Sept mythes sur les antidepresseurs qu-il faut arreter de croire

La santé mentale est une composante essentielle de la santé et du bien-être. Mis à mal par notre quotidien, de nombreux Français ont recours aux antidépresseurs. Selon les chiffres de l’OCDE (l’organisation de coopération et de développement économique), la France consomme 5,5 doses pour 100 habitants par jour, en 2020. Pourtant des préjugés sur ces comprimés persistent au point que certaines personnes n’osent pas en prendre alors que leur médecin leur conseil. La psychologue clinicienne et neurobiologiste canadienne Natalia Salmeso démystifie ces mythes dans un article publié dans le média The Conversation.  

"Dans le cadre de mon travail de psychologue clinicienne et de neurobiologiste, j'ai discuté avec de nombreuses personnes qui envisagent de prendre des antidépresseurs tels que les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS). Beaucoup me demandent mon avis sur la nécessité de prendre des médicaments, si la thérapie par la parole suffira ou s'ils sont assez forts pour s'en sortir sans médicaments", raconte Natalia Salmeso au média The Conversation. 

Selon l’institut du cerveau, la dépression est le trouble psychiatrique le plus fréquent. Les experts estiment qu’environ 5 à 15% de la population française fera un épisode dépressif au cours de sa vie. Et tous les âges de la vie sont concernés. Aujourd’hui, on considère que 3 % des enfants de 3 à 17 ans sont touchés par cette maladie. Cette prévalence augmente de 10 à 15% chez l’adolescent. Elle est aussi importante chez les personnes âgées.

Une maladie est encore stigmatisée par la société, explique la présidente de l’association France Dépression, Claudie Tondon-Bernard au média 20 minutes en 2020. "O n se bat sans cesse pour sensibiliser, mais on a du mal à faire passer nos informations, c’est encore un sujet tabou. Pourtant, la santé mentale est le premier poste de dépenses de l’Assurance-maladie, devant le cancer et les maladies cardio-vasculaires, avec 22,5 milliards d’euros par an", précise-t-elle. 

Compte tenu de l’augmentation des personnes affectés dans la société, la psychologue canadienne insiste sur l’importance de parler de l'efficacité des traitements et des raisons pour lesquelles les gens hésitent surtout quand celle-ci n’est pas fondée par la science. 

Voici quelques-uns des mythes les plus courants qu’elle entend ainsi que ses réponses publiées dans la revue The Conversation.

Je suis plus fort si je le fais sans médicaments

1/7
Sept mythes sur les antidépresseurs qu'il faut arrêter de croire

"Vaincre la dépression, c'est comme surmonter une jambe cassée. Vous pouvez être un haltérophile de compétition extrêmement fort, mais si votre jambe est cassée, vous ne pouvez pas l'utiliser de la même manière. Vous pouvez être une personne incroyablement forte psychologiquement, mais si vous souffrez de dépression, votre cerveau ne réagit plus à la vie quotidienne de la même manière et il doit guérir avant de pouvoir fonctionner comme il le faisait avant la dépression", explique-t-elle.

Je dépendrai des antidépresseurs pour être heureux

2/7
Sept mythes sur les antidépresseurs qu'il faut arrêter de croire

"Les antidépresseurs ne rendent pas les gens heureux ; ils leur permettent de ressentir toutes les émotions de manière appropriée et équilibrée. Les antidépresseurs n'offrent pas un soulagement immédiat des symptômes ; il faut en fait quatre à six semaines pour qu'ils fassent pleinement effet. Cependant, il s'agit d'un traitement à long terme (généralement au moins un an) et (espérons-le) curatif, un peu comme la chimiothérapie pour certains types de cancer. Dans le cas de la chimiothérapie, vous devez généralement suivre un certain nombre de traitements pendant une période déterminée afin de tuer les cellules cancéreuses et d'être considéré comme en rémission".

