Pendant des semaines, les autorités ont réservé les tests uniquement aux patients les plus critiques et aux soignants. Mais depuis le dernier week-end de mars, le ministre de la Santé amorce un rétropédalage clair : il faudra pouvoir tester de façon massive pour sortir du confinement. Alors, qui est réellement concerné par ce dépistage hors du commun ? La réponse.
Selon le président, seules les personnes aux "symptômes visibles" seront testées
Ce lundi 13 avril, Emmanuel Macron a dévoilé la stratégie du gouvernement face au fameux "dépistage massif" prévu dans le pays.
À partir du 11 mai, date à laquelle le confinement prendra fin, "toute personne présentant un symptôme" pourra être testée, a affirmé le chef de l'État, avant d'ajouter : "Nous n'allons pas tester toutes les Françaises et tous les Français, cela n'aurait aucun sens."
Bien qu'il soit bien évidemment difficile, voire quasi impossible de tester toute la population française, de nombreux observateurs s'interrogent sur cette stratégie : se concentrer uniquement sur les malades visibles du coronavirus, n'est-ce pas prendre le risque de laisser des porteurs sains contaminer une population tout juste déconfinée ?
Dans le cas du SARS-CoV-2, il arrive en effet qu'on ne développe que peu, voire pas de symptômes, tout en étant contagieux.
Une inquiétude, qui restera en suspens pour le moment.
Dépistage massif : les personnes fragiles dans les Ehpad sont aussi concernées
"Testez, testez, testez", martèle depuis plusieurs semaines l'OMS pour combattre le coronavirus.
Un message que la France commence à entendre, puisque le gouvernement prévoit une vaste campagne de tests sérologiques, c'est-à-dire des prises de sang, pour tenter de freiner le nombre de cas graves dans les Ehpad.
Il s'agit de "tester tous les résidents et tous les personnels à compter de l'apparition du premier cas confirmé (...) au sein de l'établissement", ce qui "permettra de regrouper les cas positifs au sein de secteurs dédiés, dans les Ehpad, pour éviter la contamination des autres résidents", a précisé Olivier Véran.
Le ministre n'a pas donné de détails supplémentaires mais a assuré que les départements allaient "pouvoir mener, dès demain, des actions massives de dépistage dans tous les établissements" concernés.
Un dépistage "pour tous" en vue du déconfinement ?
Alors qu'il est difficile de cerner la stratégie du gouvernement vis-à-vis du dépistage massif, une chose est certaine : les Français devront passer par une vaste campagne de tests sérologiques avant d'envisager un déconfinement.
"Nous espérons que la recherche nous permettra d’être prêts pour fournir ce type d’examen fondamental pour les Français, à l’heure où nous préparerons le déconfinement de la France", lançait samedi dernier le ministre de la Santé Olivier Véran.
Ainsi, à l'image de son voisin allemand qui pratique déjà le dépistage massif, la France, bonne élève, essaye de "se préparer".
Le pays a ainsi déjà commandé près de 5 millions de "tests rapides", qui doivent arriver prochainement sur le territoire. Ils permettront une augmentation des capacités de dépistage avec "30 000 tests supplémentaires par jour au mois d'avril, 60 000 tests supplémentaires par jour au mois de mai et plus de 100 000 tests par jour au mois de juin", précise la Direction générale de la Santé.
Une accélération notamment voulue afin de détecter les porteurs sains, qui seraient entre 30 et 60 % des malades selon l'institut Pasteur.
Les tests sérologiques "rapides" sont en cours de développement
La France redouble d'efforts en vue du dépistage massif à venir. Mais les tests sérologiques rapides, en quoi consistent-ils ?
D'après le ministre de la Santé Olivier Véran, ils "permettront d'avoir un résultat rendu en quelques minutes, 10, 15, 20 parfois 30 minutes selon les tests considérés", a-t-il indiqué.
Ces nouveaux tests sont en cours d'élaboration, mais "sont désormais opérationnels pour certains d'entre eux", a poursuivi le ministre, en citant des recherches en France, aux États-Unis, au Japon ou en Corée du Sud.
Seul problème : ils ne traitent qu'un seul patient à la fois et semblent plutôt adaptés aux cas des patients à diagnostiquer en "urgence".
Mais selon les biologistes, la fiabilité de ces tests unitaires rapides n’est pas encore démontrée. L'Espagne a d'ailleurs commandé à la Chine 640 000 de tests rapides qui se sont avérés défectueux.
Quels sont les trois types de tests accessibles ?
Les tests PCR
Basés sur la détection du code génétique du Covid-19, ils déterminent si une personne est infectée par le nouveau coronavirus au moment où il est pratiqué.
Ces tests classiques, dits PCR, sont réalisés avec un échantillon pris à l'aide d'écouvillons dans le nez, et offrant des résultats en quelques heures sur des machines à "haut débit" de traitement.
Les tests dits "rapides"
Comme expliqué précédemment, le gouvernement se focalise actuellement sur les tests dits "rapides".
Leur rapidité vient de la recherche de la présence de fragments du virus dans le patient malade.
Les tests sérologiques
Ces tests sont produits à la fois par des instituts de recherche et par des industriels.
Réalisés via une simple prise de sang, ils visent à détecter les anticorps pour déterminer après coup si un individu a été en contact avec le virus, et s'il est immunisé.
Coronavirus : course à l'innovation dans les tests rapides de diagnostic, BFMTV, 1 avril 2020.
Maladie Covid-19, Institut Pasteur, 10 avril 2020.
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