Et si la solitude était le véritable mal de notre siècle ? L’organisation mondiale de la santé a décrit ce sentiment comme une véritable menace pour la santé. En décembre 2023, l’agence sanitaire, a créé une commission pour favoriser le lien social. " L’isolement est bien plus fréquent chez les seniors. Une personne âgée sur quatre souffre d’isolement social et les taux sont globalement similaires dans l’ensemble des Régions ", indique l’OMS dans un communiqué. Asma Bounoua et Emma Zago, toutes deux psychologues cliniciennes en cabinet libéral, tentent de réduire ce sentiment avec leurs patients.
Le manque de lien social entraîne des conséquences graves sur la santé pouvant parfois entraîner le décès. Selon l’OMS, les conséquences pourraient être égales aux facteurs de risques tels que le tabagisme, l’alcool et l’obésité. Des études montrent le lien entre l’isolement, la dépression, et l’anxiété. Il pourrait augmenter le risque de 30 % de développer des maladies cardio-vasculaires.
" Le manque d'activité entraîne des ruminations et anticipations sur le reste déroulé du reste de la journée "
Chez les seniors, l’arrêt brutal d’une activité professionnelle peut s’accompagner parfois de moments de déprime et d'une perte de sens. " Dans notre société on se définit par notre travail qui constitue une partie importante de notre vie. Il est important de déconstruire cette idée selon laquelle les personnes âgées ne peuvent pas avoir d’activités, ou sont incapables de s’impliquer dans une communauté ou de prendre soin d’elle. C’est la société qui véhicule ce sentiment ", explique Asma Bounoua.
La journée d’une personne âgée est souvent rythmée par les activités du quotidien comme les repas, les courses ou encore leur programme télé favori. Elles se lèvent, se préparent, prennent leur repas au réveil, suivi déjeuner, du dîner avant de se recoucher. " Ils sont souvent rythmés par les repas. Ce qui pose problème c’est le vide entre ces temps qui peuvent amener à une errance ". Avec ses patients, la psychologue évalue ces temps de latence et cherche à les combler par des activités adaptées à leur faculté, leurs goûts et leurs envies. " Sans activités, ils peuvent juste penser à ce qu’ils feront après et c’est ce que je cherche à combler ".
La vie associative est un très bon moyen de combler le vide
Pour couvrir ce vide, tout est permis. Le tout est d’y trouver du plaisir. " Lors de mes consultations, j’évalue les centres d’intérêt qu’ils aiment faire et cherche des activités qui pourraient leur correspondre ".
La vie associative est un très bon moyen de combler le vide. Elle est souvent synonyme d’engagement dans une communauté avec des objectifs et des activités ciblées. Marche, jardinage, ciné, lecture, de nombreux groupes sont accessibles aux seniors selon leurs capacités. " Lorsque je suis dans mon cabinet, j’aperçois parfois mes patients exercer de la marche en petit groupe ". Pour trouver ces temps d’échange, il est possible de contacter les mairies. Elles disposent d’une liste d’activité et de groupes possible adaptés à chacun.
Le syndrome du survivant
La société contemporaine accentue ce phénomène de solitude. " Les démarches administratives sont aujourd’hui en grande majorité dématérialisées. Les seniors perdent le lien qu’ils avaient avec le monde extérieur et le plus souvent n’arrivent pas à faire leur démarche ", raconte Asma Bounoua.
Pour la psychologue, la psycho éducation est une manière efficace de sensibiliser les personnes sur les différents troubles inhérent à la personne âgée comme notamment, la dépression, qui se trouve être à la fois source et conséquence de la solitude. " J’insiste auprès de mes patients de l’importance d’être entourés nottament par des professionnels de santé qui pourrait déceler les premiers signes du trouble dépressif afin de les prendre en charge le plus précocement possible ", précise Asma Bounoua.
La solitude vécue comme extrême peut amener à déclencher un syndrome du survivant, fréquent chez les personnes âgées. En effet elles peuvent être amenées à expérimenter la perte, soit du partenaire ou d'amis proches ce qui peut engendrer un sentiment de solitude et d'isolement à la suite de la disparition de l’un d’eux. " Ce syndrome peut entraîner une dépression profonde avec un sentiment de culpabilité d’être toujours vivant ainsi qu'une perte de repères au quotidien ".
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