On en sait encore trop peu sur le nouveau coronavirus et la manière dont il s'en prend vraiment au corps humain. Mais une chose est sûre : le Covid-19 peut provoquer un véritable carnage au sein de votre organisme.
A lire aussi :
Embolie pulmonaire : 7 facteurs de risque à connaîtreTout commence souvent par des gouttelettes provenant de la toux, des éternuements ou de la respiration d'une personne contaminée. Mais le virus peut aussi vous atteindre par l'air, ou via une surface infectée avec laquelle vous entrez en contact avant de toucher vos yeux, votre nez ou votre bouche. Quoi qu'il en soit, d'une manière ou d'une autre, vous ouvrez alors la voie au virus pathogène vers les muqueuses de votre gorge. Il faut ensuite jusqu'à 14 jours pour que votre système immunitaire réagisse et que de premiers symptômes comme un mal de gorge, de la fièvre ou une toux sèche, apparaissent.
Le coronavirus détourne vos propres cellules et les force à faire des copies de lui-même
Mais revenons à la manière dont le nouveau coronavirus s'insinue dans votre corps pour le conquérir...
Pour infecter votre organisme, tout virus a besoin de pénétrer au sein de vos cellules saines car une fois entré, il peut en effet s'y dupliquer à sa guise.
Sachant toutefois que le coronavirus a une particularité... Il se caractérise par une couronne de petites protéines pointues qui l'entoure (d'où son nom "corona"). C'est grâce à ces petits pics, qu'il s'accroche aux membranes cellulaires des voies respiratoires produisant une enzyme appelée ACE2 (qui a pour fonction normale d'abaisser la tension artérielle).
Si l'on considère le corps humain comme une maison et le coronavirus comme un voleur, l'enzyme ACE2 est donc la poignée de porte grâce à laquelle l'intrus pénètre par effraction.
Photo : le coronavirus pénètre dans les cellules humaines par la fixation de la protéine de pointe au récepteur ACE2
Photo : le coronavirus pénètre dans les cellules humaines par la fixation de la protéine de pointe au récepteur ACE2
Dans le détail : une fois accrochées, les protéines virales libèrent du matériel génétique appelé ARN, qui entre dans vos cellules. Ce matériel génétique les détourne alors de leurs fonctions initiales pour qu'elles créent des millions de copies du coronavirus. En se multipliant, les copies virales éclatent et infectent les cellules voisines. L'infection se propage à l'intérieur des voies respiratoires : votre nez, votre gorge, vos bronches et vos poumons qui ont plus de récepteurs ACE2 que le reste de vos voies respiratoires - c'est d'ailleurs la raison pour laquelle le Covid-19 peut faire bien plus de dégât qu'une simple rhinite. L'infection devient alors capable d'enflammer vos poumons, ce qui peut entraîner des troubles respiratoires plus ou moins graves et une pneumonie.
Certes, dans la majorité des cas, les symptômes se limitent à une toux et une fièvre. Dans plus de 8 cas sur 10, la maladie reste sans gravité. Mais il arrive hélas que l'infection prennent des proportions bien plus graves. Cinq à 8 jours après les premiers symptômes, certains malades présentent un essoufflement ou dyspnée. Le syndrome de détresse respiratoire aigu (SDRA) apparaît quelques jours plus tard.
Ce SDRA peut entraîner une respiration rapide, une accélération du rythme cardiaque, des étourdissements et s'accompagner de sudations. Il endommage les tissus et les vaisseaux sanguins de vos alvéoles, provoquant l'accumulation de débris dedans. Dans les cas les plus graves, les alvéoles peuvent même gonfler et empêcher la bonne circulation de l'oxygène. En raison de ce plus faible débit en oxygène, certaines zones des poumons se remplissent de liquide, de pus et de cellules mortes. L'inflammation rend aussi les membranes entre les sacs aériens (alvéoles) et les vaisseaux sanguins plus perméables, ce qui peut remplir de fluides les poumons et limiter leur capacité à oxygéner le sang. De nombreuses personnes atteintes de SDRA ont alors besoin d'aide pour respirer à l'aide d'un appareil appelé respirateur artificiel. Dans les cas les plus graves, les poumons sont inondés et on ne peut plus respirer, c'est ainsi que les patients meurent...
