Cancer de la prostate : “Le toucher rectal peut vous sauver la vie !”

En janvier 2021 la vie d’Hervé bascule. Après un rendez-vous chez une urologue, cette dernière lui annonce qu’il a un cancer de la prostate. "Ça faisait 10 ans que je sentais qu’il y avait un souci. J’avais des problèmes d’éjaculation et j’allais très souvent aux toilettes, mais je me suis habitué au problème…” témoigne le cinquantenaire. Aujourd’hui, il souhaite prendre la parole sur ce cancer masculin afin de lever les nombreux tabous qu’il suscite. Rencontre avec un homme touchant, d’une grande sincérité.

Cancer de la prostate : un ganglion à l’origine du diagnostic

Il y a un an environ, Hervé souffre de mal de dos. Il pense d’abord à une hernie discale et prend rendez-vous pour un scanner. Lorsqu’il arrive à la consultation, il prévient le médecin qu’il a une boule au niveau du cou. “Le médecin a décidé de me faire un scanner en urgence car il m’a tout de suite averti qu’avoir un ganglion ce n’était jamais bon signe. J’ai commencé à avoir peur” nous confie Hervé. Quand les résultats tombent, la vie d’Hervé s’écroule : “j’ai des métastases lombaires”. Rapidement, son médecin l’oriente vers un urologue car, selon lui, cela pourrait venir de la prostate.

Une consultation chez l’urologue gravée à jamais

“L’urologue m’a annoncé officiellement que j’avais un cancer de la prostate”

Quelques semaines après son scanner, Hervé se rend chez l’urologue avec sa sœur. Une consultation qui restera à jamais gravée dans sa mémoire. “Elle a rapidement demandé à ma sœur de sortir de la salle afin de m’examiner mais je n’ai compris tout de suite qu’il fallait que je me déshabille entièrement… Au moment du toucher rectal, j’étais comme absent et j’ai eu très mal. C’était très humiliant car elle n’a fait preuve d’aucune compassion. Elle m’a ensuite dit que mon cancer ne se guérissait pas et qu’il fallait que je fasse une biopsie. Elle a appelé un collègue pour savoir lequel d'entre eux me ferait cet examen, c’était comme si je n’existais pas…" témoigne encore ému Hervé. “Elle ne m’a rien expliqué et allait me laisser partir comme ça… Heureusement que ma soeur était revenue pour me dire de lui demander un traitement contre la douleur.” Une première expérience traumatisante pour le cinquantenaire qui depuis n’a pas revu d’urologue.

La castration chimique pour ralentir la progression du cancer

Hervé commence rapidement son traitement. Des rayons qui lui ont permis de soulager ses douleurs et d’arrêter la morphine. Une étape difficile car il était devenu dépendant : “j’ai ressentis des sueurs froides, des maux de ventre et des diarrhées quand j’ai arrêté la morphine. Heureusement que les rayons ont atténué les douleurs” se souvient Hervé. La seconde partie du traitement consiste à réaliser une castration chimique : “c’est le seul moyen de ralentir la progression du cancer de la prostate. Malheureusement, il y a de nombreux effets secondaires : plus de libido, réduction de la taille du pénis, bouffées de chaleur… On subit beaucoup de désagréments” explique Hervé.

Acceptation de la maladie : des étapes difficiles

“Je pensais que ma vie était finie”

A l’annonce de son cancer Hervé décide de vendre quasiment tous ses biens : “je pensais que ma vie était finie… C’était morbide” avoue le cinquantenaire. “J’ai eu un déclic quand j’ai dit au propriétaire de mon appartement que j’allais mourir d’un cancer et qu’il m’a répondu “non, pas tout de suite”. Ca paraît bête mais il avait raison, je n’étais pas encore mort !” Dès le lendemain, Hervé reprend ses habitudes. Lui qui adore le vélo enfourche de nouveau son deux-roues et pédale pendant plusieurs heures en écoutant de la musique : “c’était le début de la reconquête de mon corps” avoue-t-il. Il reconnaît qu’il n’en est qu’au début du parcours et oscille encore entre moments de bonheur et peur de l’avenir : “la phrase de l’urologue résonne encore dans ma tête. Elle m’a donné un pronostic vital de 10 ans maximum. Parfois, je me dis que c’est mieux que rien et parfois je me dis que ça va passer vite…”

Cancer de la prostate : l’importance du dépistage

“Il faut lever les tabous sur le toucher rectal”

Hervé souhaite aujourd'hui alerter tous les hommes sur le dépistage du cancer de la prostate : “oui, c’est vrai, le toucher rectal ce n’est pas agréable mais on peut sauver des gens. Si le cancer est pris à temps, on peut en guérir. Il faut arrêter avec les tabous autour de la prostate. Le toucher rectal peut vous sauver la vie !” insiste-t-il. “Faut pas jouer avec sa santé” conclut Hervé.

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