
Tout a commencé à mes six ans, après avoir mangé de la pomme. J’ai eu des boutons, et ma gorge me grattait. Mais rien de plus, c’est vite passé, et je n’ai plus ressenti de symptôme de la sorte… Jusqu’à mes douze ou treize ans. Je me souviens que j’étais à la boulangerie, je goûtais des dragées pour la communion de ma sœur. D’un coup, j’ai ressenti des bouffées de chaleur, et ma gorge m’a gratté. C’était plus intense que la fois précédente. Heureusement, il y avait une pharmacie en face, j’ai donc pu prendre des antihistaminiques très vite, et tout est rentré dans l’ordre !
Mais depuis ce jour, tout s’est accéléré : en trois ans, je découvrais très souvent une nouvelle allergie. Aujourd’hui, je suis allergique à tous les fruits, sauf les agrumes ou certains fruits très cuits. Heureusement, je peux encore boire du cidre et du vin ! Je suis aussi allergique à tous les arachides sauf les noisettes, au soja, au radis, à l’avocat, au céleri, et aux tomates et carottes crues. Bizarrement, je peux manger ces deux dernières cuites sans souci !
Hormones, pollution, pollen, diversification alimentaire… Plusieurs causes possibles
Depuis cette époque, et encore à ce jour, j’ai eu plusieurs rendez-vous avec un allergologue, pour tenter de comprendre pourquoi j'étais si touchée. Dans ma famille, il y a des allergies au pollen et aux acariens, mais aucune comme les miennes. Plusieurs possibilités ont été évoquées : il pourrait s'agir de la pollution, d’un phénomène lié aux hormones (d’où son développement à l’adolescence), ou bien d’une allergie à des pollens qui se déposent sur ces aliments crus lorsqu’ils sont crus. Une autre éventualité est la diversification alimentaire, qui se faisait plus tôt dans les années 1990, lorsque j’étais enfant, et qui est soupçonnée d’être à l’origine de beaucoup d’allergies. Peut-être, aussi, que c’est un mix de tous ces facteurs !
Si jamais l’origine est hormonale, l’avantage, c’est que ces allergies pourraient disparaître lors d’une potentielle grossesse, ou après un accouchement, voire à la ménopause. Il est aussi possible que toutes ces allergies disparaissent d’un coup : parfois, on est programmé pour être allergique à quelque chose sur une période donnée.
Parfois, mon corps oublie qu’il est allergique… J’évite quand même de faire trop de tests !
En attendant, je fais régulièrement des tests, pour savoir où j’en suis. Parfois, si je n’ai pas mangé un aliment pendant très longtemps, mon corps oublie qu’il est allergique : c’est grâce à cela que j’ai pu remanger de l’avocat pendant un an et demi, avant que l’allergie ne revienne. En général, j’évite quand même de faire trop de tests, ça peut être dangereux !
En effet, dans mon cas, ces allergies provoquent des boutons, des bouffées de chaleur, un grattement et, surtout, un gonflement de la gorge. C’est ce qu’on appelle un choc anaphylactique.L’issue peut être mortelle si elle n’est pas traitée… C’est pourquoi j’ai toujours mes cachets sur moi. Pour le moment, ils ont toujours fait effet, mais il est possible qu’un jour, ce ne soit plus le cas. Dans cette éventualité, j’ai aussi toujours dans mon sac une seringue d’adrénaline, qui diminue rapidement l'œdème.
Parfois, on me demande s’il faut me piquer dans le cœur, à cause du film Pulp Fiction.
D’ailleurs, dans mon entourage, tout le monde est au courant et sait comment m’administrer cette piqûre si besoin. C’est vrai qu’au début, les gens sont toujours surpris lorsque je leur fais la liste complète de mes allergies. Puis ils s’adaptent, et s’y intéressent même. Il y a quelques jours, mes collègues m’ont même demandé de leur faire une formation sur le sujet, pour qu’ils sachent comment réagir. Parfois, on me demande s’il faut me piquer dans le cœur, à cause du film Pulp Fiction… Alors, non, c’est dans la cuisse ou dans la fesse !
Au quotidien, c’est contraignant, mais je m’en accommode bien. Je regarde la composition de tout ce que j’achète. Il n’y a qu’au restaurant que c’est parfois compliqué : le moindre détail dans une sauce, ou même une décoration, peut être essentiel. Le problème, c’est que beaucoup de gens qui n’aiment pas un aliment disent qu’ils y sont allergiques, donc les restaurateurs ne prennent plus au sérieux les vraies allergies. Mais pour moi, c’est une information essentielle : les restaurateurs doivent me signaler le moindre doute, au risque d’être responsables s’il m'arrive quelque chose !
Témoignage d'Alexandra D., 34 ans.