- 1 - La France, championne européenne des pesticides
- 2 - Quels sont les légumes les plus exposés ?
- 3 - Quels sont les fruits les plus exposés ?
- 4 - Des pesticides aussi dans le vin
- 5 - Jusqu’à une quinzaine de pesticides par aliment !
- 6 - Pesticides : quels risques pour notre santé ?
- 7 - Les jardiniers sont particulièrement exposés
- 8 - Les contrôles sanitaires sont-ils assez fréquents ?
- 9 - Comment consommer moins de pesticides ?
- 10 - Les alternatives aux pesticides
- 11 - Pollution : une bombe à retardement
- 12 - Demain, un monde sans pesticide ?
La France, championne européenne des pesticides
Notre pays est le 3e consommateur au monde de pesticides et le 1er consommateur européen. Chaque année, nous déversons près de 76 000 tonnes de pesticides sur nos champs et nos chemins. On en retrouve dans 96 % des cours d’eau français et dans 55 % des nappes d’eaux souterraines ! Selon Jean-François Narbonne, toxicologue, "on retrouve des résidus de pesticides interdits depuis 30 ans dans le corps de 100 % des gens "*. Et en 2006, la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) en a détecté dans 44 % de nos fruits et légumes. Dans 6 % des cas, les doses de pesticides dépassaient les limites autorisées.
* Interview pour le magazine Elle, septembre 2008.
Quels sont les légumes les plus exposés ?
Dans notre panier, chaque année, la Direction générale de la concurrence de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) traque 282 substances actives. Ce qui permet de dresser un appétissant palmarès des fruits et légumes les plus arrosés de pesticides... En tête du classement, les salades d’hiver (laitues, rougettes, batavias, feuilles de chêne). Environ 1 sur 5 contient plus de pesticides que la dose autorisée, mais aussi du brome. Attention aux salades en provenance de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur. Lors de ses derniers contrôles, la DGCCRF a détecté des pesticides à haute dose sur la moitié des échantillons achetés ! - A surveiller aussi : les poivrons, les piments, les lentilles, les épinards et les haricots frais non écossés.
Quels sont les fruits les plus exposés ?
60 % de fruits contiennent des résidus de pesticides ! Les plus visés sont les fraises, les poires, et certains agrumes (citrons, mandarines, pêches). En 2000, la DGCCRF démontrait que les deux tiers des fraises contenaient des résidus de pesticides et 15 % dépassaient les limites autorisées, qu’elles viennent de France ou de l’étranger. - Le cas de la banane (4e produit alimentaire du monde) : En Amérique centrale, on utilise 10 fois plus de pesticides que dans les pays industrialisés. Conséquences : 90 % des récifs coralliens du Costa Rica sont morts. Ceci dit, la recommandation "au moins 5 fruits et légumes par jour" est toujours valable : mieux vaut manger des pesticides qu’avoir une nourriture déséquilibrée.
Des pesticides aussi dans le vin
Les amateurs de millésimes vont être déçus. Le réseau européen contre les pesticides (PAN-Europe) a mené début 2008 une étude sur le vin. Surprise : les 34 vins issus de l’agriculture conventionnelle testés contenaient tous des pesticides. Sur les six vins biologiques, un seul présentait des traces de ces molécules. Une conséquence des pulvérisations de pesticides dans les environs de l’exploitation, au grand désarroi du viticulteur bio...
Jusqu’à une quinzaine de pesticides par aliment !
Lors de leur étude sur le vin, les enquêteurs de Pan-Europe (réseau européen contre les pesticides) ont détecté en moyenne 4 types de pesticides par bouteille, et même pour des flacons classés à plus de 200 €. A l’occasion du vote des députés européens sur les pesticides, les activistes de Pan-Europe ont testé leur panier de fruits achetés au sein du Parlement. Résultat : pour 8 fruits, 28 pesticides différents ont été identifiés, dont 14 rien que pour les fraises ! Au cours de sa vie, une pomme issue de l’agriculture traditionnelle subit une trentaine de traitements chimiques différents. Or, la Direction générale de la concurrence de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), lors de ses contrôles, ne tient pas compte de la multiplication des produits pesticides.
Pesticides : quels risques pour notre santé ?
Nous absorbons chaque jour de petites quantités de pesticides. Ils seraient à l’origine de perturbations endocriniennes et de féminisation des espèces. Mais pas seulement ! En mai 2012, une
étude de l'Inserm avance que les pesticides augmenteraient le risque de maladie d'Alzheimer et de Parkinson
, après avoir suivi plusieurs centaines de viticulteurs exposés quotidiennement. Les femmes enceintes, les bébés et les enfants sont particulièrement sensibles aux effets des pesticides. Par ailleurs, comme tout produit toxique, en cas de contact direct et à court terme, les pesticides provoquent des réactions allergiques, oculaires, et des vomissements. Les produits phytosanitaires peuvent atteindre les organes vitaux, voire empoisonner mortellement. Les jardiniers et agriculteurs doivent suivre scrupuleusement les instructions d’usage de ces produits chimiques.
