Le président de la République, Emmanuel Macron, a annoncé la poursuite du confinement jusqu’au 11 mai 2020. Si l’évolution de l'épidémie du coronavirus le permet alors, un déconfinement progressif pourra débuter. L’immunité au COVID-19 sera au cœur des stratégies adoptées. Toutefois, des questions se posent : combien de temps sont immunisés les malades une fois guéris ?
L’immunité : une réponse au SARS COV 2 encore méconnue
L’immunité au COVID-19 s’acquiert. Elle se développe lorsque l’organisme rencontre le virus. Après l’avoir vaincu une fois, le système immunitaire est capable de reconnaître l’agent infectieux et répondre à de nouvelles attaques par le biais d’anticorps (protéines présentes dans le sang) et de globules blancs (appelés lymphocytes T).
Nicholas Christakis, directeur du Human Nature Lab de l’Université de Yale dans le Connecticut, a expliqué sur Twitter le 19 mars 2020 que “Pour certaines pathologies comme la polio ou la varicelle, elle peut perdurer toute la vie, alors que pour beaucoup d’autres, ce n’est pas le cas. En ce qui concerne ce coronavirus, il faudra, pour le savoir, davantage de recul, et nous n’en sommes qu’au début de l’épidémie. Tout ce que nous pouvons faire, pour le moment, c’est attendre et observer”.
De son côté, Peter Openshaw, ancien président de la Société britannique d’immunologie, confirme “Comme ce virus est très récent, nous ne savons pas combien de temps la protection générée par une première infection va durer. D’autres virus de la famille des coronavirus, comme ceux qui causent le rhume, ont tendance à induire une immunité courte, autour de 3 mois seulement.
Cependant, ces virus ont co-évolué avec le système immunitaire humain depuis des milliers d’années, ce qui signifie qu’ils ont peut-être développé des stratégies pour manipuler notre réponse immunitaire. Avec le nouveau SARS-CoV-2, la situation pourrait être très différente. Nous avons besoin d’étudier de façon urgente les réponses immunitaires des personnes qui ont guéri”.
SARS CoV 2 : une immunité plutôt courte
Une étude menée après l’épidémie de SRAS de 2003 - qui a plusieurs similitudes avec le SARS COV 2 - avait révélé que le taux d’anticorps des personnes infectées restait stable pendant environ 2 ans. Le nouveau coronavirus pourrait-il suivre le même chemin ?
Selon les experts, il serait plus probable qu’il appartienne aux infections récurrentes comme la grippe et les autres coronavirus (OC43, 229E, HKU1 et NL63) responsables des rhumes et plusieurs pneumonies. Ces dernières provoquent des immunités sur de courtes durées, 40 semaines en moyenne.
"L’immunité n'est probablement pas de long terme. Il est probable que chez tous les gens qui ont été infectés, l'immunité dure 3 à 6 mois. Si elle durait moins, ce serait exceptionnel pour un virus de ce genre," a reconnu Frédéric Tanguy, spécialiste des virus à ARN du département de virologie de l'Institut Pasteur de Paris.
Face à l’incertitude de l’immunité, la meilleure des protections reste le respect des gestes barrières en attendant la fin de l’épidémie ou la mise au point d’un vaccin.
Une immunité collective insuffisante ?
Le fait de développer des anticorps contre le COVID-19 est important. En effet, pour atteindre l’immunité de groupe qui empêcherait la circulation du SARS COV 2 dans l’Hexagone, 60% des Français doivent être immunisés. Or, si le confinement a évité une explosion trop importante des cas dans les services hospitaliers, il a limité les contaminations... et, par effet domino, l'immunisation.
L’équipe de Vittoria Colizza et Pierre-Yves Boëlle (Institut Pierre Louis d’épidémiologie et de santé publique, Inserm et Médecine Sorbonne Université) explique dans une étude menée sur les Franciliens et publiée le 14 avril 2020 : "la population infectée par le Covid-19, au 5 avril, devrait se situer entre 1% et 6%".
De plus, le taux de reproduction de base de l'épidémie a chuté de trois personnes contaminées pour un porteur du virus à moins d'un individu (0,68). Les chercheurs français mettent ainsi en garde : “la fin du confinement sans stratégie de sortie conduirait à une deuxième vague submergeant largement le système de santé".
Une "recontamination" possible ?
D’autres études scientifiques présentent des résultats plus inquiétants. Les premiers éléments d'une étude chinoise partagée sur MedRxiv montrent que certains malades ne fabriquaient pas d'anticorps contre la maladie.
Sur les 175 patients de Shanghai guéris du COVID-19 suivis par les chercheurs, environ 30% affichaient des niveaux d'anticorps faibles lors de leur sortie de l'hôpital. De plus, dix malades avaient, par ailleurs, un taux inférieur au seuil de détectabilité.
Les chercheurs ont précisé que des travaux supplémentaires étaient nécessaires pour déterminer si ces patients avec peu d’anticorps pouvaient être "recontaminés" par le SARS COV 2 après leur guérison.
Et, c’est là le problème avec ce coronavirus : si les scientifiques du monde entier travaillent pour tenter de le vaincre, ce nouveau virus reste encore bien mystérieux.
Ces différents éléments pourraient faire craindre une nouvelle vague de contamination. Il est donc important de respecter les consignes des autorités et les gestes barrières pendant l'épidémie de COVID 19.
Les gestes barrières à respecter
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