Nous faisons plus attention à notre hygiène dentaire, c’est une très bonne nouvelle. D’après un récent sondage réalisé par la marque GUM, plus de 8 Français sur 10 (83% exactement) “estiment que la santé bucco-dentaire est liée à la santé en général” et nous sommes 80% à déclarer nous brosser les dents plusieurs fois par jour : un quart 3 fois par jour ou plus, et la majorité (55%) 2 fois par jour. Mais ces gestes simples, aussi indispensables soient-ils, ne suffisent pas ou doivent être adaptés quand on a une maladie des gencives. Pire, on peut aggraver la situation en pensant bien faire. Or la maladie des gencives, on parle de maladie parodontale ou parodontopathie, est en forte progression d’après l’Organisation mondiale de la Santé puisqu'à l’échelle mondiale, les cas ont bondi de 24% ces 30 dernières années (selon les derniers chiffres publiés, 2022).
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Comment prendre soin de ses gencives après 60 ansDe quoi largement inquiéter, car cette maladie est directement responsable du déchaussement des dents, qui s’installe avec l’âge. Induite par la plaque dentaire (un mélange de débris alimentaire, de bactéries et de salive) qui se transforme ensuite en tartre, la parodontite est une maladie bactérienne hautement inflammatoire qui grignote petit à petit les tissus mous (gencives) avant de s’attaquer à l’os.
Malheureusement, la gencive ne se régénère jamais, d'où l’importance d’agir au plus tôt. Ce qui implique d’abandonner certaines habitudes dont on sait aujourd’hui avec certitude qu’elles favorisent ou aggravent les maladies des gencives, ce que l’on ignore souvent.
Ne pas changer suffisamment régulièrement de brosse
Premier point à retenir: les maladies des gencives sont des maladies bactériennes. Or les bactéries pathogènes ont cette capacité à proliférer sur les supports, en l'occurrence notre brosse à dent. L’Union Française de la Santé Bucco-Dentaire (UFSBD) recommande (pour tous) de changer sa brosse tous les trois mois, mais il peut être bienvenu parfois de la renouveler plus souvent quand on souffre des gencives.
"Les virus et les bactéries se logent dans les poils de la brosse à dents et y restent même après un rinçage minutieux, prévient ainsi le Dr Christophe Lequart, chirurgien-dentiste et porte-parole grand public de l'Union Française de la Santé bucco-dentaire. Ce qui veut dire que vous risquez de vous réinfecter au brossage suivant!" Après un abcès par exemple (malheureusement courant quand la parodonte est affectée), ou une atteinte virale quelconque (qui fragilise notre immunité) il est ainsi préférable de changer de brosse (ou de tête si vous optez pour un modèle électrique).
Frotter trop fort ou utiliser des poils inadaptés
On a longtemps cru que le brossage était plus efficace quand il était abrasif. On sait aujourd’hui que non seulement il n’en est rien, mais qu’un brossage trop agressif irrite les gencives et peut provoquer des gingivites, le premier stade de la maladie parodontale.
Il est impératif d’utiliser toujours des brosses à poils souples (les “médium” ne conviennent pas non plus) et de brosser sans appuyer excessivement. Les modèles électriques dotés d’un témoin lumineux indiquant la bonne pression de brossage sont à favoriser en cas de doute ou de maladie avancée.
Ces modèles évitent aussi les mouvements trop brusques (rotatifs notamment, à proscrire, le mouvement doit être vertical de la gencive vers l’émail) car on se laisse guider par la machine.
Négliger le nettoyage interdentaire
"Un brossage simple à la brosse, même bien effectué (toujours de la gencive vers les dents et pendant deux minutes au minimum) ne nettoie que 60% de la surface totale des dents explique le Dr Christophe Lequart, chirurgien-dentiste et porte-parole grand public de l'Union Française de la Santé bucco-dentaire. Il reste donc 40% à nettoyer!".
C'est le rôle de la brossette et du fil interdentaire. Or si le nettoyage interdentaire gagne du terrain (33% des Français déclarent pratiquer le nettoyage interdentaire quotidiennement selon le sondage GUM cité plus haut), il reste encore largement insuffisant, surtout chez les personnes touchées par une maladie des gencives. Car c’est justement l’accumulation de plaque dentaire entre la dent et la gencive qui fait le lit de la maladie.
Le nettoyage interdentaire s’effectue avec des brossettes de différentes tailles et du fil dentaire -car il doit être adapté à chaque interstice- et il se réalise à chaque brossage.
Utiliser un dentifrice non spécifique
Un dentifrice fluoré protège de l'apparition des caries, mais n’aura pas d’action ciblée en cas de maladie des gencives. C’est d'autant plus dommage qu’il existe sur le marché des dentifrices spécifiquement conçus pour les soins quotidiens en cas de maladie parodontales (Parodontax en particulier) qui peuvent réduire les saignements et l’inflammation, lutter plus efficacement contre la plaque dentaire, limiter la sensibilité (au froid notamment, qui s’installe toujours à mesure que la maladie progresse), et réduire l’halitose (mauvaise haleine) engendrée par la parodontite.
Votre chirurgien-dentiste peut de son côté vous prescrire un dentifrice spécifique ou vous conseiller une marque adaptée.
Se contenter d’un détartrage annuel
Le détartrage annuel est essentiel. Mais quand la maladie parodontale est avancée, il ne suffit pas toujours (en particulier chez les personnes diabétiques, plus à risque). Votre chirurgien-dentiste sera le plus qualifié pour vous conseiller sur le nombre de détartrage à effectuer en fonction de l’état de vos gencives et de la quantité de plaque/tartre. Veillez simplement à vous astreindre à ses soins sur la durée, car d’eux dépend la progression plus ou moins rapide de l’atteinte.
Si vous ne pouvez pas exécuter le ou les détartrages conseillés, vous risquez très vite d’être confronté à des soins beaucoup plus lourds comme le surfaçage radiculaire (un détartrage approfondi).
Interview du Dr Christophe Lequart,chirurgien-dentiste et porte-parole grand public de l'Union Française de la Santé bucco-dentaire.
Sondage GUM/Institut Appinio de février 2024
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