J’avais une vie tout ce qu’il y a de plus normale avant le printemps 2021. J’étais assistante de direction, j’adorais mon travail, j’avais une famille, je devais me marier quelques mois après. Et puis j’ai attrapé le Covid.
J’ai vraiment été très malade. Je n’arrivais plus à respirer, j’avais de la fièvre. Je suis donc allée à l’hôpital.
Mais c’était au moment où les services étaient débordés, On m’a dit que j’avais le variant anglais, que mes poumons étaient atteints à 50 % puis on m’a renvoyée chez moi. Ils n’avaient pas de place pour tout le monde.
Jusque-là je n’avais jamais eu aucun problème de santé, mon seul facteur de risque était mon poids, je suis en surpoids.
Dans le mois qui a suivi mon retour de l’hôpital, j’ai agonisé dans mon lit, avec 40 °C de fièvre. Quand enfin, j’ai pu me sentir assez forte pour me lever, j’ai immédiatement dit à mon conjoint : on se marie tout de suite, avant que je meure !
On s’est mariés en juin, en tout petit comité (à cause des restrictions), et pour être complètement honnête, je ne me souviens pratiquement pas de la journée.
“Les mots sont comme du chinois”
Dès la convalescence du Covid, j’ai remarqué que quelque chose ne tournait pas rond. Je n’arrivais plus à suivre des recettes, je partais faire des courses sans savoir ce que je devais acheter ou je les oubliais dans le coffre au retour…
Je me sentais constamment dans un état un peu second, comme dans le brouillard. J’ai cru que j’avais Alzheimer !
Mais le pire est arrivé quand je me suis rendue compte que je n’arrivais plus à lire : je voyais les mots, mais je ne comprenais rien, c’était comme si c’était écrit en chinois.
Pour la même raison, je ne sais plus écrire : je peux faire des lettres, mais pas plus. J’ai le niveau d’apprentissage d’un enfant qui est au CE1.
J’ai consulté mon médecin traitant qui m’a parlé de dépression post-Covid et m’a orientée vers une psychiatre.
C’est la psychiatre qui a posé le diagnostic de Covid long et m’a conseillé d’être suivie en parallèle par un orthophoniste. Depuis j’ai fait scanner et IRM, rien n’est visible sur les examens.
“A -2 sur une échelle allant de 0 à 10”
L’orthophoniste m’a immédiatement fait passer des tests, les résultats ont été catastrophiques : sur une échelle allant de 0 à 10, je me situais à -2 ! Exactement comme des personnes qui viennent de faire un AVC.
Je fais de la rééducation avec l'orthophoniste depuis deux ans maintenant, on travaille beaucoup sur les images, et je réapprends petit à petit à lire.
J’arrive aujourd’hui à déchiffrer par syllabes, c’est un peu plus fluide. Mais j’ai de grosses lacunes car j’ai perdu beaucoup de mots. Même si je la déchiffre, je dois répéter plusieurs fois la phrase pour la comprendre.
D’ailleurs, les derniers tests de contrôle ont montré qu’en deux ans j’avais finalement peu progressé, puisque je suis aujourd’hui à -1,5 sur l’échelle allant de 0 à 10.
Je m’accroche, mais je vous avoue que c’est souvent difficile.
“Je veux juste retrouver ma vie d’avant Covid”
Évidemment, je ne peux plus travailler, car en plus des problèmes de mémoire (je peux oublier ce que l’on m’a dit dix minutes avant), de lecture et d’écriture, je dois composer avec une fatigue intense. Certains jours, je me sens mieux que d’autres, mais globalement je compose avec cette fatigue au quotidien. Tout me demande beaucoup d’efforts : aller au supermarché par exemple, car la musique, le monde, toutes ces étiquettes à déchiffrer m’épuisent.
J’ai obtenu une reconnaissance de handicap et je touche une pension d’invalidité, mais ce n’est pas ce que je veux.
Ce que je veux, c’est retrouver ma vie d’avant Covid et être indépendante. Car je suis quand même dépendante de mon entourage au quotidien.
Mon mari est toujours très inquiet quand je suis seule, il a peur que j’oublie d’éteindre le gaz par exemple.
J’ai rencontré d’autres personnes qui avaient des séquelles lourdes
J’ai participé à deux cures thermales à Saint Gervais et j’ai rencontré des personnes qui avaient des séquelles très importantes aussi, surtout celles qui comme moi ont été touchées lors de cette deuxième vague, avec le variant anglais. L’histoire d’une femme notamment m’a interpelée, c’est une agricultrice et elle ne parvient plus du tout à dormir.
Je ne perds pas espoir car j’ai rendez-vous très prochainement avec un neuropsychologue qui j’espère pourra me donner des outils qui m’aideront pour le quotidien.
Et surtout j’espère pouvoir obtenir un RDV avec un médecin spécialisé dans le Covid long au CHU de Montpellier.
J’ai besoin de réponses, de comprendre, d’espérer un mieux pour la suite et surtout d’obtenir une reconnaissance, des preuves que mon état est dû au Covid : combien de fois j’ai entendu que c’était dans ma tête !
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