
"Je voudrais dire à tous les malades que la route est longue et semée d'embûches, mais que bien entourés et pris en charge, on peut y croire encore, voir l'aube de la guérison" : c'est le message adressé par une patiente un peu particulière lors d’une conférence de presse des hôpitaux de Marseille. Et pour cause ! Elle a réalisé l’impossible : guérir du VIH.
Le virus, extrêmement mortel lors de son apparition dans les années 1980, a bénéficié de grandes avancéees médicales depuis, qui ont permis de le prévénir ou de stopper son développement, mais pas réllement d'en guérir. Il est possible de vivre normalement avec le VIH aujourd'hui, mais il a tout de même encore fait 142 victimes en France en 2021.
Du cancer à la rémission
Suivie à l'hôpital Sainte-Marguerite de Marseille, la sexagénaire (qui a souhaité rester anonyme) avait été diagnostiquée séropositive en 1999, autour de ses 35 ans. Elle suivait un traitement d’antirétroviraux, qui lui permettait de bloquer le développement du VIH dans son organisme. Malgré leur efficacité, la Provençale a développé une leucémie myéloïde aiguë en 2020. Ce type de cancer atteint les cellules de la moelle osseuse.
Suite à ce diagnostic, la patiente a suivi une chimiothérapie lourde, visant à détruire toutes les cellules de sa moelle osseuse. Elle était isolée en chambre stérile, son système immunitaire étant complètement affaibli. Puis, en juillet 2020, elle a reçu une allogreffe de moelle osseuse à l’Institut Paoli-Calmettes (IPC) de Marseille. En plus de traiter sa leucémie, cette opération délicate l’a guérie du VIH ! En effet, après avoir continué les médicaments jusqu’à fin 2023, elle découvre en octobre que son organisme s'est totalement débarrassé du virus.
Une opération rare et pas anodine
Ce résultat n'a pas été obtenu par hasard ! Le donneur a été sélectionné car il disposait d’une mutation génétique bien spécifique, qui empêche le VIH de pénétrer dans les cellules. Seulement, les médecins qui suivent la sexagénaire expliquent que seule 5 % de la population est porteuse de cette mutation, et qu’il reste extrêmement rare de trouver un donneur qui soit à la fois dans ce cas et 100 % compatible avec un patient.
C’est pourquoi cette rémission reste unique en France. La patiente rejoint les sept autres personnes qui ont bénéficié de cette technique et on pu guérir du VIH dans le monde, le premier cas ayant eu lieu en 2008. Malheureusement, l’allogreffe est une opération lourde et risquée, ce qui ne permet pas de généraliser cette méthode à l'ensemble des personnes porteuses du VIH. Mais elle permet de mieux étudier le virus et ouvre des pistes pour sa potentielle éradication.