chronique de l’intestin. Ce résultat a notamment un intérêt dans leur développement, afin d’éviter que ces traitements s’appuyant sur le système immunitaire du patient pour s’attaquer à la tumeur ne stimulent ces cellules nouvellement identifiées.

Une perspective de nouveaux traitements et de diagnostics

Enfin, une autre bonne nouvelle, c'est que l'équipe de Julien Marie a également identifié une protéine qui est capable d’inhiber la formation des cellules TH17 : une cytokine, déjà présente dans le corps. Les chercheurs expliquent à France Info que l’on pourrait l'administrer, sous forme de comprimés ou de gélules, en prévention ou au tout début d'un cancer. Ce traitement pourrait notamment concerner des personnes à risque, comme des patients atteints de la maladie de Crohn, d'une inflammation hépatique ou du pancréas.

"Ces travaux montrent à quel point le système immunitaire joue un rôle majeur dans le basculement, ou non, dans la maladie", commente pour le média Libération, Steven Le Gouill, directeur de l’Ensemble hospitalier de l’Institut Curie.

Des avancées dans le cancer du pancréas

Cette avancée pourrait peut-être améliorer la prise en charge et le pronostic du cancer du pancréas. "Même les personnes jeunes sont plus à risque qu’avant de contracter cette maladie et nous n’avons pas d’explication précise sur ce changement de dynamique", pointe Steven Le Gouill à Libération.

Cette maladie est en passe de devenir, dans les années 2030, la deuxième cause de mortalité par cancer après celui des poumons, en Europe et aux Etats-Unis. Et cette mortalité est parfaitement corrélée à l’augmentation du nombre de cas.

En amérique du nord, l’obésité et l’alimentation transformée sont pointées du doigt pour expliquer la hausse des cancers chez les plus jeunes. “Les apports alimentaires peuvent générer des inflammations chroniques. Cela peut commencer tôt”, explique Julien Marie.

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