Les maladies chroniques telles que la polyarthrite rhumatoïde, les cancers, la maladie de Crohn, ou l’asthme nécessitent la prise régulière de corticoïdes. Ces maladies induisent une inflammation et ces traitements permettent de la corriger. Cependant, en pharmacologie il n’y a pas de bénéfices sans effets secondaires. Plusieurs idées reçues existent et elles ne sont pas toutes scientifiquement fondées.
Les corticoïdes sont des dérivés synthétiques de la cortisone, une hormone produite par nos glandes surrénales. Elle fait partie des hormones de stress que notre corps sécrète. En cas de stress aigu, l'organisme a besoin d'énergie. Il va donc augmenter sa production de cortisol.
La prise de poids n'est pas systématique
Mais cette hormone est connue pour stimuler l'appétit et favoriser l'accumulation des graisses, ainsi que leur stockage au niveau de l'abdomen. Les patients prenant des corticoïdes au long cours peuvent donc présenter une modification de leur silhouette et un arrondissement du visage. Mais selon les médecins cette prise de poids n’est que provisoire.
De nombreuses questions se posent autour de ces traitements. Voici un diaporama de réponses et solutions des médecins du Centre hospitalier de Montpellier dans un livret d’information à destination des patients.
Vais-je avoir de l’ostéoporose ?
Le traitement au long cours et à de fortes doses peut favoriser l’apparition d’ostéoporose, notamment chez les personnes ayant des facteurs de risque comme les femmes, l’âge avancé, un indice de masse corporelle < 19 kg/m², le tabagisme, des antécédents familiaux de fractures dues à l’ostéoporose, et la ménopause précoce.
L’inflammation présente dans certaines maladies rhumatismales peut également la favoriser. Cette “décalcification” osseuse sous corticoïdes débute rapidement dès le 1er mois après avoir démarré le traitement. Il est donc important de réaliser une évaluation de votre risque de fracture. Une densitométrie osseuse est recommandée en cas de corticothérapie prolongée.
La meilleure prévention de la perte osseuse réside dans l’alimentation, en favorisant des apports alimentaires riches en calcium et vitamine D ainsi que dans la pratique d’une activité physique régulière. Les traitements oraux par calcium ne sont pas systématiques, et sont utiles uniquement lorsque les apports alimentaires de calcium sont insuffisants pour couvrir les besoins quotidiens
A noter que les traitements oraux par calcium peuvent être mal tolérés sur le plan digestif et favoriser des diarrhées, particulièrement chez les patients atteints de maladies inflammatoires chroniques de l’intestin comme la maladie de Crohn.
Si cela vous arrive, signalez-le à votre médecin pour trouver une solution. Le dosage de la vitamine D est recommandé et une supplémentation orale est souvent nécessaire pour atteindre un taux de vitamine D sanguin suffisant, en pratique une ampoule de vitamine D est souvent proposée tous les 3 mois.
Dois-je forcément suivre un régime sans sel ?
"Un régime strict sans sel a longtemps été recommandé durant le traitement, sans preuve formelle. Aucun régime alimentaire durant le traitement n'a officiellement fait ses preuves. Une étude avait même évalué que les conseils émis par les médecins prescrivant les corticoïdes dépendent de leur expérience et des retours des patients.Ce régime ne serait justifié qu'en cas de pathologie le nécessitant, comme une insuffisance cardiaque majeure par exemple", explique le Dr Charlotte Tourmente, journaliste et médecin pour le média Allo Docteur.
Vais-je prendre du poids ?
Non, pas forcément. Bien que ce soit un effet indésirable fréquent, la prise de poids n’est pas systématique sous corticoïdes. Les comprimés ne contiennent pas de calories, mais ils peuvent modifier vos sensations de faim et/ou de satiété. En vue de prévenir la prise de poids, il est important de suivre les conseils alimentaires, de conserver une activité physique régulière, de veiller à ne pas vous forcer à manger si vous n’avez pas faim par exemple, et à ne pas vous forcer à finir votre assiette.
Il faut également éviter le grignotage entre les repas très fréquent sous corticoïdes. Si vous observez que vous prenez du poids, votre médecin peut vous conseiller et demander un avis diététique.
Enfin, il n’est pas utile de se peser quotidiennement, vous pouvez vous peser de temps en temps en consultation avec le médecin et être attentif aux changements de taille de vêtements par exemple.
Vais-je avoir du diabète ?
Le traitement ne donne pas en soi de diabète, mais peut favoriser sa survenue chez des personnes plus à risque, ou déséquilibrer un diabète préexistant. Si vous présentez des facteurs de risque de développer un diabète, votre médecin vous prescrira une prise de sang régulière pour surveiller la glycémie à jeun.
Vais-je avoir plus d’infections ?
Oui, c’est possible. Etant donné que les corticoïdes diminuent les défenses immunitaires, les infections peuvent être un peu plus fréquentes. Aussi, il est important de consulter dès l’apparition de fièvre, ou de symptômes inhabituels.
Ce traitement peut-il changer mon humeur ?
Oui, c’est possible. Certains patients décrivent en effet une irritabilité sous corticothérapie, des troubles du sommeil par exemple, mais ceci n’est pas systématique et est régressif avec la diminution des posologies.
L’activité physique peut également être un moyen d’évacuer l’irritabilité. En cas de trouble plus sévère, ou de symptômes qui perdurent dans le temps, parlez-en à votre médecin.
Puis-je faire des vaccins ?
Oui, c’est même conseillé. Les vaccins dits inactivés ou recombinants, ne posent aucun problème (Diphtérie Tétanos Polio, coqueluche, méningocoque, grippe, hépatites A et B, pneumocoque, fièvre typhoïde, papillomavirus, Haemophilus). Il est d’ailleurs recommandé que les personnes qui prennent des corticoïdes sur de longues durées soient vaccinées spécifiquement contre la grippe saisonnière et le pneumocoque.
Par contre, certains vaccins sont contre-indiqués en cas de corticothérapie au-delà de 10mg/jour ou dans les 3 mois suivants de fortes doses de corticoïdes sous perfusions. C’est le cas des vaccins vivants atténués (fièvre jaune, ROR, tuberculose, varicelle, rotavirus). Il est préférable d’attendre plusieurs semaines après l’arrêt du traitement avant de réaliser ces vaccins.
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