En France, on estime qu'entre 30 et 35% des calories ingérées par les adultes proviennent d'aliments ultra-transformés, d’après un rapport de l’Assemblée nationale. En Australie, ce chiffre monte jusqu’à 40%. Partant de ce constat, des chercheurs australiens ont voulu comprendre l’impact de ce type d’alimentation sur la santé mentale des habitants. Les résultats de leur étude sont parus le 15 août 2023 dans la revue Journal of Affective Disorders.
Aliments ultra-transformés : 23 299 personnes suivies
Qu’appelle-t-on aliments ultra-transformés ? Comme l’explique le site gouvernemental Manger Bouger : “Ils n'ont plus grand-chose à voir avec les matières premières dont ils sont issus. En effet, on dit qu’ils sont ultra-transformés car l’aliment d’origine a subi d’intenses transformations physiques, chimiques ou biologiques par des procédés industriels (par exemple : fractionnement d’un aliment en de multiple composants – craking - prétraitement par friture, chauffage à très haute température…) Des additifs et/ou ingrédients (maltodetxrine, huiles hydrogénées, amidon modifié…) réservés à l’usage industriel et qui ne sont pas utilisés en cuisine à la maison, sont souvent ajoutés pour arriver au produit final que l’on retrouve dans nos rayons.”
Les auteurs de l’étude parue dans Journal of Affective Disorders ont analysé les données de 23 299 personnes âgées de 27 à 76 ans. Celles-ci ont participé au Melbourne Collaborative Cohort Study, une vaste étude australienne ayant pour but d’évaluer, entre autres, les rôles de l’alimentation et des modes de vie dans la survenue des cancers. Les personnes présentant une détresse psychologique au début de l’étude et 30 jours avant celle-ci ont été exclues des résultats.
Les volontaires ont été suivis sur une période de 13 à 17 ans, période pendant laquelle leur santé émotionnelle a été mesurée via un questionnaire spécifique à la détresse psychologique, le Kessler Psychological Distress Scale. Résultats : les chercheurs ont découvert que les adolescents qui consomment des aliments ultra-transformés régulièrement sont plus susceptibles de développer des syndromes dépressifs 10 ans plus tard que leurs pairs qui suivent un régime plus sain. L’association entre aliments ultra-transformés et dépression n’était pas affectée par le sexe, l’âge, l’indice de masse corporelle (IMC), le statut marital, le nombre de personnes vivant dans le foyer et le niveau d’activité physique. “Nous avons remarqué que lorsque les individus mangent davantage, ou de plus en plus d’aliments ultra-transformés, leur risque de développer une dépression augmente. Ce risque est encore plus grand quand les aliments ultra-transformés constituent environ 30% de tout ce qu’ils mangent”, développe l’autrice principale de l’étude, la docteure en psychologie Melissa Lane. Cependant, il faut garder à l’esprit que cette étude est observationnelle : cela signifie qu’elle n’établit pas de causalité. Est-ce que les aliments ultra-transformés entraînent la dépression, ou est-ce que les personnes dépressives mangent davantage d’aliments ultra-transformés ? Cela n’a, pour le moment, pas encore été tranché par la recherche. L’étude de la docteure Melissa Lane offre donc des pistes de réflexion pour de futures études, mais elle n’apporte pas de réponse claire.Dépression : des personnes suivies pendant 17 ans
Dépression et aliments ultra-transformés : l'œuf et la poule
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