Comment contrôler notre cerveau en pleine dispute et retrouver notre calme ?

Les disputes sont des événements courants dans les relations de couple, et il est parfois difficile de comprendre ce qui se passe dans notre tête à ce moment-là. Pourtant, les mécanismes qui se déclenchent lors de ces confrontations sont essentiels pour comprendre comment mieux y réagir. Ce phénomène a été largement étudié par les neurosciences et la psychologie, fournissant des réponses sur les processus émotionnels en jeu.

Est-ce normal de se disputer au sein de son couple ?

Les disputes de couple sont fréquentes et peuvent se produire pour diverses raisons, allant de malentendus quotidiens à des désaccords profonds. Une étude menée par le chercheur américain John Gottman, spécialiste des relations de couple, indique que les couples heureux ne se disputent pas moins que les autres, mais ils gèrent mieux leurs conflits. Selon lui, 69 % des conflits au sein des couples sont insolubles. Cela signifie que ces désaccords récurrents sont souvent liés à des différences profondes, ce qui n'empêche pas les couples de maintenir une bonne relation.

En France, une enquête menée par l'Institut Français d'Opinion Publique (IFOP) en 2020 montre que 52 % des couples déclarent se disputer au moins une fois par mois, et 10 % d’entre eux affirment se disputer tous les jours. Parmi les sujets les plus fréquents de conflits : les tâches ménagères, l'argent, l’éducation des enfants, et le manque d'attention.

Ce qui se passe dans notre tête pendant une dispute

Lors d'une dispute, notre cerveau réagit en mode survie. En effet, des mécanismes profonds et automatiques sont activés, souvent liés à des expériences passées. Comme l'explique Maureen Mellet dans son livre “Quand le couple répare” (éd. Solar), « Nous possédons en nous de nombreuses facettes, qui de temps à autre prennent les commandes du bateau qu'est notre corps ». Ces facettes correspondent à des parties de nous-mêmes, souvent héritées de notre enfance, qui prennent le dessus lorsque nous nous sentons en danger émotionnel.

Lors d'une dispute, ces facettes émergent pour exprimer des besoins ou des insécurités non satisfaits. Maureen Mellet décrit ainsi un exemple de dispute banale avec son conjoint Paul au sujet d'un oubli de beurre salé. Ce qui semble anodin, comme l'oubli d'un produit, réveille en réalité des blessures profondes, notamment des sentiments de rejet ou d'incompétence, accumulés depuis l'enfance. Elle écrit : « Mon cerveau limbique me reconnecte à de vieux souvenirs, ceux dans lesquels je n'étais pas une enfant importante et où les besoins n'étaient pas pris en considération. »

« Nous sommes inondés d'hormones de combat et il nous faut généralement 20 minutes au minimum loin de notre zone d'activation de colère pour redescendre »

D'un point de vue scientifique, le cerveau limbique, souvent appelé le "cerveau émotionnel", est responsable des émotions, et notamment de la peur, de la colère ou de la tristesse. Il est associé à l'amygdale, qui active une réponse de combat ou de fuite lorsqu'elle perçoit un danger. Dans une dispute, ce mécanisme est souvent déclenché par des mots ou des attitudes perçus comme des menaces à notre bien-être émotionnel.

Maureen Mellet poursuit en expliquant que cette activation entraîne une cascade hormonale, inondant le corps d'adrénaline et de cortisol, des hormones du stress. « Nous sommes inondés d'hormones de combat et il nous faut généralement 20 minutes au minimum loin de notre zone d'activation de colère pour redescendre », souligne-t-elle. Pendant ce temps, le néocortex, la partie du cerveau responsable de la réflexion et de la prise de décision, devient moins actif, rendant tout échange rationnel presque impossible.