Alcoolisme : Medisite.fr
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D'après le Baromètre de Santé publique France, en 2020, 23,7% de la population âgée de 18 à 75 ans dépassaient les repères de consommation d'alcool. La consommation de boissons alcoolisées reste profondément ancrée dans les pratiques culturelles françaises. Pourtant, il est clairement avéré que l’alcool est propice aux maladies cardiaques, neurologiques, cognitifs, à certains cancers et surtout à la dépendance.

Laurence Cottet en a fait les frais. Touchée par l’alcoolisme pendant plus de 15 ans, sa maladie aura eu raison de son emploi. Aujourd’hui, elle est consultante en addictologie et à l’initiative de Janvier Sobre, qui consiste ne pas boire d'alcool à partir de l'heure de lever le 1er janvier, jusqu'à la fin du mois.

Intervenante à l’édition 2022-2023 du Festival de la Communication Santé – pour lequel Medisite est partenaire – Laurence Cottet se confie à la rédaction sur le déclic qui lui a permis de s’en sortir.

Alcoolisme : "J’ai subi un drame et je n’étais pas prête à vire ça"

"Je suis tombée malade à l’âge de 35 ans", se souvient Laurence. L’alcoolisme est en effet considéré comme une maladie.

"J’ai subi un drame : le 31 mars 1995, mon mari est décédé dans mes bras. Je n’étais pas prête à vivre ça. J’ai été peu soutenue par ma famille".

À l’époque, Laurence avait déjà de mauvaises habitudes. "J’avais peu de limites. Et c’est vrai que parmi les alcooliques, on retrouve souvent ce type de patients. Il va s’agir de personnes qui n’ont pas été éduqués. Ce qui était mon cas. On ne m’a jamais fixé de limites. Donc j’ai tendance à toucher à tout et à me retrouver vite dans les excès". Laurence est tombée dans la maladie d’années en années.

Son alcoolisme ne lui a pas empêché de faire une belle carrière. Laurence exerçait comme juriste.

"Je me suis effondrée ivre morte lors d’une cérémonie. Ça a été le déclic"

Mais un évènement lui fait prendre conscience de son problème. "C’était le 24 janvier 2009. Je me suis effondrée ivre morte lors d’une cérémonie. Suite à ça, je me suis fait licencier. Ça a été le déclic. Je n’ai plus jamais bu depuis ce jour-là", raconte-t-elle.

« Je me suis enfin sentie considérée comme une malade et pas comme celle qu’on n'invite plus »

"Cette cérémonie a eu lieu un vendredi. Le lundi matin, j’ai été reçue par un médecin alcoologue. Je lui ai raconté mon histoire. Avec des yeux ahuris, il me dit ‘Mais Madame, ce n’est pas votre faute, vous êtes malade’. À partir de ce moment-là, je me suis enfin sentie considérée comme une malade et pas comme une débauchée. J’étais devenue celle qu’on n'invitait plus. Pour la première fois, je ne me sens plus jugée. Je me sens malade", explique Laurence.

Elle rappelle ensuite que le sevrage est une période difficile. Une personne dépendante à l’alcool ne va pas sentir tout de suite les bienfaits de l’arrêt. Elle va d’abord souffrir de ce qu’on appelle un syndrome de sevrage et se retrouver dans une situation difficile. D’où l’importance d’être suivi par un médecin.

"J’avais remplacé l’alcool par la nourriture"

"Mon médecin m’a suivie 18 mois. Le sevrage s’est bien passé. Mais je suis vite tombée dans une autre addiction : la boulimie. J’avais remplacé l’alcool par de la nourriture. Ce n’est que 4 ans plus tard, suite à un nouveau drame (ma sœur a mis fin à ses jours), que j’ai failli sombrer à nouveau".

Si Laurence s’en est de nouveau sortie, c’est grâce à une psychothérapie. "J’ai été suivie par un psychiatre, trois séances par semaine pendant 24 mois. Puis, j’ai commencé à écrire. J’avais trouvé ma voie. L’écriture a été thérapeutique pour moi. J’ai tout résolu grâce à ça".

Alcoolisme : quelle est la bonne réaction pour les proches ?

La pire chose à faire si vous êtes dépendant à l’alcool est de s’isoler, estime Laurence. "Ne restez pas seul. C’est une maladie, il faut se faire aider. Et votre volonté ne suffira pas. J’avais de la volonté et ça n’a pas suffi. Dites-vous aussi que cela peut arriver à tout le monde. Vous ne devez pas avoir honte".

Le patient alcoolique n’est pas le seul à souffrir. Il ne faut pas minimiser la douleur des proches qui se sentent souvent démunis. "L’entourage souffre énormément et doit aussi être aidé. Si vous avez un proche addict à l’alcool, ne vous mettez jamais en danger pour l’aider. Malheureusement, l’alcoolique n’écoute pas ses proches. Tant qu’il sait que vous êtes à ses côtés, il continuera à boire. Il ne faut donc pas hésiter à prendre vos distances pour vous protéger. C’est souvent lorsque l’entourage le lâche que l’alcoolique va avoir un déclic. Ne culpabilisez pas de vous éloigner. De toute façon, vous ne pourrez rien faire. Alors, protégez-vous en premier", conclue Laurence.

Sources

Merci à Laurence Cottet, auteure de Non, j’ai arrêté … oui une vie heureuse sans alcool est possible (éd. Dunot inter éditions)

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