De même, la plupart des études montrent que si vous prenez des antidépresseurs pendant un an avant de les arrêter, la majorité des personnes ne feront pas de rechute. Cela signifie que vous devrez probablement les prendre pendant un certain temps pour en maintenir les effets, mais que ces derniers persisteront souvent longtemps après l'arrêt du traitement. Toutefois, un petit nombre de personnes souffrent d'une forme plus chronique de dépression et peuvent avoir besoin de prendre des médicaments pendant de plus longues périodes".

Les médicaments vont changer qui je suis, je me sentirai différent

3/7
Sept mythes sur les antidépresseurs qu'il faut arrêter de croire

"Les antidépresseurs ne donnent pas l'impression de planer. Ils ne changent pas ce que vous savez, ce que vous apprenez ou qui vous êtes, mais ils vous permettent de voir les choses d'un point de vue plus équilibré".

Je deviendrai dépendant

4/7
Sept mythes sur les antidépresseurs qu'il faut arrêter de croire

"Les antidépresseurs pris conformément à la prescription ne créent généralement pas de dépendance et présentent un faible risque d'utilisation abusive. Les antidépresseurs ne sont pas associés à des phénomènes de manque, comme c'est le cas pour les médicaments qui créent une dépendance, tels que les opioïdes. Certains patients signalent des symptômes de sevrage tels que des maux de tête ou des nausées lorsqu'ils arrêtent brusquement de prendre certains antidépresseurs, mais ces symptômes sont généralement de courte durée et peuvent être minimisés en diminuant progressivement le traitement".

Voir la suite du diaporama

Les médicaments ne doivent être utilisés qu'en dernier recours

5/7
Sept mythes sur les antidépresseurs qu'il faut arrêter de croire

"Réserver les antidépresseurs aux seuls cas extrêmes n'a pas de sens pour plusieurs raisons. D'abord, c'est une question de qualité de vie : la dépression fait mal. Elle nuit à la personne qui en souffre, à son entourage, à sa productivité au travail et a d'immenses conséquences sociétales. Les répercussions financières que l'on peut attribuer à la dépression en termes de nombre de journées de travail manquées, d'emplois perdus, d'accidents causés, etc. sont énormes. Alors, si cela améliore la qualité de vie d’une personne, sa concentration, son sommeil, ses relations, sa capacité à travailler ou à être présent en tant que parent, diminue l’inquiétude ou l’aide à trouver l’énergie pour faire des choses qu’elle aime, pourquoi ne pas envisager le traitement" ?

La prise à long terme à des conséquences négatives

6/7
Sept mythes sur les antidépresseurs qu'il faut arrêter de croire

"Les conséquences négatives majeures à long terme de la prise d'antidépresseurs pour un épisode dépressif n'ont pas été observées, mais les ramifications majeures à long terme de la vie avec la dépression ont absolument été observées. La dépression augmente considérablement le risque de maladie cardiovasculaire, de maladie gastro-intestinale, de maladie respiratoire et de maladie de Parkinson, pour n'en citer que quelques-unes. Elle semble également aggraver les résultats en matière de cancer".

Il y a un risque d’effet secondaire

7/7
Sept mythes sur les antidépresseurs qu'il faut arrêter de croire

"Comme tout traitement, les antidépresseurs ont des effets secondaires et peuvent présenter des risques pour certains patients. Si vous suivez une thérapie ou bénéficiez d'autres formes de soutien et que vous constatez une amélioration, vous pouvez tout à fait continuer. Mais si vous avez des difficultés et que vous avez hésité à prendre des médicaments en raison du mythe de l'hésitation face aux antidépresseurs, vous devriez peut-être reconsidérer la question et discuter de cette possibilité avec votre médecin".

"Les antidépresseurs ont beaucoup évolué depuis les médicaments de première génération utilisés dans les années 1950. On dispose aujourd'hui d'une multitude de données sur les effets à long terme et les fonctions sous-jacentes. Les nouveaux médicaments sont aujourd'hui largement conçus sur la base de théories scientifiques".

Notre Newsletter

Recevez encore plus d'infos santé en vous abonnant à la quotidienne de Medisite.

Votre adresse mail est collectée par Medisite.fr pour vous permettre de recevoir nos actualités. En savoir plus.