
Les femmes souffrent plus que les hommes ! Non seulement ce constat est prouvé depuis plusieurs années, mais il est dorénavant expliqué. Une avancée rendue possible par une récente étude de l’Université de Calgary (Canada).
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Cette étude, menée par le Dr Tuan Trang, est partie des conclusions d’une autre recherche datant de 2019. Cette année-là, le rapport du groupe de travail canadien sur la douleur (Canadian Pain Task Force) a révélé que la douleur chronique est plus fréquente chez les femmes que chez les hommes. Cette vérité s’applique à tous les âges, y compris chez les enfants.
Une douleur est définie comme chronique lorsqu’elle dure depuis plus de trois mois. Elle peut avoir une multitude de causes, de maladies physiques à troubles psychologiques. Or, les douleurs chroniques nuisent grandement à la qualité de vie, et peuvent même devenir invalidantes.
Une différence due à un mécanisme différent chez la femme
Une des premières raisons à cette différence est que certaines douleurs sont spécifiques aux femmes. Il s’agit principalement de celles liées au cycle hormonal et à l’appareil génital féminin. Mais ce n’est pas la seule explication ! L’enquête a conclu que les femmes étaient également plus touchées par la douleur pour des pathologies similaires aux hommes. Pire : les femmes réagissent moins aux traitements analgésiques, censés faire diminuer ou disparaître la douleur.
Et l’étude du Dr Tuan Trang a trouvé une piste de réponse. Elle se concentre particulièrement sur la douleur neuropathique, causée par des lésions nerveuses. Ces dernières peuvent entraîner une douleur ressentie par des stimuli normalement non-douloureux, comme un léger toucher ou des changements de température.
Or, les chercheurs ont observé que les signaux de douleur chez les rongeurs, mâles et femelles, sont transmis par une protéine appelée pannexine 1 (Panx1). Seulement, la forme de cette transmission diffère selon le sexe. Chez les femelles, l'activation de Panx1 libère de la leptine, une hormone liée à une sensibilité accrue à la douleur.
Les femmes, grandes oubliées de la médecine
Cette étude peut ainsi expliquer pourquoi les traitements actuels contre la douleur sont moins efficaces pour les femmes. En effet, les médicaments sont presque exclusivement développés à partir de recherches sur les hommes, et les cobayes mâles, ce qui explique la méconnaissance des réactions du corps féminin à la douleur.
Dans un précédent article, le Pr Martine Gilard, administratrice de la Fondation Cœur et Recherche, confirme une vérité bien présente dans la recherche médicale. Elle explique que moins de femmes que d’hommes participent aux essais cliniques. “Or, elles ne sont pas identiques, notamment sur le plan hormonal. Les doses efficaces ne sont pas les mêmes d’un sexe à l’autre, ce qui pose problème”, estime-t-elle. Pire ! La spécialiste ajoute que “même les prémices de ces recherches sur les médicaments se font souvent sur des animaux de laboratoires, mâles eux aussi, les femelles ne sont pas incluses”
Vers une amélioration ?
Il en va de même pour les maladies spécifiques aux femmes. Le manque de recherche existante au sujet des troubles de la santé féminine constitue encore aujourd’hui une faille dans l’égalité entre les deux sexes au niveau médical. Bien que la recherche évolue dans ce sens, il reste des lacunes, qui expliquent certaines douleurs chroniques féminines.
Les niveaux élevés de leptine chez les femmes souffrant de douleurs chroniques avaient pourtant déjà été observés dans des études antérieures. Cette découverte pourrait donc aider à personnaliser les traitements pour mieux répondre aux besoins des femmes.