Avec le vieillissement global de la population, la prise en charge du déclin cognitif va devenir un des enjeux sanitaires brûlants de ces prochaines décennies.
Le défi est immense : l’Organisation mondiale de la Santé prévoit une augmentation exponentielle des cas de démence d’ici 2050 (avec 139 millions de personnes qui devraient en être atteintes à cet horizon).
La communauté scientifique rivalise d’études pour faire avancer les connaissances sur ce sujet complexe. Mais la recherche se heurte à un obstacle majeur : l’absence de remède contre la démence.
Il n’existe aucun traitement curatif à même de soigner la maladie d’Alzheimer, qui représente la principale cause de démence.
À défaut de pouvoir inverser le processus irréversible du déclin cognitif, les scientifiques espèrent a minima pouvoir la juguler, en se concentrant sur la prévention. L’objectif : ralentir l’apparition des symptômes et retarder l’apparition de cette pathologie qui grignote de manière irréversible les capacités mnésiques, exécutives et cognitives.
Prévenir la maladie d’Alzheimer, à défaut de pouvoir la guérir
Parmi les pistes qui piquent l’intérêt des chercheurs : l’impact du mode de vie, et précisément de ses facteurs de risque modifiables, sur l’apparition et l'évolution des symptômes de la maladie d’Alzheimer. Ou dit autrement : les habitudes de vie saines peuvent-elles avoir un effet protecteur contre la maladie, même chez les personnes présentant un facteur de risque de développer la maladie ?
Il existe un faisceau de preuves scientifiques attestant des bienfaits de l’exercice physique, des activités intellectuellement stimulantes ou encore d'une alimentation équilibrée sur la prévention du déclin cognitif. Les résultats d’une nouvelle étude de chercheurs français confirment cette association positive.
Les scientifiques de l’Inserm et de l’université de Bordeaux au sein du Bordeaux Population Health Research center vont même plus loin : chez les personnes présentant une prédisposition génétique à la maladie, adopter un mode de vie sain pourrait retarder l’apparition de la maladie d’Alzheimer et ralentir ses symptômes.
Les chercheurs français ont suivi 5170 participants de plus de 65 ans pendant 17 ans. Au début du suivi, aucun n’avait un diagnostic de démence. Comme ils l’expliquent dans un communiqué, les scientifiques ont étudié à la fois l’incidence de la maladie, ainsi que l’évolution des performances cognitives des participants. Pour évaluer l’impact du mode de vie sur la démence, les chercheurs se sont basés sur un score de risque appelé LIfestyle for BRAin health score (LIBRA), qu’ils ont attribué à chacun des participants. Le LIBRA compile différents paramètres liés au mode de vie (mauvaise alimentation, inactivité physique, la faible implication dans des activités cognitives stimulantes, consommation d’alcool élevée et tabagisme), ainsi que des marqueurs cardio-métaboliques (antécédents de maladie cardiaque, diabète, taux de cholestérol élevé, obésité et hypertension), le dysfonctionnement rénal ou encore la dépression. Le risque génétique de développer la maladie d’Alzheimer (susceptibilité génétique) a été évalué en parallèle. Toutes ces données ont servi à des analyses statistiques visant à déterminer si le facteur de risque génétique pouvait influer sur le score LIBRA (et donc le mode de vie) et le risque de développer une démence. Verdict : plus une personne a un score LIBRA élevé, et donc présente un ensemble de facteurs de risque pour la santé, plus le risque de développer la maladie d’Alzheimer s’accroît, quelles que soient ses prédispositions génétiques. Dès lors, embrasser des habitudes de vie bénéfiques pourrait être une clé pour retarder la maladie, même chez les personnes les plus vulnérables, c'est-à-dire présentant un risque génétique élevé de la maladie d’Alzheimer. "Encourager ces personnes à modifier certains de leurs comportements, agir sur des facteurs de risque modifiables, est susceptible d’apporter des bénéfices significatifs pour réduire le vieillissement cognitif et retarder les symptômes de la maladie d’Alzheimer", résume Cécilia Samieri, directrice de recherche Inserm et dernière auteure de l’étude. Les travaux sont parus dans la revue Alzheimer's and dementia.Susceptibilité génétique et évaluation du mode de vie
Démence : le mode de vie, plus fort que la génétique ?
https://presse.inserm.fr/un-meilleur-mode-de-vie-est-associe-a-un-moindre-risque-de-maladie-dalzheimer-quelle-que-soit-sa-predisposition-genetique/68513/
https://alz-journals.onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1002/alz.13801
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