Pesticides : 50% des fruits et légumes contaminés selon UFC Que Choisir

Les fruits et légumes issus de l’agriculture intensive n’abritent pas uniquement des vitamines et des antioxydants. Une étude de l’UFC Que Choisir publiée le 24 mars 2022 révèle que plus de la moitié des végétaux testés seraient contaminés par des pesticides soupçonnés d'être cancérogènes, toxiques pour la reproduction ou l’ADN ou des perturbateurs endocriniens.

Pomme, cerise : les aliments les plus contaminés par les pesticides

Pour cette recherche, l’UFC Que Choisir a étudié les analyses officielles de 14 000 échantillons de produits bio et conventionnels. Environ 150 substances suspectées d’être cancérogènes, mutagènes, reprotoxiques ou perturbateurs endocriniens.

L’équipe a découvert que 51% des fruits et légumes contrôlés présentaient des traces d’au moins un pesticide. 30% des contrôles révélaient au moins deux produits à risque. "Loin de ne concerner que des traces infinitésimales non quantifiables, dans près d’un cas sur deux (43 %), les autorités ont été en capacité de mesurer les doses de ces substances", déplore l’organisation de défense des consommateurs dans son communiqué.

L’exposition aux pesticides n’est pas la même selon les variétés. "On retrouve par exemple dans plus d’un quart des pomélos analysés (27,4 %), du pyriproxyfène, fortement suspecté d’être un perturbateur endocrinien et d’avoir contribué à des malformations de la tête et du cerveau observées au Brésil", ajoute l’UFC Que Choisir.

"Parmi les aliments les plus contaminés, on trouve les pommes (80 % des échantillons) où l’on détecte fréquemment du fludioxonil (48 % des échantillons), un fongicide suspecté d’être un perturbateur endocrinien, ou encore la quasi-totalité des cerises (92 % des échantillons) notamment contaminées en phosmet (47 % des échantillons), un insecticide suspecté par l’Autorité Européenne de Sécurité des Aliments (Aesa) d’être toxique pour la fonction reproductrice", précise-t-elle.

Parmi les autres aliments très contaminés, on peut citer :

• le céleri : (91,2% des échantillons contaminés) ;
• le pamplemousse : (90,6%) ;
• les pêches/nectarines : (89,7%).

Les aliments bio sont moins contaminés

Les résultats des analyses effectuées sur les fruits et légumes issus de l’agriculture écologique sont plus rassurants. Ils sont en effet beaucoup moins contaminés par les substances chimiques. "Par rapport à leurs équivalents de l’agriculture intensive, on relève pratiquement six fois moins d’échantillons de tomates bio contaminées par des pesticides à risques (1 échantillon sur 10 en bio contre près de 6 sur 10 en conventionnel), sept fois moins pour les haricots verts bio et huit fois moins pour les pommes", explique le communiqué. "Dans les rares cas, où le bio est contaminé, les teneurs relevées en pesticides à risque sont également beaucoup plus faibles qu’en conventionnel. Elles ne sont quantifiables que pour 8% des échantillons, dans tous les autres cas les substances étant généralement absentes ou présentes à l’état de traces non quantifiables".

Au terme de cette étude, l’UFC-Que Choisir réclame un renforcement du cadre réglementaire national et européen, notamment une "remise à plat des procédures d’autorisation et notamment l’élaboration de méthodologies officielles pour mieux identifier les composés cancérogènes, mutagènes, reprotoxiques ou les perturbateurs endocriniens, ainsi que les effets en mélange de substances" et une interdiction de commercialisation et d’utilisation des molécules les plus à risque.

Pesticides : comment s'en débarrasser ?

Rincer ses fruits à l'eau ne suffit pas. "Les pesticides ne sont pas lessivables à l'eau, sinon les agriculteurs devraient traiter leurs cultures tous les jours après chaque arrosage ou chaque pluie", précise François Veillerette, directeur de l'association Générations futures, à Madame Figaro. Selon une étude publiée dans le Journal of Agricultural and Food Chemistry en octobre 2020, le meilleur moyen de retirer des pesticides des fruits et légumes serait d'utiliser du bicarbonate de soude. L'étude recommande en effet de tremper ses fruits et légumes dans l'équivalent de deux verres d'eau mélangés à deux cuillères à café de bicarbonate de soude. Dans sa chronique sur RTL, Michel Cymes recommande notamment de blanchir les fruits et les légumes en les plongeant dans de l’eau bouillante pendant une minute, puis de les rincer à l’eau froide. Concernant le vinaigre blanc, s'il est efficace contre les bactéries, aucune étude ne confirme son efficacité contre les pesticides. Reste l'alternative de l'épluchage des fruits et légumes, pour à nouveau les laver, qui a le grand inconvénient de faire perdre une partie des nutriments contenus dans la peau des fruits et des légumes.

Pour rappel, les pesticides peuvent avoir de nombreux effets néfastes sur votre santé. Dans une étude publiée le 15 mars 2021, des chercheurs suggèrent que l'exposition aux pesticides favoriserait la survenue de cancers du sein chez les femmes ménopausées, en surpoids ou obèses. Comme le rapporte l'Inserm, "actuellement en Europe, certains pesticides utilisés en grande quantité dans l'agriculture sont suspectés d’effets délétères sur la santé humaine reproductive, et pourraient avoir un rôle notamment dans la survenue de cancers du sein". "Grâce à une base de données de contamination des aliments selon leur mode de production, les chercheurs ont mesuré l'exposition à 25 substances actives entrant dans la composition de pesticides autorisés en Europe, incluant ceux utilisés en agriculture biologique", explique l'Inserm. Les chercheurs d’une équipe mixte INRAE, Inserm, Cnam et Université Sorbonne Paris Nord assurent qu'il pourrait y avoir un lien entre l'exposition aux pesticides via l'alimentation et l'apparition de cancers du sein chez les femmes ménopausées.