L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) vient de durcir les conditions de prescription et d’obtention du tramadol et des médicaments contenant de la codéine (utilisée dans certains sirops contre la toux), des antalgiques de la classe des opioïdes dont l’usage pose problème en France.
Des risques de mésusage et de dépendance
Dans une enquête OpinionWay/OFMA publiée en 2022, la Fondation Analgesia, dédiée à la douleur, révèle que 12% des Français “déclarent suivre un traitement par au moins une de ces deux substances opioïdes.” Avec à la clé des risques importants de surconsommation ou de mauvaise utilisation de molécules qui ne sont pas sans danger.
L’Organisation mondiale de la santé rappelle ainsi que les opioïdes (comme le tramadol et la codéine ou encore le fentanyl qui appartiennent à la même famille que la morphine) sont responsables de 80% des décès liés à la consommation de drogues.
En plus des risques de dépendance, notamment quand la prise d'opioïdes est mal encadrée (trop longue, en automédication…), l’OMS précise également qu’en raison “de leurs effets pharmacologiques, les opioïdes peuvent provoquer des difficultés respiratoires, et une surdose peut entraîner la mort”.
Des contrôles plus poussés depuis 2017
Face à cette problématique majeure et dans un contexte où les douleurs chroniques touchent en France plus de 12 millions de personnes, l’ANSM avait déjà pris des dispositions dès 2017.
Ces médicaments sont depuis soumis à prescription médicale obligatoire, et le tramadol ne peut pas être donné pour une durée excédant 3 mois. “Nous avons demandé aux industriels commercialisant des médicaments contenant du tramadol la mise sur le marché de boîtes contenant moins de comprimés, adaptées aux traitements de courte durée, en complément des boîtes déjà disponibles,” indique encore l’ANSM. Dans le même temps, les autorités ont mené des campagnes d’information en direction des professionnels de santé et du grand public.
Malgré cela, les dernières enquêtes de pharmacovigilance montrent que les problématiques liées au mésusage et à la dépendance du tramadol et de la codéine demeurent.
Des obligations encore renforcées
“À compter du 1er décembre 2024, les médicaments contenant du tramadol ou de la codéine, seuls ou en association à d’autres substances (paracétamol, ibuprofène…) seront dispensés uniquement sur présentation d’une ordonnance sécurisée, a annoncé l’ANSM en cette fin septembre 2024. Le prescripteur devra y avoir inscrit en toutes lettres le dosage, la posologie et la durée de traitement.” Comme pour le tramadol, la durée maximale de prescription de la codéine est portée à 12 semaines. La dihydrocodéine, utilisée pour les douleurs modérées à sévères, est incluse dans les restrictions. Des mentions d’alertes pourraient enfin voir le jour prochainement sur les boîtes de ces médicaments.
Qu’est-ce qu’une ordonnance sécurisée ?
Déjà utilisées pour les prescriptions de médicaments sensibles (la morphine par exemple, ou certains antidépresseurs), les ordonnances sécurisées visent à limiter le risque de falsification. “Les ordonnances sécurisées sont des ordonnances au format papier qui répondent à des spécifications techniques précises : papier filigrané blanc naturel sans azurant optique, mentions pré-imprimées en bleu, numérotation de lot, carré en micro-lettres etc.,” détaille l’Ordre des pharmaciens. Elles font parfois mention de la pharmacie dans laquelle il est obligatoire de retirer le médicament.
«En 2022, sur environ 2 600 ordonnances falsifiées, 457 concernaient le tramadol, 416 la codéine pour ses spécialités antitussives et 293 pour des indications contre la douleur», précise Philippe Vella, directeur médical à l’ANSM.
A savoir : si vous avez actuellement une ordonnance en cours pour l’un ou l’autre de ces médicaments, elle reste valable le temps de la prescription, même si elle court après le 1er décembre.
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