Il y a cinq ans, deux jours avant Noël, j’étais chez moi avec mon épouse. Nous buvions notre habituel café post déjeuner. Soudain, je me suis rendu compte que je ne me souvenais plus de ce que j’avais fait juste avant. J'avais oublié toute la matinée. C’était comme si je me “réveillais” et j’avais perdu une partie de ma mémoire.
J’avais oublié jusqu’à mon adresse
Ce sentiment m’a perturbé, j’ai donc tenté d’analyser ce dont je me souvenais. En plus des dernières heures, j’avais oublié la journée précédente, et un tas de choses vécues récemment. Je venais de m’installer dans une nouvelle région, et je ne me souvenais plus des noms des communes alentour. J’avais même oublié mon adresse. De même, ayant pris récemment un nouveau poste, je ne pouvais pas me rappeler des noms de mes collègues.
Je me souvenais donc des dernières semaines, mais je perdais des morceaux d’information. C’était surtout lié aux mots. En faisant un gros effort, j’arrivais à en retrouver quelques-uns, mais pas tous, et pas les dernières 24h. En revanche, tous mes souvenirs plus anciens étaient intacts.
J’ai cru que je faisais un AVC
J’en ai parlé à ma compagne, qui s’est inquiétée aussi. Nous avons d’abord pensé à un AVC. Mais comme je ne tenais pas de propos incohérents, et que je n’avais aucun signe de paralysie typique de cet accident, nous l’avons finalement écarté. Quelques heures après, les souvenirs ne revenant pas, nous nous sommes tout de même rendus aux urgences.
A l’hôpital, j’ai vu divers médecins et j’ai passé une batterie de tests : tomodensitométrique, électrocardiogramme… La neurologue avait d’abord suspecté un AIT (accident ischémique transitoire, l'équivalent d’un mini-AVC) mais les examens n’ont révélé aucune anomalie de ce type. Le scanner a juste montré une toute petite trace expliquant qu'il s’était passé quelque chose dans mon cerveau, sans raison : les médecins ont conclu à un ictus amnésique.
Je connaissais déjà ce phénomène car il était arrivé la même chose à ma belle-mère, deux ans plus tôt. J’ai donc su tout de suite que je n’avais rien de grave, bien que ce soit impressionnant. Il s’agit d’une amnésie soudaine et temporaire, totalement bénigne. D’ailleurs, au fil de la journée, la mémoire m’est revenue : je n’ai jamais pu me souvenir des dernières 24h, mais tout le reste est redevenu intact.
On m’a dit que c’était dû au stress
J’ai demandé aux médecins ce qui avait pu provoquer cet ictus amnésique, mais j’ai eu le sentiment qu’ils n’avaient pas la réponse. Ils ont seulement évoqué le stress. Il est vrai que mon récent déménagement et ma prise de poste ont pu être source de surmenage : j’avais de hautes responsabilités, des échéances importantes, des visites d’autorité… Mais ce n'était pas la première fois que j’étais confronté à des événements de ce type. Je ne saurai jamais avec certitude ce qu’il s’est passé, car rien sur les examens ne l’explique.
Heureusement, je n’ai pas eu besoin de traitement particulier, et je n’ai pas eu d’autres symptômes. Une fois l’inquiétude passée et la mémoire revenue, j’ai pu reprendre ma vie, dès le soir même, comme si de rien n’était. L’ictus amnésique n’a pas forcément vocation à se reproduire, ce n’est pas héréditaire ni corrélé à d’autres maladies de la mémoire. C’était il y a cinq ans et depuis, tout va bien : je suis à la retraite donc j’ai réduit le stress !
Source : Interview de Alain B.
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