Julie a la trentaine. Auparavant dans la communication, la jeune femme a quitté Paris après un burn-out et tente aujourd’hui de retrouver du sens dans son quotidien via une nouvelle profession. Julie est atteinte d’un trouble anxieux généralisé, et celui-ci redouble de puissance à l’arrivée des beaux jours. “J'appréhende beaucoup l'été, notamment la période des vacances. J'entends tout le monde autour de moi se réjouir et planifier ses vacances. Je ressens vraiment une angoisse. Je fais une espèce de rejet de cette positivité toxique, comme si l’été allait balayer tous les problèmes que tu peux avoir.”
“L’été, Il y a un vide qui se crée”
Pour Julie, les soucis restent, soleil ou non. Pire : ses angoisses sont plus intenses en été, cela pour plusieurs raisons. “L'été déclenche chez moi une déprime parce que j'ai l'impression qu'après une année vraiment soutenue de travail, mon corps lâche. Il y a un vide qui se crée. Toute la frustration se fait ressentir à ce moment-là et j'ai énormément de fatigue.”
Elle le dit d’entrée de jeu : les réseaux sociaux, Instagram en premier lieu, renforcent cette frustration, et donc ses anxiétés. “Ce que les gens peuvent montrer sur les réseaux sociaux me confronte à tout ce qui ne va pas dans ma vie. Si j'ai des problèmes dans mes relations amicales, dans mes relations amoureuses, des problèmes financiers, une situation instable, des questions refont surface. Parce que quand tu vois les gens partir en groupe d'amis et que toi, tu n’as personne de disponible à ce moment-là pour partir avec toi, tu te compares. Surtout quand tu vois les gens exposer leurs photos de vacances sur Instagram. Évidemment, je sais que ça cache bien des choses, mais ça reste une période pendant laquelle j'essaie de me couper des réseaux.”
“Pendant longtemps, j’ai ressenti le besoin de performer pendant l’été”
Ce qui aide Julie à aller mieux durant cette période difficile, c’est de travailler. Organiser ses journées et “avoir la tête dans le guidon” l’empêchent de trop ruminer. “C’est le remède que j'ai trouvé”, explique la trentenaire. Pendant longtemps, elle a préféré partir s’isoler chez sa mère pendant la saison estivale, avoir accès à de la verdure et se ressourcer. Elle s’explique : “Je ressentais le besoin de performer pendant l’été, je sentais une pression pour sortir, faire la fête, voir des gens, alors que je n’en avais pas forcément l'occasion. Une solitude s'est installée d'année en année.”
Autre élément néfaste pour la santé mentale de Julie pendant l’été : les fortes chaleurs. Car l a jeune femme, sous antidépresseurs, supporte très mal la hausse des températures. Certains de ces traitements peuvent en effet “aggraver des problèmes de thermorégulation”, indique l’Assurance maladie. “J'ai chaud très rapidement et très facilement. En période de canicule, j’ai juste envie d'être chez moi, de baisser tous les stores, d'avoir un ventilo dans la pièce et de ne pas bouger. Je fais aussi moins de sport, ce qui n'aide pas ma santé mentale.”
“Avec le harcèlement de rue, ça a vite été insupportable pour moi”
Et puis il y a les tenues légères, qui dévoilent certaines parties du corps, que Julie a de plus en plus de mal à porter. “Jusqu’à mes 26-27 ans, je portais très volontiers des robes courtes. C'était normal en été. Mais en arrivant à Paris, notamment avec le harcèlement de rue, ça a vite été insupportable pour moi. Le regard des hommes me dérange. Par ailleurs, la manière dont je me sens dans mon corps a changé : ces dernières années, j'ai pris un peu de poids à cause de mon traitement.” Julie fait immédiatement le lien avec les injonctions faussement positives, selon elle, du mouvement “body positive”. La jeune femme ne veut pas qu’on la force à aimer son corps, et encore moins qu’on placarde des photos de femmes en maillot de bain sur tous les murs.
Aujourd’hui, Julie va mieux : il pleut et les températures ont chuté. “J'ai hâte de ressortir mes pantalons, mes pulls, de ne plus coller. De sentir le vent frais. Et voilà.”
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