Une étude à paraître dans le numéro de mars de la revue scientifique Environmental Research montre que les poissons que l’on pêche soi-même sont particulièrement toxiques. Pire : la consommation d’un seul poisson sauvage est équivalente à l’ingestion pendant un mois d’une eau contaminée. Les substances pointées du doigt sont les PFAS, des produits chimiques synthétiques qui contaminent les eaux souterraines, les eaux de surface et celles du sol. Ces composants ont été inventés dans les années 1940 et sont pensés pour résister à l’eau et à la chaleur. On les retrouve dans certaines poêles, dans le textile et dans les emballages alimentaires, entre autres.
Poissons contaminés : un niveau de PFAS très inquiétant
L’ingestion de PFAS est associée à plusieurs problèmes de santé, comme les lésions du foie, un trop fort taux de cholestérol, un abaissement des défenses immunitaires et plusieurs types de cancers. Les auteurs de l’étude à paraître dans Environmental Research ont analysé plus de 500 échantillons de poissons provenant de lacs et de rivières aux Etats-Unis entre 2013 et 2015. Le niveau médian de PFAS présents dans les poissons était de 9500 nanogrammes par kilogramme.
Par ailleurs, près de trois quarts des PFAS retrouvés étaient des PFOS, des perturbateurs endocriniens, mais aussi des polluants, inscrits à la Convention de Stockholm sur les polluants organiques persistants. Le niveau total de PFAS analysé sur les échantillons était 278 fois plus élevé que celui observé dans les poissons vendus dans le commerce. “Ces résultats me mettent vraiment en colère, car les entreprises responsables de la contamination de la planète aux PFAS n’ont jamais eu à répondre de leurs actes”, a réagi le scientifique de l’ONG Environmental Working Group David Andrews, l’un des auteurs de l’étude.
Les PFAS ne sont pas les seules substances toxiques qu’on retrouve dans le poisson. Les métaux lourds sont également présents en nombre dans leurs organismes. "La consommation de poisson constitue la principale source d’exposition alimentaire de l’Homme au méthylmercure", alerte même l’ANSM.
Mercure : attention aux poissons sauvages
Une étude révélée en 2013, avait démontré que la déforestation dans le monde aurait impliqué un déversement de 260 tonnes de mercures dans les lacs et les rivières. Les quantités de mercure présentes dans les 100 premiers mètres de profondeur des océans ont même doublé en 100 ans. Ce composé chimique est considéré par l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) comme l’un des 10 produits extrêmement préoccupants pour la santé publique.
"Si j’avais tendance à recommander les poissons sauvages dans l’alimentation pour leur teneur en oméga 3, je conseille désormais aux patients d’être prudents : ces derniers, contrairement aux poissons d’élevage, ont plus de risques d’être intoxiqués au mercure ", détaille auprès de Medisite Alexandra Retion, diététicienne nutritionniste. Elle rappelle qu'en "consommer en trop grande quantité peut être nocif pour les reins et le système digestif".
Découvrez les 5 poissons qui en contiennent le plus.
L’espadon
L’espadon est une source importante de protéines, de minéraux, de phosphore, de fer et de vitamines, mais c’est un poisson prédateur. Il ingère donc plus de métaux lourds.
Le marlin
Ce poisson est particulièrement utilisé dans les recettes japonaises, notamment pour sa chair crue. C’est également un prédateur.
Le thon
Le thon fait partie des poissons préférés des Français. On peut le cuisiner en salade, en rillettes, en sauce… Il est également riche en métaux lourds.
La daurade
Au four, en cerviche, au persil… La daurade est un poisson facile à cuisiner et très prisé en Hexagone. Pourtant, en consommer trop est dangereux.
La lamproie
On la trouve majoritairement dans l'Atlantique Nord en Méditerranée occidentale, et dans les Grands Lacs d’Amérique du Nord. Elle est riche en métaux lourds.
"Locally caught freshwater fish across the United States are likely a significant source of exposure to PFOS and other perfluorinated compounds", une étude à paraître dans le numéro de mars 2023 de la revue Environmental Research.
https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0013935122024926?via%3Dihub
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