Les jardiniers sont particulièrement exposés
Parce qu’ils sont très toxiques, les produits désherbants, insecticides, fongicides, doivent être conservés hors de portée des enfants, dans l’idéal dans un local fermé à clé. Ce qu’il faut faire : porter des gants lors de leur manipulation, lire scrupuleusement les instructions, effectuer les traitements de préférence les jours sans vent et sans pluie (pour éviter leur dispersion et leur ruissellement), pailler le sol pour éviter la prolifération des mauvaises herbes, employer du purin d’orties maison (un excellent insectifuge !), planter des capucines, qui attirent les pucerons, au milieu des haricots, faire des animaux ses alliés (le hérisson gobe les limaces et les escargots par exemple). Enfin, le meilleur atout du jardinier est la connaissance de son terrain et de ses besoins.
Les contrôles sanitaires sont-ils assez fréquents ?
Officiellement, oui. Au même titre que les médicaments, les produits "phytopharmaceutiques" ne peuvent être vendus sans autorisation préalable. Pour chaque produit, une dose maximale est définie : la dose journalière admissible ou acceptable (DJA). Elle indique la quantité de produit qu’un être humain peut ingérer chaque jour sans danger pour sa santé. Les manquements à cette réglementation sont pointés du doigt par la Direction générale de la concurrence de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF). Mais ces contrôles ne prennent pas en compte l’effet cumulatif. On ingère donc chaque jour des tas de substances actives différentes, sans bien en mesurer les conséquences.
Comment consommer moins de pesticides ?
Pour nous, simples consommateurs, impossible de détecter les pesticides à l’œil nu. Mais en modifiant notre façon d’acheter et de nous nourrir, on peut espérer en avaler un peu moins. Au moment de l’achat, il faut choisir en priorité des fruits et légumes de saison et locaux. Moins ils ont de kilomètres à parcourir, moins ils ont besoin d’être traités pour supporter le transport. On oublie donc les framboises en novembre, les fraises en février, les tomates en janvier et l’ananas arrivé par avion. Quand c’est possible, consommez bio : les agriculteurs biologiques n’utilisent pas de pesticides. En règle générale, lavez bien et épluchez vos fruits et légumes.
Les alternatives aux pesticides
Depuis 1986, le Danemark a réduit significativement l’usage des produits chimiques agricoles. Comment ? D’abord en interdisant certains pesticides pourtant autorisés au niveau européen. La fréquence des traitements a été limitée. Enfin, plus les insecticides, herbicides et fongicides sont nocifs pour l’homme et son environnement, plus ils sont taxés. Avec tout de même quelques conséquences plus négatives : la qualité du blé danois aurait baissé. Du côté des scientifiques, des solutions plus respectueuses de l’environnement apparaissent : les plantes carnivores, capables de décimer mouches et fourmis, mais aussi les pommes de terre, pourraient être à l’origine de biopesticides. Les spécialistes visent la destruction chirurgicale.
Pollution : une bombe à retardement
En 1986, 1 250 tonnes de pesticides se sont déversées accidentellement dans les eaux du Rhin. En février 2007, 10 m3 des eaux sales d’une usine de produits agrochimiques se sont déversés dans la Petite Baïse, à Lannemezan (Hautes-Pyrénées). En Martinique et en Guadeloupe, le Pr Dominique Belpomme, cancérologue et opposant aux pesticides, estime que le chlordécone (utilisée dans les bananeraires jusqu’en 1993) serait à l’origine du taux très élevé de cancers de la prostate. Dans les pays en voie de développement, les produits chimiques pourraient faire d’autres ravages. Selon les Nations Unies, l’Afrique doit écouler un stock de 50 000 tonnes de pesticides périmés et mal conservés. L’ONU parle d’une "véritable bombe à retardement" pour la planète.
Demain, un monde sans pesticide ?
En octobre 2007, le Grenelle de l’environnement a abouti à un plan pour une réduction de 50 % de l’utilisation de pesticides d’ici 10 ans. Trente substances actives ne pourront plus être utilisées à partir de janvier 2009, en ce qui concerne 1 500 produits. Au point de vue législatif, quand la France demande la réduction des pesticides, l’Europe autorise l’inverse : depuis le 1er septembre 2008, les doses de pesticides maximales autorisées sont en moyenne plus élevées qu’avant. Pourtant, l’organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), présente dans 120 pays, estime que l’agriculture biologique pourrait nourrir toute la planète. A condition d’y mettre les moyens.
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