Alzheimer : pourquoi faut-il impérativement contrôler sa tension pour prévenir le risque ? Istock
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Le constat de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) est sans appel : 46 % des 1,28 milliards d’humains hypertendus l’ignorent et ne sont donc pas traités pour leur tension. A cela s’ajoutent tous les hypertendus qui ne trouvent pas de traitement efficace ou qui sont résistants aux médicaments : cela concerne 10 à 30 % des malades en France selon l’Inserm. C’est d’autant plus ennuyeux qu’une nouvelle méta analyse pointe le rôle de l’hypertension artérielle (HTA) non traitée dans la survenue de maladies neurodégénératives, en particulier Alzheimer.

Cette méta analyse, publiée mi-août 2024 dans la revue Neurology, a passé en revue les données s’étalant sur 4 années de plus de 31 000 personnes âgées en moyenne de 72 ans et vivant dans 14 pays différents (Australie, Brésil, Chine, France, Allemagne, Grèce, Italie, Japon, Corée, Nigeria, République du Congo, Espagne, Suède et États-Unis).

Qu’ont pu constater les chercheurs qui ont récolté ces données ? Que les personnes souffrant d'hypertension artérielle non traitée présentaient “un risque 36 % plus élevé de développer la maladie d'Alzheimer par rapport aux personnes sans hypertension artérielle, et un risque 42 % plus élevé de développer la maladie d'Alzheimer par rapport aux personnes prenant des médicaments contre l'hypertension” indique Santé Log (média à destination des professionnels de santé) qui relaie l’étude.

Comment expliquer ce constat ?

On peut supposer que l’hypertension artérielle provoque une inflammation générale de l’organisme, cerveau compris, augmentant ainsi le risque de dégénérescence. Une étude* avait en effet mis en évidence dès 2020 un lien entre neuro-inflammation et Alzheimer.

" Les facteurs de risque vasculaire non contrôlés comme l’hypertension artérielle, l’hypercholestérolémie et le diabète ne provoquent pas nécessairement la maladie d’Alzheimer, mais ils accélèrent la pathologie d’Alzheimer et augmentent le risque", précise quant à lui Dr Richard Isaacson, directeur de recherche à l’Institut des maladies neurodégénératives de Boca Raton, en Floride, dans un article paru sur CNN.

Bonne nouvelle toutefois : les effets délétères de l'hypertension sur l'inflammation du cerveau se dissipent dès que l'on trouve un traitement adapté, et ce quel que soit son âge. "Cette relation n'est pas altérée par l'âge, ce qui indique que même les personnes de 70 et 80 ans présentent un risque significativement plus faible de maladie d'Alzheimer si l'hypertension est traitée", a déclaré l'auteur principal de la méta analyse, le Dr Matthew Lennon, chercheur au Centre pour le vieillissement sain du cerveau de l'Université de Nouvelle-Galles du Sud en Australie.

Hypertension artérielle : une pathologie multirisque

En France, l’Inserm estime que l’hypertension (une élévation trop importante de pression dans les artères) concerne un Français sur trois.

L’Assurance maladie rappelle que l’on diagnostique une hypertension artérielle quand on constate :

  • Une élévation de la pression artérielle systolique à 14 cmHg (140 mmHg) ou plus
  • Ou une élévation de la pression artérielle diastolique à 9 cmHg (90 mmHg) ou plus
  • Que ces mesures sont constatées à plusieurs reprises, lors de 3 consultations successives sur une période de 3 à 6 mois (en cas d’HTA très importante, le traitement est mis en place dans un délai plus court).

Insidieuse, car elle se développe sans provoquer de symptômes, l’hypertension artérielle est aussi parfois difficile à réguler. “20 % des personnes hypertendues ne prennent pas de traitement anti-hypertenseur et 50 % des personnes traitées le sont insuffisamment et gardent des chiffres de tension artérielle trop élevés,” déplore encore l’Assurance maladie.

Ce qui n’est pas sans conséquence. “En fait, l’hypertension artérielle non contrôlée est depuis longtemps liée à un risque beaucoup plus élevé de maladie rénale, d’accident vasculaire cérébral, de diabète de type 2 et de démence générale ainsi que de maladie cardiaque", remarque le Dr Richard Isaacson.

Un seuil référence à surveiller de près

Une autre étude, menée par une équipe de neurologues des Universités de Boston (BUSPH) et de Los Angeles (UCLA) et publiée le 10 juillet 2024 montre de son côté que d’abaisser la tension artérielle systolique sous le seuil de 120 mmHg pourrait nettement réduire le risque de démence et d’Alzheimer, plus particulièrement chez les populations ethniques. Partant du principe qu’aux “États-Unis, les troubles cognitifs et la démence sont plus fréquents chez les adultes noirs et latinos que chez les adultes blancs et asiatiques”, cette étude multiethnique sur l'athérosclérose parue dans la revue scientifique Alzheimer’s and Dementia a suivi presque 7000 américains âgés de 44 à 84 ans pendant 19 ans. “Le pourcentage de participants qui auraient besoin d’une intervention sur la pression artérielle pour atteindre les seuils cliniques est plus élevé dans les communautés noires et latinos”, conclut l’étude. Toutes les mesures visant à réduire la tension artérielle permettent d’éloigner le risque d’Alzheimer, le seuil de 120 mmHg semble avoir des effets positifs sur le populations ethniques, mais d’autres travaux doivent confirmer ces données.

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