Covid-19 : comment il déclenche des "incendies viraux"
Cellules T de CAR libérant des cytokines
Outre le système respiratoire le nouveau coronavirus affecte aussi votre immunité. Contrairement aux autres coronavirus responsables par exemple du rhume, ce virus peut déclencher un véritable incendie viral dans votre organisme une fois qu'il s'y est introduit.
Stimulé par la présence d'un intrus, votre organisme se défend, entraînant de la fièvre et des symptômes comparables à ceux de la grippe. Pour contrer la maladie, votre corps envoie donc à vos poumons des cellules immunitaires pour limiter les dommages et réparer le tissu abîmés. En temps normal, ce processus inflammatoire se cantonne aux régions infectées... Mais hélas, il arrive que face à cette nouvelle pathologie, votre système immunitaire s'affole. L'infection étant incontrôlable, votre immunité largue des cytokines (elles répartissent les cellules immunitaires sur les sites infectés) dans les poumons en très grande quantité, en trop grande quantité en réalité. Votre organisme cesse alors de cibler seulement les cellules infectées, et s'en prend aussi à vos tissus sains.
Cette "tempête cytokinique" provoque une inflammation qui affaiblit les vaisseaux sanguins des poumons et des fluides commencent à s'introduire dans les sacs aériens, ce qui nous ramène au syndrome de détresse respiratoire aigu évoqué plus haut. À mesure que le liquide s'accumule dans vos poumons, ils transportent moins d'oxygène dans votre sang. Résultat, votre sang n'apporte plus assez d'oxygène à vos organes pour survivre... Ce qui peut provoquer l'arrêt non seulement de vos poumons, mais aussi de vos reins, et de votre foie.
Le virus attaque d'autres organes : reins, cœur, foie...
Le Covid-19 ne s'en prend pas qu'aux poumons... Une fois qu'un virus s'est introduit dans votre système sanguin, il peut nager jusqu'à n'importe quelle partie de votre corps.
L'enzyme ACE2 à laquelle le nouveau coronavirus s'accroche, existe largement dans les poumons. C'est pourquoi le virus s'y installe souvent. Mais elle aussi présente dans le cœur, les reins et l'intestin...
Voici les organes sur lesquels il peut aussi faire de graves dégâts.
- Cœur : les atteintes myocardiques sont très fréquentes dans cette pathologie, il y a donc probablement des atteintes spécifiques qui sont expliquées, en partie, par la présence des récepteurs du virus au niveau du myocarde.
- Reins : l’évolution du COVID-19 peut parfois se compliquer d’une insuffisance rénale aiguë. L'insuffisance rénale se manifeste par la perte de fonction des reins qui se traduit elle-même par une élévation des taux sanguins de créatinine et d'urée.
- Estomac et intestins. Le virus peut provoquer des troubles digestifs.
- Foie : la maladie peut entraîner des complications au niveau du foie. Les médecins ont décelé des signes de lésion hépatique avec le SRAS, le MERS et le COVID-19. Généralement modérées, elles entraînent parfois des dommages irréversibles et même à des insuffisances hépatiques dans les cas les plus graves.
- Cerveau : certains symptômes neurologiques ont été rapportés comme une sensation de malaise, une incohérence...
- Nez et bouche : certains patients rapportent une perte de goût et d'odorat.
- Yeux : des cas de conjonctivites ont été rapportés.
- Peau : le Covid-19 peut provoquer des lésions cutanées, eczéma, rougeurs, acrosyndromes.
https://www.nytimes.com/article/coronavirus-body-symptoms.html?auth=linked-facebook&fbclid=IwAR0XMktqa7KrRM3oGX3P20IsrI4RFJZEWpuXxXzaD1AXBCMn4ytTqKpWsDc
https://science.sciencemag.org/content/367/6485/1444
Journal de l'American Medical Association : «Les infections à coronavirus - plus que le simple rhume».
Johns Hopkins Medicine: «On m'a diagnostiqué la nouvelle maladie des coronavirus, COVID-19. À quoi dois-je m'attendre? "
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