Fuite d'azote mortelle : quels sont les bénéfices et les risques de la cryothérapie ? Istock
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Un drame impensable, mais pourtant évitable. Ce lundi 14 avril au soir, une employée d’une salle de sport du XIè arrondissement de Paris est décédée sur son lieu de travail. Âgée de 29 ans, elle a été victime d’une anoxie (diminution de la quantité d’oxygène dans le sang) à cause d’une fuite d’azote. Une autre femme de 34 ans, habituée de la salle de sport, est également en situation d’urgence absolue, pour les mêmes raisons.

Selon des sources policières, relayées par Le Parisien, la fuite proviendrait des cuves de récupération en cryothérapie. Il est possible qu’elle fasse suite à des travaux effectués ce lundi, mais l’enquête est toujours en cours ce mardi. Les deux femmes ont été victimes d’un arrêt cardiorespiratoire lors d’une séance de cette thérapie un peu particulière.

La cryothérapie, une technique largement utilisée, à raison ?

Mais qu’est-ce que la cryothérapie ? Cette thérapie par le froid consiste à s’installer quelques minutes dans une chambre ou une cabine, où la température est drastiquement abaissée. Elle descend parfois jusqu'à -110 C ° ! Pour ce faire, deux solutions : soit une baignoire d’eau glacée, soit de l’azote. Il existe la cryothérapie du corps entier, ou partielle (sans la tête).

Cette technique était utilisée au départ par les grands sportifs, dans le but de prévenir ou traiter les douleurs musculaires après l’exercice et aider à la récupération. Elle est désormais utilisée par le grand public, devenant l’une des nouvelles tendances dans les salles de sport et les salons d'esthétique !

Mais que vaut-elle vraiment ? Aujourd'hui proposée pour soulager l’inflammation et réduire certaines douleurs, elle est décrite comme utile dans le cadre de plusieurs pathologies. Parmi elles, on peut citer :

  • les maladies inflammatoires comme la spondylarthrite ankylosante
  • les maladies neurologiques comme la sclérose en plaque
  • les maladies de peau comme le psoriasis ou la névrodermite
  • les troubles anxieux et dépressifs
  • l’asthme

Mais ce n’est pas tout ! La cryothérapie du corps entier est aussi utilisée pour des supposées vertus bien-être : elle améliorerait le sommei l et aiderait à “se sentir bien”. De même, certains prônent ses effets esthétiques, pour un beau grain de peau ou même pour la perte de poids.

Les preuves de son efficacité manquent encore

La réalité ? Ce n’est pas parce que cette technique est utilisée qu’elle est efficace. Pour commencer, la cryothérapie telle qu'elle est menée dans les salles de sport ne relève pas d’un acte médical avéré (et n’est d’ailleurs pas remboursée par la Sécurité Sociale). Ses bienfaits semblent, pour le moment, être plus supposés que vérifiés.

En effet, en 2019, l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) publiait un rapport sur la cryothérapie. Selon ses auteurs, les études effectuées sur cette technique manquent d’une méthodologie sérieuse, et les effets positifs, lorsqu'ils sont énoncés, sont très limités.

La thérapie par le froid s'avère pourtant utile pour certains aspects de la santé. Elle permet par exemple de retirer les verrues. Cette thérapie est aussi validée par les médecins pour retirer certaines tumeurs de moins de trois centimètres. Pour ce faire, une aiguille est insérée directement les cellules concernées, pour les refroidir. Mais attention ! Ces acte médicaux n’ont rien à voir avec les cabines bien-être que l’on trouve dans les salles de sport.

Des risques avérés pour la santé

À l’inverse, les preuves des dangers des cabines de cryothérapie sont bien réelles ! Les cas d’anoxie survenus hier à Paris restent exceptionnels mais existent. Ils résultent d’une fuite d’azote, gaz indolore, incolore et insipide. Lorsque celui-ci se déverse en trop grande quantité dans l’air, il remplace l’oxygène : les victimes ne se rendent compte de rien jusqu'à perdre connaissance. Pour éviter ces drames, il est important de contrôler la teneur en oxygène d’une salle accueillant de la cryothérapie, et de bien ventiler pour pallier un potentiel déficit d’oxygène.

Mais l'anoxie à l’azote est loin d’être le seul risque lié à la cryothérapie. Cette technique est d’ailleurs contre-indiquée aux personnes cardiaques, souffrant d'hypertension ou enceintes. Plusieurs études et témoignages relaient des effets secondaires observés, qui comprennent :

  • des brûlures de la peau, au premier ou second degré, qui peuvent avoir des conséquences très graves
  • des maux de têtes
  • l’accentuation de douleurs présentes
  • de l’urticaire chronique au froid
  • des panniculites au froid
  • des intolérances digestives
  • des ictus amnésiques