Les plus grands regrets des personnes en fin de vie selon une infirmière en cancérologieImage d'illustrationIstock
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Préférez-vous avoir des remords ou des regrets ? Choisir l’audace, l’action et la prise de risque semble plus simple à réaliser sur le papier qu’en réalité. La vie est faite de choix, et choisir veut aussi dire renoncer : abandonner l’idée d’un métier rêvé, d’un voyage tant désiré, d’un amour impossible… Au moment de la fin de vie, on dit souvent que le déroulement de notre histoire défile, s’accompagnant souvent de regrets : "J’aurais aimé faire ça, pourquoi n’ai-je pas osé entreprendre ça", mais il est trop tard. Les soignants entendent ces phrases continuellement dans leur profession. Gabrielle, infirmière en cancérologie à l’Institut Curie, nous livre les regrets qui reviennent le plus souvent lorsqu’elle est face à ses patients.

Même s’ils sont perçus comme un poids émotionnel, cette infirmière a décidé de nous les livrer pour en tirer des leçons profondes qui permettront de façonner l’avenir de chacun. "Les regrets sont différents en fonction de l’âge du patient", explique Gabrielle. Dans ce centre de pointe en cancérologie, il n’y a malheureusement pas que les personnes âgées qui se retrouvent confrontées à la mort. "Les seniors regrettent souvent d’être en conflit avec un de leurs enfants depuis des années et de ne pas avoir eu le courage de se réconcilier", livre-t-elle. "S’ils avaient exprimé leurs sentiments, cela leur aurait permis de vivre de manière plus honnête et épanouie".

"Les regrets nous offrent en réalité l’opportunité de mieux nous connaître et d’aborder la vie avec une nouvelle perspective"

Selon l'infirmière, les personnes entre 40 et 60 ans regrettent les choses qu'elles n’ont pas osé faire. Certaines ont consacré les meilleures années de leur vie à façonner leur carrière professionnelle, mettant de côté leur vie personnelle, se disant qu’elles auraient le temps d’en profiter. Elles n’avaient pas prévu que le cancer changerait leurs plans. Un regret qui rappelle que l'équilibre entre vie professionnelle et personnelle est primordial pour vivre une existence épanouissante. Un regret qui pousse à reconsidérer nos priorités et à valoriser le temps passé avec des êtres chers plutôt qu’au travail. "Ce que la jeune génération a l’air d’avoir compris", se félicite l’infirmière.

À entendre Gabrielle, une question pourrait se poser : est-il préférable d’avoir des regrets ou des remords ? "Les remords utiles nous permettent à la fois de manifester notre conscience morale et notre capacité à retrouver le chemin de l’action, d’arpenter avec, au cœur, ce désir puissant de nous améliorer, de progresser dans notre rapport aux autres et au monde", indique Charles Pépin sur France Inter. Mais les regrets nous offrent en réalité l’opportunité de mieux nous connaître et d’aborder la vie avec une nouvelle perspective.

Les regrets les plus souvent entendu

Les plus grands regrets que Gabrielle observe dans son travail sont les actes non réalisés. "Mon père ne voulait pas que je devienne artistes, parce que la grande majorité des artistes ne perce jamais, ou j’ai toujours voulu faire de la danse classique mais tout le monde me disait que si je ne débutais pas dans l’enfance, ce n’était même pas la peine de tenter", raconte Gabrielle. Des phrases comme celles-ci, elle en entend tous les jours.

Beaucoup se trouvent freinés dans leur vie par la peur du jugement de la part de la famille ou de la société. La santé nous permet de "presque" tout pouvoir entreprendre et lorsque celle-ci disparaît il est en réalité trop tard. "En étant confronté tous les jours à la fin de vie, je conseille à tout le monde de vivre pleinement sa vie, peu importe ce que pensent vos amis, votre famille, votre employeur, votre vie vous appartient à vous seul et le jour ou elle décide de s’arrêter vous serez seul à affronter la mort alors pourquoi pas commencer à vivre maintenant ?", témoigne Gabrielle.

Un ami perdu pour une histoire futile

Le conflit avec ses proches est un regret que Gabrielle entend régulièrement. "Je ne parle plus a mon meilleur ami depuis des dizaines d’années pour une histoire futile", exprime-t-elle. L’argent est souvent la cause, le pouvoir et la jalousie aussi. "Sur notre lit de mort tous ces problèmes paraissent tellement éloignés de ce qui compte vraiment. Mes paroles peuvent paraître bateaux. On ne se rend malheureusement pas compte de leur poids lorsque la jeunesse et la santé nous protègent".

Le plus difficile pour cette infirmière est la fin de vie la moins acceptée dans notre société : celle d’un enfant ou d’un adolescent. "Pour nous soignant cette mort est très difficile à gérer, nous sommes des êtres humains après tout", s'émeut-elle. L’allongement de l’espérance de vie est sûrement une des plus belles réussites de notre système de santé. Alors comment accepter la mort d’une personne si jeune ? "Dans mon expérience de soignante, j’ai travaillé cinq ans auprès d’enfants malades. Et étonnement, j’ai rarement entendu de regret de leur part. Un enfant ne se projette ni dans l’avenir ni dans le passé, il vit l’instant présent. C’est sûrement le plus important à retenir selon moi, faire ce qui nous fait du bien au moment présent peu importe ce que l’autre pensera".

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