Dans un article publié en octobre 2014, dans la revue scientifique Frontiers in Neurology, le professeur Christopher Exley (Université de Keele, Angleterre) préconise de limiter l’exposition des personnes à l’aluminium. Selon lui, l’intoxication à l’aluminium pourrait favoriser le développement de la maladie d’Alzheimer. Le chercheur dénonce le contact quotidien avec ce métal, présent dans les cosmétiques ou l’alimentation, et qui laisserait des dépôts dans le cerveau.

Le chercheur semble avoir consacré une bonne partie de sa carrière à étudier cette association, puisqu'il vient de publier un nouvel article, qui semble confirmer ses premières hypothèses. Cette dernière est parue le 13 janvier 2020, dans le Journal of Alzheimer' Disease.

Un lien entre l'aluminium et la protéine bêta-amyloïde

Le professeur et son équipe ont mis en évidence une quantité importante d'aluminium dans le cerveau de patients atteints de ce type de démence. Ils ont aussi constaté un degré élevé de colocalisation avec la protéine bêta-amyloïde, qui conduit à une apparition précoce de la maladie.

"Il s'agit de la deuxième étude confirmant une accumulation cérébrale significativement élevée dans la maladie d'Alzheimer familiale, mais c'est la première à démontrer une association sans équivoque entre la localisation de l'aluminium et celle du bêta-amyloïde", indique le Dr Exley. "Cela montre que l'aluminium et l'amyloïde bêta sont intimement liés dans cette neuropathologie".

Les malades enregistrent un niveau élevé d'aluminium dans le cerveau

Pour mieux comprendre cette relation, les scientifiques ont mesuré la quantité d'aluminium dans le tissu cérébral d'une cohorte de donneurs colombiens, atteints de la maladie d'Alzheimer familiale, qui partagent une mutation spécifique. Cette mutation entraîne des niveaux élevés de bêta-amyloïde, un début précoce de la maladie et une étiologie agressive de la maladie.

Les niveaux ont été comparés à ceux d'individus ne présentant pas de maladie neurologique, constituant un groupe témoin. Les chercheurs ont également étudié la relation entre l'aluminium et la protéine bêta-amyloïde, en utilisant la microscopie à fluorescence.

42 % des tissus présentent un taux d'aluminium pathologiquement significatif

Les résultats sont frappants. La teneur en aluminium du tissu cérébral des malades était globalement très élevée ; 42 % des tissus enregistraient un niveau considéré comme "pathologiquement significatif". Ces taux étaient également supérieurs à ceux du groupe témoin.

L'imagerie a permis d'identifier des dépôts d'aluminium dans tous les tissus étudiés. Ils étaient principalement localisés dans les plaques séniles et parfois dans le système vasculaire cérébral... Au même titre que la protéine bêta-amyloïde.

"Pas d'aluminium, pas d'Alzheimer"

Ces résultats suggèrent que les prédispositions génétiques connues pour augmenter le niveau de protéine bêta-amyloïde dans le tissu cérébral, prédisposent également les individus à accumuler et à retenir l'aluminium dans ces tissus.

"On peut supposer que l'augmentation de la protéine bêta-amyloïde dans le tissu cérébral est une réponse aux niveaux élevés d'aluminium, ou bien que l'aluminium favorise l'accumulation de bêta-amyloïde", souligne le Dr Exley.

"Quoi qu'il en soit, ces nouveaux travaux confirment ma certitude qu'au cours d'une existence humaine normale, il n'y aurait pas de maladie d'Alzheimer s'il n'y avait pas d'aluminium dans le tissu cérébral. Pas d'aluminium, pas d'Alzheimer", conclut l'expert.

L’excès d’aluminium accélère les effets de la maladie

Dans l'étude de 2014, le Pr Exley écrivait : "la présence d’aluminium dans le cerveau devrait déjà nous mettre en garde contre ses répercussions avec l’âge". Si le corps élimine naturellement l’excès d’aluminium, des quantités restent tout de même dans les nerfs, le cerveau, les os, le foie, le cœur, la rate ou encore les muscles.

Dans le cerveau, l’aluminium s’accumule jusqu’à ce qu’il atteigne un seuil de toxicité auquel les neurones ne peuvent plus faire face. Dans ce cas, la présence d’aluminium peut accélérer une maladie dégénérative comme Alzheimer.

Christopher Exley rappelait également une affaire de 1988, sur le déversement de 20 tonnes de sulfate d'aluminium dans les eaux de Camelford. La militante Carole Croix est alors décédée d’une forme particulièrement agressive de la maladie d’Alzheimer à 59 ans. On avait retrouvé dans son cerveau un niveau très élevé d’aluminium, contenue dans de l’eau contaminée.

Sources

Aluminum and Amyloid-β in Familial Alzheimer’s Disease, Journal of Alzheimer' Disease, 13 janvier 2020. 

Aluminium and its likely contribution to Alzheimer’s disease, Keele University, 13 octobre 2014. 

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