Cancers du pancréas : le régime cétogène stoppe son développement Image d'illustrationIstock
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Le cancer du pancréas est la 7ème cause de décès par cancer au niveau mondial avec des facteurs de risque toujours difficiles à identifier. L’adénocarcinome du pancréas est le plus répandu et touche majoritairement les pays développés. Alors que de plus en plus de moyens sont déployés pour réduire cette mortalité, des scientifiques de l'Université de Californie à San Francisco ont découvert qu'un régime cétogène peut interagir avec certaines thérapies anticancéreuses pour bloquer le développement du cancer du pancréas chez la souris.

Dans une nouvelle étude publiée dans la revue Nature le 14 août 2024, les chercheurs décrivent comment un régime riche en protéines associé à une thérapie anticancéreuse a bloqué le métabolisme des graisses chez les souris. Les cellules cancéreuses se sont alors retrouvées affamées et elles ne pouvaient plus se développer. Les tumeurs ont alors stoppé leur évolution.

Des cellules cancéreuses affamées

Pour parvenir à ce résultat, les auteurs de l’étude ont examiné comment l'organisme est capable de se maintenir à jeun. Ils ont alors découvert qu’une protéine connue sous le nom de "facteur d'initiation de la traduction eucaryote", amène l'organisme à consommer des graisses pendant les périodes de jeûne. Un processus qui se produit aussi dans le cadre d'un régime cétogène.

Les chercheurs se sont ensuite rendu compte qu’un nouveau médicament contre le cancer, actuellement en cours d'essais cliniques, bloque cette protéine de sorte que l'organisme cesse de métaboliser les graisses.

"Ces résultats sont prometteurs quant à la capacité d'une combinaison régime-médicament à traiter d'autres cancers"

En associant ce traitement à un régime cétogène dans un modèle animal de cancer du pancréas, les chercheurs ont pu affamer les cellules cancéreuses et les tumeurs ont diminué.

Le Professeur Davide Ruggero à l’American Cancer Society, Professeur dans les départements d'urologie et de pharmacologie moléculaire cellulaire à l'UCSF et auteur de l'étude, a déclaré dans un communiqué que ces résultats sont prometteurs quant à la capacité d'une combinaison régime-médicament à traiter d'autres cancers.

Des résultats à interpréter avec prudence

Il faut néanmoins les prendre avec prudence. C’est ce que rapporte Melanie Murphy Richter, diététicienne nutritionniste agréée et directrice de la communication de la société Prolon, au média américain Medical News Today que les résultats présentaient un grand potentiel, mais que des recherches plus approfondies devaient être menées sur l'homme avant d’en tirer des conclusions.

"Ce qui fonctionne chez la souris n'est pas toujours transposable à l'homme, et le corps humain est complexe. Il n'est pas facile de s'astreindre à un régime alimentaire aussi strict, surtout lorsqu'une personne est déjà confrontée aux rigueurs d'un traitement anticancéreux. De plus, il est important de prendre en compte la qualité de vie du patient. Un régime strict peut être difficile à maintenir, en particulier pour ceux qui doivent déjà faire face aux charges physiques et émotionnelles de la maladie", explique-t-elle.

Une voie pour de nouvelles stratégies de traitement contre le cancer

Le Professeur Anton Bilchik, chirurgien oncologue, chef de médecine et directeur du programme gastro-intestinal et hépatobiliaire au Providence Saint John's Cancer Institute à Santa Monica en Californie aux États-Unis avertit à Medical News Today que l'interaction entre la perte de poids et le cancer pouvait également se retourner contre les patients, en particulier dans le cas du cancer du pancréas.

"Bien que les résultats de cette étude soient fascinants, il est important de noter que de nombreux patients atteints de cancer du pancréas perdent une quantité importante de poids qui provoque une dégradation musculaire. Un régime qui peut conduire à une perte de poids supplémentaire pourrait avoir un effet négatif sur le système immunitaire et sa capacité à lutter contre le cancer", souligne-t-il.

Cette étude pourrait ouvrir la voie à de nouvelles stratégies de traitement du cancer en s'appuyant sur le concept de ciblage des vulnérabilités métaboliques des cellules cancéreuses. "Cette étude souligne l'importance croissante de la médecine personnalisée. En comprenant les besoins métaboliques uniques des différents cancers, les traitements peuvent être adaptés pour cibler ces faiblesses spécifiques, ce qui pourrait conduire à des thérapies plus efficaces et potentiellement moins toxiques", a déclaré Mme Murphy Richter.

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