" Le manque de désir est la première cause de consultation de mes patients ", révèle Alexandra Vatembella, thérapeute de couple et sexologue en cabinet libéral. Après quelque temps à vivre avec la même personne, celui-ci peut parfois disparaître, laissant place pour certains à un vide dans le couple. Une enquête IFOP auprès de 2000 personnes montre également une diminution des rapports sexuels chez les Français, qu’ils soient en couple ou non. Mais est-il si inquiétant de ne plus faire l’amour ?
La proportion des Français qui ont eu un rapport sexuel au cours des douze derniers mois est en baisse. Elle correspond à 76 % des personnes interrogées selon le rapport de l’enquête IFOP. C’est quinze points de moins par rapport à 2006. En ce qui concerne l'abstinence, 54 % des femmes interrogées déclarent pouvoir vivre avec quelqu’un dans une relation purement platonique contre 42 % des hommes.
Pour Alexandra Vatimbella, la sexualité ne définit pas le couple. Et l’arrêt des actes sexuels n'est pas un problème si ce point convient aux partenaires. “ Tout dépend de l’importance et de la valeur que les personnes du couple accordent à la sexualité”, précise-t-elle. C’est lorsqu’il y a un déséquilibre dans les attentes que la notion de problème peut alors subvenir.
" Ils veulent se confronter à une norme plutôt que de se conformer à leurs propres besoins "
Le psychologue américain Robert Sternberg parle de trois dimensions du couple : l’engagement, l’intimité et la sexualité. " Avec mes patients, je leur propose de réfléchir à l’importance de chacune des trois dimensions dans leur relation. Tout dépend du projet de couple ", explique la thérapeute.
La société renvoie une obligation de vie sexuelle active pour l’épanouissement d’un ménage. " Quand ils viennent me voir, ils pensent qu'ils ont un problème alors que non. Ils veulent se confronter à une norme plutôt que de se conformer à leurs propres besoins ", souligne Alexandra Vatimbella. " Il faut donc déconstruire des schémas de pensée pour repartir de zéro ".
La liste des petites attentions
Lorsque la vie sexuelle semble ne plus exister, la notion de vie en collocation est l’impression qui revient le plus souvent. Pourtant, il existe beaucoup d’attention et de gestes du quotidien qui passent inaperçus. C'est souvent des attitudes que l’on ne partagerait pas avec un ami. " Les caresses au niveau du thorax traduisent souvent l’expression d’un désir. Comment l’autre réagirait-il si ce geste intime était réalisé sur un ami ? Il est intéressant de réfléchir sur le commencement de l'expression de notre désir ".
L’acte sexuel arrive bien après tous ces signaux dans la vie intime. Il est important de se poser la question de ce que l’on imagine par l’acte sexuel en tant que tel. À partir de quand commence-t-il ? La communication et la complicité font partie intégrante de l’intimité, " C'est la proximité entre les personnes qui est importante. Qu'est-ce que je nourris dans l'intimité avec mon partenaire ", indique la thérapeute.
Pour faire apparaître plus de clarté dans les yeux du couple, la communication est la clé. " Je leur demande de faire la liste des attentions du quotidien. Se font-ils des caresses, s’échangent-ils des regards ? C’est cette sensualité et cette sensorialité partagée avec l'autre que je vais rechercher ".
" L’intimité sensorielle qui amène à une activité érotique et ensuite génitale "
Pour la thérapeute, il faut remettre les actes non génitaux au départ des explorations corporelles pour retrouver une proximité sensorielle et sensuelle. Lorsque l’on nourrit l'intimité émotionnelle, intellectuelle et récréative, la complicité se consolide. Elle provoque ensuite un effet en chaîne : " l’intimité sensorielle et sensuelle qui amène à une activité érotique et ensuite génitale ", rapporte Alexandra Vatimbella.
Une fois que le sentiment amoureux disparaît, c'est un choix d'aimer et donc il doit être nourri pour éviter les déséquilibres. " Mon travail est de permettre aux partenaires de pouvoir nourrir les trois dimensions pour relancer le désir ".
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