L'adiposité (qui est différente de l’obésité) responsable de 40 % des cancers du sein selon une nouvelle étudeIstock
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Pourquoi a-t-on un cancer ? Derrière cette question, souvent un grand sentiment d'injustice, car beaucoup de cancers ont des causes inexpliquées. On sait que le tabagisme ou encore l’obésité augmentent le risque de certains cancers et que l’âge peut être un facteur déterminant. Mais qu’en est-il exactement pour le cancer du sein ?

Quels sont les causes et les facteurs favorisant le cancer du sein ?

5 % des cancers du sein sont liés à des prédispositions génétiques d’après la Fondation pour la recherche sur le cancer (ARC). Ce sont notamment les gènes BRCA1 et BRCA2 qui sont les facteurs les plus souvent impliqués dans les cancers héréditaires.

Pour les autres patientes, l’âge (les femmes sont plus susceptibles de déveloper un cancer du sein entre 50 et 74 ans), l’hygiène de vie ou encore les polluants (comme nous l’avons rapporté icil'Académie de chirurgie planche actuellement sur le rôle des perturbateurs endocriniens dans la survenue des cancers du sein, perturbateurs endocriniens fortement suspectés d’augmenter le risque de cancers du sein hormono-dépendants) sont, on le sait, des facteurs de risque de cancer. L’obésité en particulier, surtout chez les femmes ménopausées.

Quels sont les cancers liés à l'obésité ou au surpoids ?

Le cancer du sein fait ainsi partie des 16 types de cancers identifiés à ce jour comme étant liés à l’excès de poids : 10 % des cancers du sein post ménopause sont dus à un IMC (Indice de masse corporelle, défini par le poids en kilos divisé par la taille en centimètres au carré) supérieur à 30, sachant qu’entre 30 et 35 on parle d’obésité modérée, entre 35 et 40 d’obésité sévère au delà de 40, d’obésité morbide.

Pourquoi l'obésité favorise-t-elle le cancer du sein ?

L’obésité augmente le risque de cancer du sein mais aussi de métastases et rend les traitements moins efficaces. “L’obésité est associée à une augmentation du risque de cancers du sein (essentiellement chez les femmes ménopausées) et aggrave le pronostic de cette pathologie, qu’elle survienne avant ou après la ménopause”, explique aussi la Fondation pour le recherche médicale. Plus de risques d’avoir la maladie, des traitements moins efficaces mais aussi un risque accru de métastases. Si on ne connaît pas exactement les mécanismes qui mènent à ce constat, une étude allemande* pointe les précurseurs d'acides gras comme de potentiels accélérateurs de métastases.

L’IMC n’est pas suffisant pour mesurer l'association obésité-cancer du sein

Ce qui est nouveau avec cette étude espagnole, c’est que les chercheurs ont établi que l’IMC, habituellement mesure de référence, n'est pas forcément l’outil le plus pertinent pour établir les risques de cancer du sein chez les patientes obèses. Publiée dans le Journal of Epidemiology & Community Health fin octobre dernier, cette étude arrive à la conclusion qu’environ “40 % des cas de cancer du sein post ménopausique hormono-positif pourraient être liés à un excès de graisse corporelle.” et indique que ce chiffre est généralement sous-estimé à cause des biais liés à l’IMC, en particulier chez les femmes plus âgées et/ou ménopausées. D'autant que l'IMC ne tient pas compte de données substantielles comme le tour de taille ou le tissu adipeux. Dans tous les cas, on est loin des 10 % des cancers du sein induits par l’obésité, chiffre de référence dans la communauté scientifique à ce jour.

La perte de poids est-elle intéressante après le diagnostic de cancer du sein ?

Les chercheurs espagnols ont utilisé de leur côté une mesure affinée (CUN-BAE pour Clínica Universidad de Navarra–Body Adiposity Estimator) de la graisse corporelle, qui prend aussi en compte l’âge et le sexe (contairement à l’IMC). Avec cette échelle de calcul plus précise de la graisse corporelle (on parle aussi d'adiposité ou de tissus adipeux), couplée à des données sur le mode de vie et l'alimentation, les chercheurs établissent qu’un CUN-BAE de 45 % (qui correspond de fait à une situation d'obésité) ou plus est associé à un risque multiplié par deux de cancer du sein chez la femme ménopausée.

Quelles mesures de prévention mettre en place ?

L’incidence du poids sur le cancer du sein pousse aujourd’hui les médecins à conseiller aux patientes de perdre du poids une fois les traitements finis. Un excès de graisse corporelle perturbe l’efficacité des traitements et augmente le risque de métastases comme dit plus haut, mais aussi les récidives. Les femmes en situation d’obésité sont ainsi plus souvent touchées par un deuxième cancer. La mise en place de mesures hygiéno-diététique pour régler le problème de surpoids (activité physique, alimentation adaptée, limitation de la consommation d'alcool, etc.) et un accompagnement plus serrée des femmes ayant un profil à risque (IMC, tour de taille, âge et sexe...) sont des pistes à explorer.