Cancer et fêtes de fin d'année, il est temps de s'écouter Istock
Sommaire

Lorsqu’une épée de Damoclès se suspend au-dessus de la tête, les belles résolutions et la perspective d’une nouvelle année, synonymes de joie et de projets, semblent s’éloigner. Entre la gestion des effets indésirables des traitements, les contraintes alimentaires et les émotions submergeantes, il est normal de ressentir une certaine appréhension à l’idée de participer à ces réunions festives. "Communiquer de manière très ouverte et très sincère sur sa maladie à son entourage sans se suradapter va permettre de trouver sa place auprès de ses proches", explique Valérie Beaufort, psychologue en cabinet libéral et pour l’association HOPE, qui invite les femmes lors de stages à dépasser le sentiment de culpabilité et d’injustice face au cancer.

Exprimer ses besoins émotionnels, physiques et psychiques permet de déculpabiliser la situation. "Nous faisons souvent des projections qui ne sont pas réellement vraies. Lorsque les choses sont dites, nous ne sommes plus seuls face à la maladie", précise Valérie Beaufort. Le cancer oblige à s’écouter et à se choisir en priorité. "Le fait de pouvoir verbaliser les choses, de pleurer si besoin, aide beaucoup à traverser cette période", témoigne Annabel Brourhant, cofondatrice de l’association HOPE, qui a découvert son 4ᵉ cancer quelques jours avant les fêtes de Noël 2023.

"Si l'on ne digère pas le foie gras, il faut écouter son corps, se respecter et ne pas le manger"

Alors que le temps passé à table se densifie durant ces réunions de famille, les effets indésirables des traitements peuvent rendre ce moment de partage très compliqué. Foie gras, fruits de mer, fromage : tant d’odeurs qui exacerbent les nausées induites par la chimiothérapie. Les repas de fêtes sont synonymes d’aliments lourds et gras, difficiles à digérer. "Si l'on ne supporte pas le foie gras, il faut écouter son corps, se respecter et ne pas le manger", rappelle la psychologue. Pour apaiser les maux d’estomac, rien de mieux que des soupes de légumes et des boissons à base de gingembre. Et puis, c’est peut-être enfin le moment d'écouter ses propres envies culinaires et de laisser la place à l’improvisation.

Une improvisation qui pourrait même totalement réinventer ces fêtes de famille. "Cette période est un partage. Ne pas respecter les traditions n’empêche pas de passer un bon moment. La maladie peut permettre de créer quelque chose d’inédit ensemble, de ne plus faire les choses de manière automatique. En impliquant toute la famille dans cette transformation, la créativité de chacun peut laisser transparaître des idées originales pour diminuer le poids que la maladie provoque."

Laisser le choix et la possibilité de se retirer si on en a besoin

Pour Annabel, la clé d’une fête réussie réside dans la gestion de son énergie. "Les gens ne se rendent pas compte à quel point c’est compliqué de se mettre dans une activité festive. On voit les choses en noir. Est-ce que je vais être là l’année prochaine ? On essaie de faire bonne figure, mais ça demande une force que l’on n’a pas toujours", se souvient-elle. Il est donc primordial pour elle de se laisser la possibilité de se retirer si le besoin se fait ressentir. "C'était le cauchemar absolu pour moi. J'attendais des PET scans, j'ai rouvert cette page que je pensais avoir fermée à jamais. Le 31 décembre, l’angoisse est montée. J'ai dit à mes amis que je partirais avant minuit. J’avais juste envie d’être sous la couette au moment de passer en 2024", confie-t-elle.

Ne pas avoir peur de demander de l’aide

La société rime avec débrouillardise et individualisme. Et si le cancer était le moment pour casser ces codes et demander de l’aide lorsque c’est nécessaire ? "Ne pas avoir peur de déléguer. Le soutien des proches peut être très réconfortant. Ils peuvent même avoir de bonnes idées pour gérer le stress et les problèmes du quotidien", indique Valérie Beaufort.

Oublier les tabous, ne rien se laisser imposer et communiquer sont les trois mots d’ordre d’Annabel et Valérie Beaufort. "Ce n’est pas nécessaire de vivre la magie des fêtes comme la coutume nous l’impose. C’est okay de juste vouloir passer à travers chaque journée. Et c’est okay que les choses soient différentes cette année."

Sources

Interview avec Valérie Beaufort, psychologue clinicienne

Interview avec Annabel Brourhant, témoin et cofondatrice de l'association HOPE

https://hope-association.com/ 

Notre Newsletter

Recevez encore plus d'infos santé en vous abonnant à la quotidienne de Medisite.

Votre adresse mail est collectée par Medisite.fr pour vous permettre de recevoir nos actualités. En savoir plus.

Partager :