En France, moins d’un Français sur deux a déjà bénéficié d’une formation ou d’une initiation aux gestes de premiers secours, selon un sondage Ifop pour La Croix rouge paru en 2016.
Cette méconnaissance des gestes qui sauvent, fait de l’Hexagone un des plus mauvais élèves en Europe, rappelait le président de la Croix-rouge, Philippe Da Costa, à l’AFP en septembre 2022, à l’occasion de la Journée mondiale des Premiers secours. "Quand vous interrogez les Français, 80% considèrent qu'ils ne sont pas ou mal préparés face aux crises ou catastrophes".
Des lacunes qui détonnent nettement avec l’objectif formulé par le président Emmanuel Macron en 2018. Celui-ci ambitionnait un taux de formation de 80 % de la population formée aux premiers secours. On en est loin aujourd’hui.
A l’échelle internationale, force est de constater que la sensibilisation aux premiers secours est un domaine qui pèche aussi. Avec des répercussions dramatiques sur la santé publique.
Or, les chances de survie après un arrêt cardiaque pourraient être grandement améliorées, si des efforts supplémentaires étaient déployés en matière de sensibilisation et de prévention au niveau mondial.
Mort subite d’origine cardiaque : un défi sociétal et médical
C’est en substance le message envoyé par une trentaine d’experts internationaux de diverses disciplines, réunis en commission médicale, dans la prestigieuse revue The Lancet.
Chaque année, on estime qu’entre quatre et cinq millions de personnes décèdent dans le monde d'une mort subite, souvent causée par un problème cardiaque.
En dépit des avancées majeures de la médecine, la mort subite d’origine cardiaque reste un énorme "défi médical et sociétal", s’inquiètent les scientifiques dans The Lancet.
Arrêt cardiaque : une prise en charge trop lente
"Malgré toutes les avancées technologiques et médicales du 21e siècle, il est inacceptable que le taux de survie après un arrêt cardiaque reste inférieur à 10 % dans la plupart des régions du monde", alors que celui-ci devrait se situer aux alentours de 70 %, déplorent les experts.
Mort cardiaque subite : 60 000 cas par an
Dans leur rapport rendu public ce dimanche 27 août, ils alertent sur les lacunes dans la prise en charge de ce type d’accident cardiaque. "Les chances de survie sont accrues par une réanimation précoce", mais dans la plupart des cas d'arrêt cardiaque, "un traitement efficace est trop lent à arriver".
La mort subite cardiaque se définit comme "une mort naturelle avec perte brutale de conscience dans l’heure qui suit le début des symptômes", rappelle la Fondation Cœur et Recherche. En France, elle serait responsable de 60 000 décès par an en France.
La mort subite survient 3 à 4 fois plus souvent chez l’homme que chez la femme, avec un pic de fréquence observé entre 45 et 75 ans, précise encore la Fondation. La maladie coronaire et les cardiomyopathies sont souvent en cause.
Les recommandations pour réduire le nombre de morts subites
Dans The Lancet, la commission d’experts propose des recommandations clés à mettre en œuvre pour réduire le nombre de morts cardiaques subites, tout en fournissant une évaluation critique des efforts scientifiques actuels. Des pistes de solution qui visent aussi à améliorer les soins et les domaines de recherche. Objectif : "aider à comprendre les causes et à améliorer les effets sur les familles des personnes victimes d'une mort cardiaque subite".
Parmi les préconisations des experts, une meilleure éducation aux gestes qui sauvent figurent parmi les chantiers à approfondir. Les formations aux premiers secours pourraient par exemple être proposées plus régulièrement, tous les deux-trois ans.
En France, les formations de Prévention et secours civiques de niveau 1 (PSC1) proposent dans toute la France d'apprendre les gestes qui sauvent et de savoir anticiper et réagir aux différentes situations d'urgence.
L'utilisation des défribrillateurs et le recours aux autopsies
Autre recommandation émise par les scientifiques : la généralisation des défibrillateurs dans les lieux publics et la plus grande utilisation des défibrillateurs mobiles. Une mesure qui pourrait également faire la différence en matière de chances de survie, en attendant l'arrivée des secours.
"Des études récentes démontrent qu'en cas de massage et défibrillation dans les minutes qui suivent l'événement, on peut atteindre plus de 80% de survie", souligne Eloi Marijon, à la tête de la commission d'experts, repris par France info. "On perd 10% de chance de survie à chaque minute qui s'écoule".
Enfin, afin de mieux anticiper les arrêts cardiaques et comprendre les causes sous-jacentes, les experts plaident pour un recours élargi aux autopsies des victimes. "La majorité des personnes décédées ne sont pas autopsiées. Or, si l'on veut mieux prédire, il faut mieux comprendre les mécanismes, donc être capable d'analyser davantage de données", pointe encore Eloi Marijon.
https://www.thelancet.com/commission/sudden-cardiac-death
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