Comme un diabétique sur deux, êtes-vous touchés par la détresse du diabète ?Image d'illustrationIstock
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Être diagnostiqué d’un diabète transforme le quotidien du jour au lendemain. Surveillance de la glycémie matin et soir, injection d’insuline, changement des habitudes alimentaires, tant de tâches qui peuvent impacter la santé mentale des personnes qui en souffrent. Le Dr Boris Hansel, diabétologue et nutritionniste à l’hôpital Bichat, précise au média médical Medscape qu’un patient diabétique effectue en moyenne 180 tâches par jour en lien avec sa maladie, ce qui peut entraîner une charge mentale importante.

Bien que cette détresse soit mieux documentée dans la littérature scientifique, elle reste, selon ce médecin spécialiste, sous-diagnostiquée. "C'est un facteur responsable du déséquilibre du diabète, voire d'épisodes d'acidocétose que nous redoutons et contre lesquels on veut absolument lutter", explique-t-il.

Une souffrance qui entraîne parfois des faux diagnostics de dépression. Selon une étude publiée en 2015 dans la revue Diabetic Medicine, beaucoup de ce qui a été considéré comme de la dépression chez des adultes aux prises avec le diabète de type 1 peut être attribué à la détresse émotionnelle de gérer une maladie chronique exigeante.

"C'est lors d'un entretien avec un soignant que l'on peut confirmer cette détresse liée au diabète. D'où l'importance d'introduire dans nos consultations, que ce soit pour les médecins ou les soignants non médicaux, un temps pour l'évaluer"

Il n’y a pas que la santé psychologique qui est à risque, mais également le contrôle de la glycémie. Une étude américaine réalisée sur une cohorte de jeunes de 13 à 17 ans a montré un déséquilibre de leur taux de sucre dans le sang. Des résultats similaires ont d’ailleurs été observés chez des adultes.

Pour aider les médecins dans le diagnostic, des questionnaires permettent de les orienter. "C'est bien sûr insuffisant. C'est lors d'un entretien avec un soignant que l'on peut confirmer cette détresse liée au diabète. D'où l'importance d'introduire dans nos consultations, que ce soit pour les médecins ou les soignants non médicaux, un temps pour l'évaluer", confie le Dr Boris Hansel.

Le problème qui se pose aujourd’hui est le temps des consultations, trop court. "Ce n’est pas forcément évident, surtout quand on a beaucoup de choses à voir avec le patient", se lamente le médecin.

Une prise en charge pluridisciplinaire

Le Dr Boris Hansel souligne que la prise en charge de cette détresse ne doit pas se contenter de renforcer l’éducation thérapeutique. Lors d’un essai clinique, des médecins ont recruté 276 sujets qui avaient un diabète de type 1 et qui présentaient un score de détresse liée au diabète, témoignant justement d'une détresse, avec une glycémie déséquilibrée.

Ces patients ont été répartis en 3 groupes par tirage au sort avec 3 modalités d'accompagnement : une éducation pour mieux gérer le diabète, avec des conseils pour améliorer l'équilibre glycémique et l'hygiène de vie, un accompagnement psychologique uniquement basé sur la gestion des émotions liées au diabète, et une association d’un accompagnement technique pour améliorer l'équilibre glycémique et psychologique pour la gestion des émotions liées au diabète.

Une prise en charge des émotions intégrée dans le projet de soin

Aussi étonnant que cela puisse paraître, l'accompagnement psychologique, visant à améliorer la gestion des émotions, ressort comme l’approche la plus optimale pour obtenir à la fois une réduction de la détresse liée au diabète et une amélioration de l'HbA1c.

Pour diminuer ce risque de détresse, la prise en charge des émotions doit donc être intégrée dans le suivi de cette pathologie. "Cette gestion des émotions va permettre non seulement d'améliorer la santé mentale de nos patients, mais également l'équilibre glycémique et donc probablement de réduire les complications physiques du diabète", conclut le spécialiste.

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