Vous ne savez pas remettre des tâches au lendemain ? Une psychiatre explique ce qu’est la précrastinationIstock
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Dans un monde centré sur la productivité, il peut être tentant de vouloir accomplir les tâches le plus vite possible, pour ne plus avoir à y penser. Certaines personnes adoptent la précrastination, que l’on peut considérer comme l’extrême opposée de la procrastination.

Qu’est-ce que la précrastination ?

"Ces personnes ne supportent pas d’avoir quelque chose à faire et de ne pas réaliser la tâche dans l'immédiat", explique la Dr Caroline Depuydt, psychiatre, cheffe de service à la clinique Fond’Roy (Belgique) et auteure de "J'arrête d'en faire trop !" (éditions Kennes).

La précrastination consiste donc à faire quelque chose en avance "à un coût supplémentaire", a écrit le psychologue Kyle Sauerberger dans une étude de 2019 consacrée à ce phénomène. Cette dépense d’énergie peut être physique, financière ou mentale. Il s’agit par exemple d’une personne prête à embarquer à l’aéroport, qui se tient en avance près de la porte d’embarquement en portant ses affaires, plutôt que d’attendre et de se détendre.

Pourquoi précrastiner ?

Le concept de précrastination est apparu (par hasard) dans une étude menée par un professeur de psychologie à l'université de Californie. Dans le cadre de la recherche, les participants ont pris un seau rempli de pièces à transporter et pouvaient choisir entre deux seaux : l'un plus proche d'elles et l'autre au bout de l'allée. La plupart des personnes (des précrastinatrices) ont choisi le seau le plus proche d'elles, même si cela signifiait qu'elles devaient le porter sur une plus grande distance.

"Leur désir d'alléger leur charge mentale était si fort qu'ils étaient prêts à déployer un effort physique supplémentaire pour y parvenir", avait déclaré le professeur dans un communiqué de presse.

Ces personnes à tendance anxieuse tirent leur plaisir du fait de se débarrasser des tâches "à faire", pour diminuer leur stress. Malheureusement, cela peut parfois être au détriment de la qualité du travail. La précrastination peut pousser les gens à commencer plusieurs tâches à la fois, en se dépêchant de les terminer au lieu de consacrer suffisamment de temps à chacune d'entre elles.

Ne pas remettre les tâches au lendemain : pourquoi ce n’est pas une bonne idée

Si la procrastination n’est pas la meilleure façon de gérer les tâches à faire, son opposée n’est pas forcément bon signe. "Cela traduit une anxiété d’avoir une charge mentale qui s’accumule", explique la psychiatre. "Le cerveau cherche toujours ce qui sera le plus économe en termes d’énergie selon propre fonctionnement. Pour le précrastinateur, accomplir les tâches le plus vite possible prend moins d’énergie dans son équilibre interne que l’inverse."

Dans le cas de la procrastination, l’économie d’énergie fonctionne à l’inverse et ce sont les tâches en elles-mêmes qui épuisent ceux qui l’adoptent.

Quel est le risque ? Les personnes qui précrastinent présentent un risque de déconcentration permanente à force de toujours passer d’une activité à une autre et un risque d’épuisement (professionnel, personnel, etc.).

Une étude a établi un lien entre la précrastination et un trait de personnalité particulier, le neuroticisme, qui se traduit par une plus grande fréquence d'émotions négatives et une plus grande instabilité émotionnelle.

"Est-ce que je dois vraiment y répondre maintenant ?" : les conseils pour s’en sortir

Prenez le temps d’analyser votre manière d’accomplir les tâches. Y-a-t-il un sentiment d’accomplissement ou de l’anxiété liée à la précrastination ?

Toutefois, ces personnes peuvent également utiliser la procrastination pour d’autres tâches. Dans certains cas, cette façon de fonctionner est même tout à fait saine ; elle offre le temps pour autre chose. "Il s’agit de se connaître et d’apprivoiser cette dimension de la personnalité, et de trouver éventuellement comment s’améliorer, de faire la juste distinction entre ce qui est important et le reste", conseille la Dr Caroline Depuydt.

Elle recommande de prendre un temps volontaire contre cette impulsivité : "Est-ce que je dois vraiment y répondre maintenant ?", faut-il se demander. Je peux tout aussi bien dormir dessus...

Sources

Merci au Dr Caroline Depuydt

https://www.theguardian.com/wellness/article/2024/jun/13/precrastination-mental-downsides

https://scholar.google.com/citations?view_op=view_citation&hl=en&user=snZpImkAAAAJ&citation_for_view=snZpImkAAAAJ:bnK-pcrLprsC

https://journals.sagepub.com/doi/abs/10.1177/0956797614532657

https://www.psychologicalscience.org/news/releases/get-it-over-with-people-choose-more-difficult-tasks-to-get-jobs-done-more-quickly.html

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