

Le soleil est de retour, et avec lui ses pics de pollution. Conséquences : augmentation des maladies respiratoires, cardiovasculaires et métaboliques. C’est un fait, les particules fines dégradent fortement la santé humaine, selon une étude de Santé publique France publiée le 29 janvier 2025. "L’exposition à long terme à la pollution de l’air constitue un fardeau considérable pour la santé et l’économie en France hexagonale", a résumé Sylvia Medina, coordonnatrice du programme Air et Santé de SPF, lors d’une conférence de presse.
Entre 2016 et 2019, l’agence sanitaire a évalué l’impact de la pollution de l’air ambiant sur la survenue de huit maladies. Résultat : entre 12 et 20 % des nouveaux cas de maladies respiratoires chez l’enfant et entre 7 et 13 % des nouveaux cas de maladies respiratoires, cardiovasculaires ou métaboliques chez l’adulte sont attribuables annuellement à une exposition à long terme à la pollution de l’air ambiant liée aux activités humaines. "Tout le monde est concerné par la pollution de l’air ambiant et ses impacts", alerte le Dr Caroline Semaille, directrice générale de Santé publique France, dans un communiqué.
Particues fines et dégradation de l'air
"Dans l'air se trouve un mélange de nombreux polluants. On peut avoir des particules en particulier, puis des oxydes d'azote, comme le dioxyde d'azote, qui est un marqueur du trafic routier. Ce sont des polluants primaires qu'on va émettre directement dans l'atmosphère, mais qui peuvent se transformer", explique sur France Culture Valérie Siroux, épidémiologiste en santé environnementale et en santé respiratoire, et directrice de recherche à l'Inserm.
Les causes de la pollution
Les différentes sources de pollution impactent la santé de manière différentes. Selon la spécialiste, la pollution de l’air ambiant est différente selon le lieu d’habitation. "La concentration de dioxyde d'azote, dont la source principale est le trafic automobile, peut être particulièrement élevée à proximité d'une voie à forte circulation. Et la concentration de particules, dont l'une des principales sources est le chauffage au bois, peut être particulièrement élevée en hiver, notamment dans les vallées alpines", précise-t-elle sur France Culture.
L’objectif de cette étude est de mettre en avant les bénéfices pour la santé et l’économie d’une action collective et durable sur l’amélioration de la qualité de l’air. Réduire les concentrations aux niveaux recommandés par l’Organisation mondiale de la santé permettrait d’éviter 75 % des cas de maladies liées à l’exposition aux particules fines et près de 50 % de celles liées au dioxyde d’azote, estime l’étude.
Santé publique France rappelle que chaque année en France, 40 000 décès sont attribuables aux particules fines.
Quelles sont les maladies provoquées par la pollution de l'air ?
Cancer du poumon

L’exposition à la pollution atmosphérique a été classée par le Centre international de Recherche sur le Cancer (CIRC) comme cancérogène avéré en 2013.
Certains composants comme les particules dites "fines" ou PM2,5, les gaz d’échappement des moteurs diesel, le benzène, ou le formaldéhyde ont été classés dans cette catégorie.
Quant à l'acétaldéhyde, et l'hydrocarbures aromatiques polycycliques, ils sont considérés comme des composants cancérigènes possibles.
Bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO)

Une étude publiée en janvier 2022 sur ScienceDirect concernant l'impact de la pollution atmosphérique sur les exacerbations de bronchopneumopathie chronique obstructive dans la Somme a été réalisée. Dans cette région, une hausse des hospitalisations et de la mortalité a été observée.
"La composition des polluants atmosphériques étant variée, nous avons décidé d’évaluer spécifiquement l’impact de certains composants sur le risque d’exacerbations, en particulier les particules ultrafines, les métaux lourds et le black carbon", explique l'étude.
Leurs résultats montrent une corrélation entre la composition des polluants atmosphériques, notamment les concentrations de certains métaux lourds, et les exacerbations de la BPCO.
Asthme

La pollution de l'air ambiant entraîne une réduction de la capacité respiratoire, une augmentation de la réactivité bronchique, une croissance cellulaire anormale pouvant conduire au développement d’une bronchopneumopathie chronique obstructive, de l’asthme, d’infections respiratoires inférieures et, dans certains cas, à un cancer du poumon.
Pneumopathie et autres infections aiguës des voies respiratoires inférieures

Comme pour l’asthme, la BPCO et le cancer, la pollution de l’air ambiant entraîne une réduction de la capacité respiratoire pouvant conduire à plusieurs infections aiguës des voies respiratoires.
"Les polluants sont en effet des irritants très réactifs qui abîment les muqueuses et facilitent les réactions allergiques et inflammatoires, mais aussi les infections par des micro-organismes", explique dans un communiqué de l'Inserm Isabella Annesi-Maesano, épidémiologiste et directrice de recherche à l'Inserm, à Montpellier.
AVC

Au niveau cardiovasculaire, cette pollution provoque une réduction de la variabilité du rythme cardiaque, une augmentation de la pression artérielle et de la coagulabilité sanguine, ainsi qu'une progression de l’athérosclérose conduisant au développement de maladies coronariennes telles que l'infarctus du myocarde et les accidents vasculaires cérébraux (AVC).
Infarctus aigu du myocarde

"Les particules les plus fines peuvent également pénétrer en profondeur dans les bronches, atteindre la circulation sanguine et déclencher, entre autres, des accidents vasculaires cérébraux (AVC) ou des infarctus du myocarde", poursuit Isabella Annesi-Maesano dans un communiqué de l'Inserm.
Diabète de type 2

Selon l'Inserm, d'autres éléments suggèrent des liens entre la pollution de l’air et de nombreuses pathologies chroniques. Et la liste est longue : diabète, obésité, maladies auto-immunes, allergies, troubles du développement et du spectre autistique, altération de la cognition et maladies neurodégénératives, troubles de l’humeur.
Hypertension artérielle

Cette pollution provoque une réduction de la variabilité du rythme cardiaque et une augmentation de la pression artérielle.
La pollution de l'air trouble l'esprit et rend les tâches quotidiennes difficiles

Est-ce que la pollution fatigue ?
Plus surprenant encore, des scientifiques des universités de Birmingham et de Manchester ont découvert qu'une exposition à des concentrations élevées de particules fines peut altérer la capacité d'une personne à se concentrer sur des tâches, à éviter les distractions et à se comporter d'une manière socialement acceptable. Cette conclusion a été publiée le 6 février dans Nature Communications.
Les experts suggèrent que l'inflammation causée par la pollution peut être responsable de ces déficits. Ils notent que si l'attention sélective et la reconnaissance des émotions ont été affectées, la mémoire de travail, elle, ne l'était pas. Cela indique que certaines fonctions cérébrales sont plus résilientes à l'exposition à la pollution à court terme.