Avant le procès des viols de Mazan, dont le verdict a lieu jeudi 19 décembre, la soumission chimique était encore méconnue et sous-estimée en France. "Pourtant, ce type de violence touche de multiples profils de victimes : des femmes, parfois des hommes, mais aussi des enfants, et jusqu’aux nourrissons ou aux personnes âgées, et ce, dans tous les milieux sociaux", rappelle l'association MendorsPas, lancée en mai 2023 pour lutter contre cette menace.
L'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (Ansm) définit "la soumission chimique comme l’administration, à des fins criminelles (viols) ou délictuelles (violences, vols), de substances psychoactives à l’insu de la victime ou sous la menace." Une consommation volontaire n'est pas considérée comme une soumission chimique. "L’administration" peut recouvrir divers procédés tels que l'ingestion, l'inhalation et l'inoculation.
"Il n'y a pas que le GHB. Il y a des médicaments sédatifs qui endorment, des drogues illégales, des stimulants qui vont altérer le comportement, l'hypersexualiser, faciliter le passage à l'acte, ou encore des drogues dissociatives, hallucinogènes qui vous font perdre la notion de la réalité"
Les produits utilisés sont des substances psychoactives qui agissent sur le fonctionnement du cerveau, provoquant des modifications du comportement. Elles diminuent la vigilance de la victime pour la rendre plus vulnérable aux agressions. Les plus connus sont les antihistaminiques et sédatifs, les benzodiazépines et les opioïdes. D’autres molécules comme l'alcool et le GHB peuvent aussi se retrouver.
Le 15 octobre, une plateforme d’écoute spécifique dédiée aux victimes de soumission chimique a été ouverte. Près de deux mois après son ouverture, les appels fusent. Les appelants sont des hommes et des femmes qui ont été drogués puis agressés, mais aussi des médecins qui veulent des informations pour ne plus rater un diagnostic. "Très souvent, on nous dit : "j'ai été drogué au GHB", mais il n'y a pas que le GHB. Il y a des médicaments sédatifs qui endorment, des drogues illégales, des stimulants qui vont altérer le comportement, l'hypersexualiser, faciliter le passage à l'acte, ou encore des drogues dissociatives, hallucinogènes qui vous font perdre la notion de la réalité", témoigne à France Info Leila Chahouachi, pharmacienne et experte de l’enquête nationale sur la soumission chimique auprès de l’Ansm.
Des kits de détection de substances, à destination de tous, sont aujourd’hui disponibles en pharmacie en cas de doute. Pour alerter le plus rapidement possible, voici un diaporama des signes à repérer.
Amnésie
- Fatigue, somnolence, coma
Troubles neurologiques
- Vertiges, convulsions, maux de tête
Troubles du comportement
- Brouillard mental
- Sentiment d'être mal dans sa peau sans savoir pourquoi
Troubles somatiques
- Nausées, vomissements
Signes qui laissent penser à une agression
- Signes de violence physique
- Désordres vestimentaires
- Découverte de produits suspects
- Perte de carte bancaire ou de chequier
- Vols d'objets
Perte de poids
- Perte d'appétit inexpliquée
- Perte de cheveux
Infections sexuellement transmissibles
- Chlamydia
- Herpès
- Syphilis
- HPV
- VIH
- Hepatite B
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